Roger Chastel

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Roger Chastel (25 mars 1897 à Paris - 12 juillet 1981 à Saint-Germain-en-Laye) est un peintre français de l'École de Paris dont l'œuvre s'inscrit à la limite de la non figuration.

Sommaire

[modifier] Biographie

Roger Chastel fait ses études secondaires à Paris, où son père est banquier, souhaitant très jeune être peintre. Tout en terminant sa scolarité (Carnot, Sainte-Croix, Gerson, Janson-de-Sailly) il dessine au Jardin d'Acclimatation, s'inscrit en 1912 au cours de dessin de l'Académie Julian, puis fréquente en 1914 l'atelier Courmon à l'École des Beaux-Arts, qu'il quitte pour retourner à l'Académie Julian dans l'atelier de Jean-Paul Laurens. Il dessine simultanément au Louvre. Effectuant son service militaire en 1915, il est mobilisé de 1917 dans l'artillerie légère, dresse des chevaux canadiens à Caen, est affecté sur le front de Somme, évacué à Verdun et versé dans le service auxiliaire.

Démobilisé en 1919, Roger Chastel s'inscrit à l'Académie Ranson (Montparnasse), suit le peintre argentin Araujo lorsque celui-ci fonde sa propre académie rue Bréa. Pour subsister il dessine pour « La Rampe » où il illustre une complainte de Francis Carco, fait des caricatures pour « L'Europe nouvelle » et « Le Bon Ton ». Il part ensuite rejoindre son frère à Berlin où il travaille pour différents magazines et crée des costumes pour des revues à grand spectacle. Rentré à Paris, il réalise en 1921 deux albums satiriques sur les habitués du Casino de Deauville, Le Trust des Perles et, en collaboration avec Pierre Mourgue, Eh bien, dansez maintenant !. Il participe à des expositions de groupe, à partir de 1923 au salon d'automne puis au Salon des Tuileries. Après avoir illustré en 1926 les programmes des Ballets suédois présentés par Jacques Hébertot et des reportages sur les quartiers pittoresques de Paris dans l'hebdomadaire « Vu », il décide de se consacrer exclusivement à la peinture.

Continuant d'exposer dans les Salons parisiens, Roger Chastel s'installe définitivement à Saint-Germain-en Laye en 1928. Il rencontre en 1930 Paul Guillaume qui le met en relation avec Jeanne Castel. C'est dans sa galerie qu'il présente en 1930, 1934 et 1935 ses trois premières expositions personnelles. Il obtient en 1932 le prix de peinture de la Fondation Bernheim Darnetal, exposant à la galerie Georges Bernheim, ainsi que le Grand Prix national de peinture. La galerie Paul Guillaume l'expose en 1933. Il réalise en 1935 les décors et costumes du ballet « La Pantoufle de Vair » pour l'Opéra-Comique, sur une musique de son ami Marcel Delannoy, et un panneau, L'Industrie pour le Pavillon français de l'Exposition universelle de Bruxelles, en 1936 trois panneaux pour l'École de Saint-Germain-en-Laye, en 1937 une décoration pour le Pavillon du Tourisme de l'Exposition Internationale de Paris ainsi que les décors et costumes de l'opéra bouffe « Philippine » de Marcel Delannoy pour le Théâtre des Champs-Elysées.

En 1938, à la place de Pierre Bonnard malade, Chastel peint Pax Genitrix, l'un des quatre panneaux offerts par la France à la Société des Nations pour la Salle des Assemblées à Genève, également décorée par Maurice Denis, Ker-Xavier Roussel et Edouard Vuillard. Il rencontre à cette occasion le poète Jean Lescure avec qui il a de longues discussions qui l'incitent à reconsidérer ses conceptions. Sa peinture traverse alors une phase expressionniste. Mobilisé en 1939 puis démobilisé en août 1940 Chastel demeure en zone libre durant l'Occupation nazie, à Cannes où il se lie avec Bonnard et rencontre Matisse, à Ramatuelle et Grimaud dans le Var puis dans le Lot, à Seuzac à partir de 1943, tandis que la galerie Drouant-David l'expose en 1942, préfacé par Jean Lescure, la galerie Maeght à Cannes, et qu'il illustre « De la patte à l'aile » de Colette.

Roger Chastel rentre en 1945 à Saint-Germain. Il illustre en 1945 « La Jeune fille verte » de Paul-Jean Toulet et expose en 1946 à la galerie Maeght où Bonnard l'a introduit. Sa peinture commence à cette époque à se développer par séries autour de thèmes qui se succèdent lentement. Il est en 1949 désigné comme juré adjoint pour les jugements du Prix de Rome, pose par deux fois sa candidature au poste de chef d'atelier, mais Legueult et Chapelain-Midy sont nommés. Une exposition itinérante organisée par Gaston Diehl lui vaut la visite de jeunes peintres venus d'Algérie, Louis Nallard, Maria Manton, Marcel Fiorini, Marcel Bouqueton, avec qui il se lie durablement. Son ami le poète Jean Lescure lui ayant fait connaître Paul Éluard, Roger Chastel illustre en 1948 « Le Bestiaire » d'Éluard, tirant une grande partie des gravures sur sa presse. Sa santé compromise, après une période de repos complet durant plusieurs mois en 1949 il expose en 1951 à Copenhague et reçoit le Premier Grand Prix de la Biennale de Sao-Paulo. En 1953 et 1954 deux tapisseries sont exécutées d'après ses cartons par la Manufacture des Gobelins. Chastel réalise en 1955 les décors du ballet « Les Noces fantastiques », musique de Marcel Delannoy, pour l'Opéra de Paris, dessinera pour le TNP de Jean Vilar les costumes et décors de « La Guerre de Troie n'aura pas lieu » de Jean Giraudoux.

Quelques étés passés à l'île de Houat vont influencer son oeuvre.

Roger Chastel expose ensuite régulièrement ses peintures à Paris, à la galerie Villand et Galanis, auprès de celles d'Estève, Gischia, Lagrange et Lapicque, en province et à l'étranger. Roger Chastel reçoit le Prix national des arts en 1961. De 1963 à 1968 il est professeur-chef d'atelier à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts, où François Rouan, Claude Viallat, Daniel Buren le retrouvent après ses cours, et devient membre de l'Institut de France en 1968. D'importantes rétrospectives de son œuvre sont présentées en 1962 et 1968. Il meurt le 12 juillet 1981 à Saint-Germain-en-Laye. Un hommage lui est rendu à l'Ecole des Beaux-Arts l'année suivante.

[modifier] L'œuvre

Roger Chastel aborde en 1937 le travail par séries, composées de quelques toiles (Cyclamen) puis d'une douzaine ou d'une vingtaine (Anémones, Les Pêches, 1938; La Femme au vitrail, La Lettre, La Leçon de musique, 1939; Les Pommes rouges, Les Giroflées, Les Tasses bleues, Fauteuil aux iris, à partir de 1940; Nature morte à la chaise, 1941-1942; Némésis, 1942-1943; La Famille Maeght, 1943-1944; Femme couchée à la guitare, Femme couchée à la mandoline, Femme à la guitare, Les Visiteuses, 1944-1945).

Sa peinture se développe ensuite essentiellement selon ce mode de création qui lui permet de passer de l'objet réel à l'objet purement pictural:

  • 1944 : Série Les Amoureux au Bistrot, I, jusqu'en 1946 (une dizaine de toiles).
  • 1945 : Série La famille Roumégous (une vingtaine de toiles).
  • 1947 : Série Pichet, plat d'étain, citron (autour de 7 toiles).
  • 1949 : Séries Pichet et hareng, Les Pêches, Les Pommes (autour de 32 natures mortes).
  • 1950 : Série Les Amoureux au Bistrot, II (une trentaine de toiles).
  • 1950 : Série Les enfants Lescure, jusqu'en 1952 (autour de 11 toiles).
  • 1951 : Série Le Bistrot, jusque vers 1952 (autour de 37 toiles).
  • 1952 : Série La Veillée (autour de 28 toiles).
  • 1953 : Série Hareng sous la lampe, jusqu'en 1954.
  • 1955 : Série Le Quatorze Juillet à Toulon, jusque vers 1958 (autour de 19 toiles).
  • 1955 : Séries Pêche aux bouquets et Cueillette des berniques, jusqu'en 1956 (12 et 13 toiles).
  • 1957 : Série Le Tour de cartes, jusqu'en 1958 (autour de 26 toiles).
  • 1956 : Série Mer, Ciel, Roc.
  • 1957 : Séries Nature morte à la pomme verte et Le Petit Colleone.
  • 1959 : Série Le Piano, jusqu'en 1960 (autour de 11toiles).
  • 1959 : Série La Lettre, jusque vers 1961 (autour de 13 toiles).
  • 1959 : Série La Gitane aux citrons, jusqu'en 1961 (autour de 14 toiles).
  • 1963 : Série La Pesanteur et la grâce, jusqu'en 1965 (10 toiles).
  • 1963 : Série Le Cirque, jusqu’en 1972 (autour de 63 toiles).
  • 1969 : Série Les Figues (autour de 7 toiles).
  • 1970 : Séries La Plage, La Plage au crépuscule et Le Menhir ou Le Mendu, jusqu'en 1972 (autour de 17, 4 et 7 toiles).

[modifier] Illustration

  • Paul Jean Toulet, La Jeune fille verte, 14 lithographies de Chastel, À la voile latine, Monaco, 1946
  • Paul Éluard, Bestiaire, 1948

[modifier] Jugements

"L’importance de Chastel lui vient de sa situation à un carrefour où il n’a jamais cessé de se tenir… L’art de Chastel n’est pas autre chose qu’une lente pénétration… À la netteté du savoir il ajoute la plénitude de l’émotion… Chastel se place dans cette sphère où l’art devient sa propre réalité… Le dépassement auquel parvient Chastel ne s’opère pas malgré l’intégration toujours plus large du monde dans sa peinture, mais à cause d’elle. Il est le résultat de l’enchaînement de ses intégrations successives. Cet enchaînement seul, parce qu’il n’élimine rien du monde, est en mesure, engageant profondément le peintre dans le réel et l’en dégageant à la fois, de faire déboucher son art sur l’univers de la pure peinture."

Jean-Louis Ferrier, Roger Chastel, dans Les Temps modernes, Paris, novembre 1958.

"Les tonalistes sont rares dans l’histoire de l’art. Ils y occupent une place singulière. C’est qu’ils donnent à la peinture son visage le plus secret en même temps que le plus patient. Pour Chastel les couleurs ne se différencient que parce qu’elles expriment des valeurs comparables. Entre un violet de cobalt et un violet d’alizarine la différence n’est pas de couleur, elle est de noirceur."

Jean Lescure, préface à Chastel, Dessins, Galerie Numaga, La Chaux-de-Fonds, 1959

"Aussi ne s’étonnera-t-on pas de l’œuvre de Chastel ait moins d’amateurs, mais plus de fervents, moins de connaisseurs, mais plus d’amoureux que celles de ses contemporains. Une grâce spéciale intervient. On peut aimer ou ne pas aimer Chastel, mais dès qu’on l’aime, on le préfère."

Jean Lescure, préface à Chastel, Musée Rath, Genève et Musée-Maison de la Culture, Le Havre, 1962

[modifier] Musées

France :
Brésil :
  • Museu de arte contemporanea da universidade de Sao Paulo (1 toile)
Égypte :
États-Unis :
Italie :
Suisse :
Tunisie :

[modifier] Principales expositions personnelles

 : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • 1930 : Galerie Jeanne Castel, avenue de Messine, Paris
  • 1932 : Galerie Georges Bernheim, Paris
  • 1933 : Galerie Paul Guillaume, rue La Boétie, Paris
  • 1942 : Galerie Drouant-David, Faubourg Saint-Honoré, Paris (préface de Jean Lescure)
  • 1946 : Galerie Maeght, rue de Téhéran, Paris (préface de Jean Lescure)
  • 1958 : Galerie Villand et Galanis, boulevard Haussmann, Paris (préface de Jean-Louis Ferrier)
  • 1959 : Galerie Numaga, La Chaux-de-fonds (préface de Jean Lescure)
  • 1961 : Galerie Villand et Galanis, Paris (préface de Georges-Emmanuel Clancier)
  • 1962 : Musée Rath, Genève, et Musée-Maison de la Culture, Le Havre (préface de Jean Lescure)
  • 1967-1968 : Rétrospective en trois expositions successives, Galerie Villand-Galanis, boulevard Haussmann, Paris
  • 1968 : Palais de Vendôme, Aix-en-Provence (préface de Gaétan Picon)
  • 1970 : Musée de Nice, Musée de Metz et Musée de l'État, Luxembourg (préface de Jacques Lassaigne)
  • 1982 : Bertholle, Chastel, Singier, École nationale supérieure de Paris (texte de Georges-Emmanuel Clancier) (ISBN 2903639019)
  • 1984 : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et Manège royal de Saint-Germain-en-Laye (préface de Jean Lescure)
  • 1987 et 1996 : Galerie Callu Mérite, rue des Beaux-Arts, Paris

[modifier] Bibliographie sélective

  • Roger Chastel, ...passé par la tête, Paris, Editions Galanis, 1968
  • Roger Chastel, Notice sur la vie et les travaux de Nicolas Untersteller (1900-1967), [notice lue à l'occasion de l'installation de Chastel comme membre de la section de peinture de l'Académie des Beaux-Arts le 16 avril 1969, précédée d'une allocution sur Chastel prononcée par Yves Brayer ], Institut de France, Paris, 1969


[modifier] Lien interne

[modifier] Liens externes

  • Collection du Musée national d'art moderne Centre Georges Pompidou [1] (rechercher : Chastel]
  • Photos du site de la Réunion des Musées Nationaux[2]
  • Exposition temporaire 2007 au Musée Gorsline (Bourgogne) : « Natures mortes et vivaces : Roger Chastel et Douglas Gorsline » [3]
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