Robert de Mortain

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Robert de Mortain (à droite) conversant avec le duc Guillaume et son frère Odon (à gauche).
Robert de Mortain (à droite) conversant avec le duc Guillaume et son frère Odon (à gauche).

Robert de Conteville dit Robert de Mortain, parfois Robert de Burgh († 8 décembre 1090), fut comte de Mortain, et un officieux comte de Cornouailles à partir de 1068. Il devint le troisième sujet le plus riche d'Angleterre après la conquête normande de l'Angleterre[1].

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Avant la conquête

Il était le fils de Herluin, vicomte de Conteville, et d'Arlette de Falaise. Il était donc le demi-frère utérin de Guillaume le Conquérant, et le frère d'Odon de Bayeux.

Il est souvent considéré que Odon était l'aîné, mais on ne sait quand ils sont nés. On peut faire diverses conjectures suivant que le mariage de leurs parents ait eu lieu du vivant du duc Robert le Magnifique († 1035), ou après. J. R. Planché[2] a proposé la date de 1031, mais sans preuves. Il est même possible que Robert soit né après 1040[3].

Robert de Mortain doit son ascension au duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, son demi-frère. Après les années de trouble de son adolescence, celui-ci se constitue un réseau d'hommes de confiance dans le duché. Vers 1050[4] d'après Guillaume de Jumièges, et plus certainement peu après 1055, d'après des chartes qui nous sont parvenues[5], il chasse Guillaume Guerlenc pour suspicion de trahison. Puis il confie l'administration du comté de Mortain à Robert. Ce comté est une zone stratégique du duché puisque frontalière du Maine et de la Bretagne.

Robert de Mortain participe au concile de Lillebonne[6] durant lequel les barons du duché sont consultés sur le projet d'invasion de l'Angleterre. Il y promet de contribuer pour 120 navires[7] à la flotte qui débarquera outre-manche. Il accompagne son demi-frère Guillaume dans sa conquête de l'Angleterre.

[modifier] Après la conquête

Il fournit un soutien militaire efficace à la bataille de Hastings et durant la soumission du royaume qui s'ensuit (1066-1069). En 1069, il est chargé par le roi de surveiller les Danois dont la flotte est ancrée dans l'embouchure de l'Humber, pendant que celui-ci va réprimer la révolte initiée par Eadric le Sauvage dans l'ouest.

Il est récompensé plus qu'aucun autre dans le nouveau royaume. Guillaume lui donne des terres réparties dans toute l'Angleterre, dont la plupart des terres de Cornouailles, et le rape de Pevensey dont il occupe le château depuis Hastings. Il est possible qu'il n'ait reçu une grande partie de ses terres en Cornouailles et dans le Yorkshire qu'après 1075[8]. Sa position dans le sud-ouest conduit beaucoup à le considérer comme comte de Cornouailles, néanmoins il n'est pas certain qu'il eût formellement été créé ainsi.

En 1086, à la compilation du Domesday Book, il a 797 manors répartis dans dix-neuf comtés[9], dont 248 en Cornouailles.

Il reste loyal à son demi-frère pendant tout son règne, au contraire de son frère Odon, évêque de Bayeux, qui est emprisonné à partir de 1082 pour s'être rebellé. Sur le lit de mort du roi en 1087, il obtient difficilement la libération de son frère. Il est probablement de ceux qui se sont fait l'avocat de Robert Courteheuse pour que celui-ci lui succède en Normandie.

Il accepte initialement Guillaume le Roux pour roi, mais complote ensuite avec son frère pour installer son neveu Courteheuse sur le trône. Durant la rébellion de 1088, il tient son château de Pevensey pour les rebelles, et soutient un siège de six semaines par le roi en personne. Après sa soumission, il est pardonné comme la plupart des rebelles, et se retire en Normandie.

Robert était le personnage le plus effacé d'une famille de personnalités hautes en couleur : un guerrier décent aux vertus banales[8]. Guillaume de Malmesbury le décrit méchamment comme « lent et stupide »[10].

Il fut inhumé à l'Abbaye Notre-Dame de Grestain à Grestain dans l'Eure, Haute-Normandie. Cette abbaye avait été fondée par son père en 1050. Orderic Vital mentionne dans son Histoire de Normandie qu'il a été son chapelain[11].

[modifier] Familles et descendance

Avant 1058, il épousa Mathilde (ou Maud) de Montgommery (après 1039 – 1085), fille de Roger II de Montgommery, seigneur de Montgommery, et plus tard 1er comte de Shrewsbury, et de Mabile de Bellême.

Ils auront :

Vers 1088, il épousa Almodis en secondes noces. Ils auraient eu deux fils nommés Raoul et Jean.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. C. Warren Hollister, The Greater Domesday Tenants-in-Chief, Domesday Studies, Éd. J.C. Holt (Woodbridge), 1987, p. 219-248. Un site personnel s'appuyant sur ce travail. Voir aussi Partage de l'Angleterre en 1066.
  2. J.R. Planché, « Robert, Comte de Mortain and Earl of Cornwall » dans The Conqueror and His Companions, Somerset Herald, Tinsley Brothers, Londres, 1874.
  3. D. R. Bates, « Notes sur l'aristocratie normande. I. Hugues, évêque de Bayeux, 1011-env. 1049; II. Herluin de Conteville et sa famille », dans Annales de Normandie, vol. 23 (1973), p. 28-29.
  4. Après la nomination d'Odon à l'évêché de Bayeux (1049), et avant le mariage de Guillaume le Bâtard (1050), d'après Guillaume de Jumièges.
  5. Voir l'article Comte de Mortain.
  6. Orderic Vital, Histoire de Normandie, Éd. Guizot, 1826, tome 2, livre III, p. 115.
  7. Elisabeth van Houts, « The ship list of William the Conqueror », dans Anglo-Norman Studies, vol. X (1987), p. 159-183.
  8. ab David R. Bates, The Character and Career of Odo, Bishop of Bayeux (1049/50-1097), dans Speculum, vol. 50, n°1 (1975), p. 1-20.
  9. 54 dans le Sussex, 75 dans le Devon, 49 dans le Dorset, 29 dans le Buckinghamshire, 13 dans le Hertfordshire, 10 dans le Suffolk, 99 dans le Northumberland, 196 dans le Yorkshire, et 24 dans les autres comtés. En Cornouailles, il détient aussi les châteaux de Launceston et Tremeton, qu'il a reçut après le retour de Brian de Penthièvre en Bretagne après 1072.
  10. David R. Bates, ibid, citant le Gesta Regum de Guillaume de Malmesbury, 2:334.
  11. Orderic Vital, ibid, tome III, livre VIII, p. 396.

[modifier] Sources

  • Christopher Teyerman, « Robert of Mortain », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996, p. 25-26, (ISBN 0856831328).