Sébastien Castellion

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Humaniste, bibliste et théologien protestant français, Sébastien Châteillon, latinisé Castalio puis devenu Castellion, est né en 1515 à Saint-Martin-du-Frêne, village proche de Nantua dans l'Ain. Il est possible que sa famille soit d'origine vaudoise. Les disciples de Valdes de Lyon s'étaient réfugiés au XIIIe siècle dans cette région du Bugey.

En 1535 Castellion fait ses études au collège de la Trinité à Lyon, ou il acquiert les outils intellectuels de l'humanisme. À cette époque, il découvre l'Institution Chrétienne de Jean Calvin et adhère aux idées de la Réforme.

Sebastian Castellio
Sebastian Castellio

En 1540, on le retrouve à Strasbourg, ou il loge quelque temps chez Calvin provisoirement banni de Genève. À son retour dans la cité lémanique, Calvin fait appel à Castellion pour diriger le Collège de Rive, qui vient d'être créé. Castellion se distingue par ses innovations pédagogiques - on lui doit des Dialogues Sacrés qui feront le tour de l'Europe. Vers 1544 se font jour des divergences théologiques qui empêcheront Castellion d'accéder au ministère pastoral.

Elles portent sur des points en apparence mineurs ( statut canonique du Cantique des Cantiques, interprétation du Symbole des Apôtres) - qui posent en réalité le problème du droit à l'opinion personnelle en matière de foi dans le nouveau régime de l'Église.

Castellion choisit de quitter Genève pour Bâle ou, après avoir travaillé comme prote chez un imprimeur, il deviendra professeur de grec à l'université.

Le 27 octobre 1553 Michel Servet est jugé et brûlé à Genève pour hérésie antitrinitaire. Ce drame va consommer la rupture avec Calvin. L'année suivante paraît un ouvrage d'un certain Martin Bellie (qui n'est autre que Castellion), le Traité des Hérétiques. C'est le début d'une longue polémique sur la tolérance qui va très vite s'envenimer.

"Tuer un homme ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme. Quand les Genevois ont fait périr Servet, ils ne défendaient pas une doctrine, ils tuaient un être humain: on ne prouve pas sa foi en brûlant un homme mais en se faisant brûler pour elle" écrit-il.

En 1560 s'allume la première des huit vagues successives de guerre religieuse en France. Castellion publie un petit ouvrage, Conseil à la France Désolée qui, avec trente ans d'avance, annonce la solution politique de l'Edit de Nantes, à savoir deux religions pour un royaume. Il meurt en 1563 à Bâle dans l'indifférence générale; seul Montaigne lui rendra hommage dans ses Essais.

Son inlassable dénonciation du fanatisme au nom de la liberté de conscience situe Castellion à l'aile gauche de la Réforme. Il ouvre a voie à Pierre Bayle (1647-1706) qui lui consacre une longue notice dans son Dictionnaire Historique et Critique, à Rabaut Saint-Étienne (1743-1793) qui introduit la liberté de conscience dans la Déclaration des Droits de l'Homme et à Ferdinand Buisson (1841-1932) l'un des pères de la laîcité à la française. Mais son influence est également sensible aux Pays Bas, chez les Remontrants du XVIIe siècle, et surtout dans le monde anglosaxon, via Locke et Milton, ou la notion fondamentale de liberté religieuse lui doit beaucoup.

Sébastien Castellion est également connu pour ses travaux bibliques qui font de lui l'un des fondateurs de la critique moderne. Sa Bible latine parue en 1551 restera une référence dans le monde savant jusqu'au XIXe siècle et sa traduction française (1555) vient d'être rééditée pour la première fois en 2005. Dans le domaine philosophique, il fut un précurseur des grands rationalistes classiques, tels que Spinoza et Descartes.

[modifier] Bibliographie

Sébastien Castellion, La Genèse (1555), édité, introduit et annoté par Jacques Chaurand, Nicole Geunier, Carine Skupien Dekens, avec la collaboration de Max Engammare, Coll. Textes littéraires français, 553, Genève, Librairie Droz, 2003, 323p.

Sébastien Castellion, Les livres de Salomon : Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des cantiques (1555), édités, introduits et annotés par Nicole Geunier et Max Engammare, Coll. Textes littéraires français, 595, Genève, Librairie Droz, 2008, 334p.

Stefan Zweig, après avoir terminé "Marie Stuart" décide d'entreprendre un "Castellion", portrait d'un autre Erasme, aux prises, lui, avec Calvin. La figure de l'humaniste, qui lutte contre le fanatisme de son temps pour garder sa liberté de penser et d'agir, continue de le hanter.. in "Stefan Zweig" de Dominique Bona.