Robert de Montesquiou

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Robert de Montesquiou.Portrait par Giovanni Boldini (1897).Paris, Musée d'Orsay.
Robert de Montesquiou.
Portrait par Giovanni Boldini (1897).
Paris, Musée d'Orsay.

Le comte Robert de Montesquiou-Fézensac, plus communément appelé Robert de Montesquiou, est un homme de lettres et un dandy né à Paris le 7 mars 1855 et mort à Menton (Alpes-Maritimes) le 11 décembre 1921.

La fascination exercée par son personnage sur ses contemporains en a fait le modèle de nombreux héros de romans : des Esseintes dans À Rebours (1884) de Huysmans, le comte de Muzaret dans Monsieur de Phocas (1901) de Jean Lorrain et, surtout, le baron de Charlus dans À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Sommaire

[modifier] Biographie

Marie Joseph Robert Anatole de Montesquiou-Fézensac, quatrième et dernier enfant de Pauline Duraux et du comte Thierry de Montesquiou-Fézensac (1824-1904), est issu d'une illustre lignée originaire de Gascogne, qui compte parmi ses ancêtres Blaise de Montluc et d'Artagnan.

En 1885, Montesquiou rencontra Gabriel de Yturri (1868-1905), d'origine péruvienne, qui devint son secrétaire, son compagnon et peut-être son amant. Quoique très certainement homosexuel, Montesquiou a très probablement mené une vie chaste, évitant soigneusement de donner la moindre prise au scandale.

Après la mort de Gabriel de Yturri à la suite d'un diabète, il fut remplacé comme secrétaire, en 1908, par Henri Pinard, dont Montesquiou fit le légataire du peu de biens qui lui restait à sa mort en 1921.

Portrait de Montesquioupar Félix Vallotonparu dans Le Livre des masquesde Remy de Gourmont (1898).
Portrait de Montesquiou
par Félix Valloton
paru dans Le Livre des masques
de Remy de Gourmont (1898).

Montesquiou a, de son vivant, été violemment décrié. Forain l'appelait méchamment « Grotesquiou » et Pierre Louÿs lui a consacré un poème, Le comte R... de M..., trop atroce pour être cité[1]. Mais il a aussi suscité des admirations passionnées, toujours entouré d'une cour de disciples admirateurs — à l'instar de Marcel Proust ou du pianiste Léon Delafosse — et d'amis fidèles : sa cousine, la comtesse Greffulhe, la princesse Bibesco, la princesse de Léon, Judith Gautier, Gustave Moreau, James Abbott McNeill Whistler, Antonio de La Gandara, Georges Hoentschel, et même, pendant un temps, Octave Mirbeau. Le grand poète italien Gabriele D'Annunzio était ami de Montesquiou et leur amitié a été développée grâce à la période passé à Arcachon par l’Italien. Les deux amis avaient une vision de la vie très semblable et une communauté d’intérêts. Le château famillial fut détruit dans un grand incendie, épisode qui reste un mystère.

Il a soutenu l'avant-garde de son époque : Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine en poésie ; Claude Debussy ou Gabriel Fauré en musique ; Paul Helleu en peinture.

L'hôtel particulier de Montesquiou-Fezensac, que ses parents firent édifier pour lui et son frère en 1858 par l'architecte Joseph-Michel Le Soufaché, existe toujours aujourd'hui au 1, Boulevard de Latour-Maubourg à Paris (il est actuellement occupé par le centre culturel de Chine).

Le 29 octobre 1908, il acquit d'un milliardaire parsi le « Palais Rose » du Vésinet, copie assez fidèle du Grand Trianon de Versailles, qu'il habita jusqu'en 1921 et laissa à son dernier secrétaire Henri Pinard ; celui-ci le vendit à Luisa Amman, marquise Casati, muse de nombre d'artistes de la première moitié du XXe siècle qui, ruinée, l'abandonna à ses créanciers en 1932.

[modifier] Œuvres

Montesquiou a publié onze volumes de poésie, trois romans, trois volumes de souvenirs et de nombreuses œuvres critiques. Sa poésie — qu'il jugeait la partie la plus importante de son œuvre — est généralement jugée précieuse et affectée ; elle est à tout le moins inégale. En revanche, Montesquiou critique fut, selon la formule de Marcel Proust, le « professeur de beauté » de toute une génération.

Parmi les mots de ce collectionneur d'art, surnommé le « Prince Hortensia », sa fleur favorite, on cite souvent : « L'infidélité des objets, c'est de survivre à ceux qui les ont aimés. »

Poésie
  • Les Chauve-souris, Richard, 1892, ouvrage rare particulièrement recherché aujourd'hui
  • Le Chef des odeurs suaves, Richard, 1893
  • Le Parcours du rêve au souvenir, Charpentier et Fasquelle, 1895
  • Les Hortensias bleus, Charpentier et Fasquelle, 1896
  • Les Perles rouges, Charpentier et Fasquelle, 1899
  • Les Paons, Charpentier et Fasquelle, 1901
  • Prières de tous, Maison du livre, 1902
  • Les Offrandes blessées, Sansot, 1915
  • Nouvelles Offrandes blessées, Maison du livre, 1915
  • Sabliers et lacrymatoires, Sansot, 1917
  • Les Quarante Bergères : portraits satiriques en vers inédits, frontispice de Aubrey Beardsley, Librairie de France, 1925
Romans
  • La Petite Demoiselle, Albin-Michel, 1911
  • La Trépidation, Emile-Paul Frères, 1922
Mémoires
  • Les Pas effacés, édition de Than Van Ton That (2007)

[modifier] Bibliographie

  • Michel Bocky, L'homme à la perle grise, Richard fils, 1990
  • Gabriel Badea-Päun, « Entre mondanité et mécénat – les avatars d’une relation, Robert de Montesquiou et Antonio de La Gandara », dans la Revue de la Bibliothèque Nationale, N° 25/2007 - « La presse du XXe siècle », p. 54-62.
  • Patrick Chaleyssin, Robert de Montesquiou, mécene et dandy, Somogy, 1992
  • Robert Holt, Montesquiou, dandy et poète, Wilhem, 1989
  • Philippe Jullian, Robert de Montesquiou, un prince 1900, Librairie académique Perrin, 1987
  • Marcel Lechère, Montesquiou, Édition du Corbeau, 1991
  • Philippe Lesort, Montesquiou à la recherche de la Toison d'or, De la table, 1998
  • Edgar Munhall, Whistler et Montesquiou, Le Papillon et la Chauve-souris, The Frick Collection, Flammarion, 1995
  • Tom Antongini, D'annunzio aneddotico, Mondadori, Milan, 1935

[modifier] Notes

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  1. V. p. 340 de l'édition de ses Poésies, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1988.

[modifier] Liens externes