Croisade d'Aragon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Croisade d'Aragon est un conflit opposant entre 1284 et 1285 les armées du roi de France Philippe III le Hardi à celles du roi d'Aragon Pierre III.

Sommaire

[modifier] Causes et alliances

La papauté organisa la guerre, lui donnant son nom de croisade, car elle s'inquiétait des conquêtes de Pierre en Sicile. Elle lui retira la couronne d'Aragon, le royaume étant vassal du Saint-Siège, pour la remettre à Charles de Valois, fils de Philippe le Hardi. Au conflit franco-catalan se greffa un conflit familial dans la maison de Barcelone, puisque le roi de Majorque Jacques II, frère de Pierre III, s'allia à Philippe le Hardi. En effet Jacques, en tant que comte de Roussillon, était coincé entre les deux monarques et ne put que s'allier au souverain français pour faire obstacle aux ambitions de son aîné, qui n'avait jamais caché son mécontentement de voir une partie de son héritage s'en aller à son frère cadet.

[modifier] Déroulement

Les armées françaises entrèrent donc en Roussillon en 1284 avec la bénédiction du seigneur de la contrée, mais se heurtèrent à des résistances locales, comme celle de la cité d'Elne, commandée par un chevalier nommé le bâtard de Roussillon, sans doute un fils illégitime de Nuno Sanche, seigneur du Roussillon, qui dut être réduite par la force. Malgré la présence de légats pontificaux, Philippe le Hardi n'hésita pas à mettre le feu aux portes de la cathédrale et à y massacrer les habitants qui y avaient trouvé refuge. En 1285, Philippe le Hardi mit le siège devant Gérone, qu'il parvint à prendre malgré une forte résistance de la ville. Charles de Valois fut alors couronné roi, mais on ne put trouver de couronne et on dut le couronner avec un chapeau de cardinal, ce qui lui valut le surnom peu flatteur de « roi du chapeau » [1].

En mer, Roger de Lauria, l'amiral de Pierre III, détruisit la flotte française à la bataille navale des Formigues. Cette défaite et l’épidémie de dysenterie qui s'installa dans le camp français renversèrent la situation. Philippe le Hardi, lui-même touché par la maladie, dut lever le camp.

Son fils et héritier Philippe, négocia avec Pierre III un passage sûr à travers les Pyrénées pour lui et les membres de sa famille, mais non pour ses troupes malades, qui furent décimées à la bataille du col de Panissars. Philippe le Hardi mourut à Perpignan et fut enterré à Narbonne. Pierre III d'ailleurs ne lui survécut que peu.

[modifier] Suites

Si le conflit eut peu de conséquences pour le royaume de France, il en eut beaucoup pour le royaume de Majorque : les Baléares furent confisquées par le fils et successeur de Pierre III, le roi Alphonse III le Chaste.

Ce n'est qu'en 1295 que le traité d'Anagni mit un terme aux conflits nés de cette croisade, le traité de Tarascon (1291) n'ayant pas connu d'application à la suite de la mort d'Alphonse III d'Aragon-Catalogne, l'une des parties signataires.

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. La scène eut lieu le 28 avril 1285: le légat du pape Martin IV, le cardinal Jean Cholet, avait fait donation à Charles de Valois du royaume d’Aragon en posant sur sa tête son propre chapeau de cardinal.