Roger de Lauria

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Roger de Lauria
Roger de Lauria

Roger de Llúria, ou de Lauria, dit le « Grand Capitaine » (1245-1305), est un célèbre amiral qui vécut à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle. Né à Lauria dans la région de Potenza (Basilicate), il est le fils de Richard de Lauria.

Il est élevé à la cour catalane, où il arrive à la suite de la reine Constance de Sicile, quand elle épouse Pierre II d'Aragon, en 1262.

Après la chute des Hohenstaufen en 1268 (mort du roi Conradin), il se réfugie en Espagne, à Barcelone.

En 1282, il est nommé amiral de la flotte catalane, qu'il commande brillamment, devenant le véritable artisan de la suprématie maritime de la Couronne d’Aragon-Catalogne en Méditerranée. Mais sa renommée est rapidement éclipsée par celle de Roger de Flor avec lequel on le confond parfois. Pierre II le Grand lui accorde le comté de Cocentaina, dans le royaume de Valence, dont il est le premier titulaire, pour services éminents rendus à la Couronne.

Il défend la Sicile et les droits des rois aragonais contre les Angevins, après les Vêpres siciliennes, mettant en déroute une flotte française commandée par Charles d'Anjou[1] non loin de Malte.

En 1284 il bat le prince de Salerne[2], Charles le Boiteux, héritier du trône napolitain dans la baie de Naples, et il mène une campagne spectaculaire en Calabre.

Plus tard, il revient en Catalogne, appelé par Pierre II le Grand, pour s'opposer à l'avance des Français, lancés dans la Croisade d'Aragon. Sa victoire la plus remarquable, il la remporte contre la flotte française de Philippe III le Hardi, à la bataille navale des Formigues, les 3 et 4 septembre 1285. Ce faisant, il rompt les lignes de communication des envahisseurs en Catalogne et ruine complètement la puissance navale française de l'époque. Il participe également à la bataille du col de Panissars (1285), au cours de laquelle les Almogavres battent à plate couture les troupes françaises qui, totalement déroutées, refluent de Catalogne.

Sûr de sa puissance, il prononce cette phrase restée célèbre : « Aucun poisson n'osera désormais sortir la queue de l'eau s'il n'y a attaché la bannière ornée des quatre barres de notre seigneur, le roi d'Aragon ! ».

Les victoires de l'amiral de Lauria sont surtout dues à des innovations techniques. Les attaques ne s'appuyant pas uniquement sur l'abordage et l'usage de l'épée, mais dans l'emploi de l'éperonnement et des arbalètes, soit à main, soit, pour les plus grandes, fixées sur les bateaux.

Lorsque le roi Jacques II d'Aragon monte sur le trône, il doit céder le trône sicilien aux Angevins, avec lesquels il avait signé la paix. Mais son frère puîné Frédéric accepte la couronne que lui offrent les Siciliens et combat contre les Angevins et contre son frère. Roger de Lauria appuie d'abord Frédéric II de Sicile, mais il finit par revenir au service de Jacques le Juste. Ses terres siciliennes lui sont confisquées car il est considéré par le nouveau roi comme un traître, mais il vainc l'infant au Capo d'Orlando. Lorsque la paix de Caltabellotta est signée entre les deux frères, en 1302, Roger se retire dans son comté de Cocentaina.

Il sert aussi le roi Édouard Ier d'Angleterre, en lutte contre le roi de France, alors que l'une des clauses secrètes du traité d'Anagni (1295) stipulait que la couronne d'Aragon-Catalogne devait aider les Français contre le roi d'Angleterre.

Il est le beau-frère de Berenguer d'Entença[3], l'un des chefs des Almogavres en Orient qui aident l'empereur byzantin Andronic II Paléologue à combattre les Turcs, et qui finissent par se retourner contre lui.

Il meurt à Valence, le 17 janvier 1305, et est inhumé à Santes Creus [4], au pied du tombeau de Pierre le Grand. On lui a érigé un monument au bout de la Rambla Nova de Tarragone.

[modifier] Notes et références

  1. Charles Ier d’Anjou, frère de Saint-Louis, auquel le pape Clément IV a octroyé la couronne de Sicile à la condition qu’il en chasse les Hohenstaufen
  2. Et non le prince Philippe Ier de Tarente, son fils
  3. Il avait épousé Saurina d'Entença, l'une des sœurs de Berenguer.
  4. Dans l'Alt Camp, en Catalogne