Richard Ratsimandrava

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Présidents de Madagascar
Philibert Tsiranana (1960 - 1972)
Gabriel Ramanantsoa (1972 - 1975)
Richard Ratsimandrava (1975)
Gilles Andriamahazo (1975)
Didier Ratsiraka (1975 - 1993)
Albert Zafy (1993 - 1996)
Norbert Ratsirahonana (1996 - 1997)
Didier Ratsiraka (1997 - 2002)
Marc Ravalomanana (2002- )


Richard Ratsimandrava ( 21 mars 1931, Tananarive - 11 février 1975, Tananarive ) est un homme politique malgache.

Il fut le 3e Président de la République de Madagascar, une fonction qu'il n'assurera que 6 jours suite à son tragique assassinat du 11 février 1975.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né le 21 mars 1931 à Tananarive, d’une famille merina, Richard Ratsimandrava quitte Madagascar pour la France afin d'y effectuer ses études supérieures. Après une préparation à la Corniche (militaire) Carnot de Dijon, il intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Il portera les couleurs de l'Armée française au Maroc et en Algérie.

En 1959, alors qu'il est colonel dans l’armée française, il est affecté à Madagascar au 12e bataillon d'infanterie de marine à Fianarantsoa, Madagascar. Après l'indépendance malgache proclamée le 26 juin 1960, Ratsimandrava sert comme officier de l'armée de terre jusqu'en 1962.

Muté dans la gendarmerie, il effectue un stage à l'École des officiers de la gendarmerie nationale à Melun, (France) et devient en 1967 commandant en second puis finalement commandant de la gendarmerie malgache en 1959. Rastimandrava restera à ce poste jusqu’en 1972 et, à ce titre, commandera la répression violente de l’insurrection paysanne dirigée par Monja Jaona en avril 1971 dans le Sud de l’île.

[modifier] Son introduction en politique

Lorsque Gabriel Ramanantsoa devient Premier Ministre de Tsiranana en 1972, Richard Ratsimandrava est appelé à devenir ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement. Il a alors l'idée de fonder sa politique intérieure sur la doctrine du "fokonolona" qu'il voit comme seul cadre institutionnel et économique possible pour le développement de Madagascar.

Le 5 février 1975, face à la situation de crise politique, le général Ramanantsoa lui remet les pleins pouvoirs. Il cumule alors les fonctions de Président de la République, Premier Ministre, ministre de la Défense nationale et du Plan. C'est alors une occasion sans précédent pour lui d'appliquer au mieux sa politique qui s'établit sur :

  • Un développement national par les "fokonolona",
  • La malgachisation de l'économie sans inégalités,
  • La décentralisation des pouvoirs.

[modifier] Son assassinat

Le 11 février 1975 -- soit exactement 6 jours après son accession à la magistrature suprême -- aux alentours de 20 heures, peu après avoir quitté le Conseil des Ministres qui se déroulait à Anosy, Tananarive, Ratsimandrava est abattu par balles dans sa voiture de fonction par un commando formé d'éléments du Groupe Mobile de Police (GMP).

Les thèses de l'assassinat politique furent tout de suite confortés par le fait que le GMP ait conduit l'attaque. L'ancien Président Tsiranana fut entendu par la justice malgache et fit fait l'objet d'enquêtes.

Malgré le long procès qui se déroula sous le directoire militaire de transition dirigé par le Général Andriamahazo, aucune lumière ne fut faite sur l'assassinat de cet homme que trop de groupes de pression, notamment financiers, pouvaient souhaiter voir disparaître, craignant de voir leurs intérêts fortement remis en question à cause de la politique du "fokonolona" prônée par Ratsimandrava, laquelle visait à nationaliser l'économie et la production malgache.

In fine, le procès de l'affaire Ratsimandrava s'arrêta pour sauvegarder l'unité nationale du pays, déjà assez fragilisée à cette période.

[modifier] Conséquences politiques

L'assassinat de Richard Ratsimandrava a conduit à une telle succession d'évènements que 1975 marque sans doute un tournant pour l'histoire politique de Madagascar.

Quelques heures après la mort du Président, un Directoire militaire chargé d'entamer une période de transition est créé et dirigé par le Général Andriamahazo. On assiste alors à un quasi-scénario de guerre civile entre les partisans du Gouvernement militaire et ceux de l'ancien Président Philibert Tsiranana. La loi martiale est décrétée.

Le 13 février 1975, les partis politiques sont suspendus et les tensions continuent à travers tout le pays : des mutins s'engagent dans des violences. Le 14 février 1975, la reddition des mutineries permet la fin des combats. Un des responsables présumés des troubles, M. André Resampa, est arrêté.

Le 21 mars 1975, un procès est alors ouvert pour juger les personnes impliquées dans les évènements : Tsiranana fait partie d'entre eux. Finalement, le 12 juin 1975, 30 des inculpés sont acquittés dont Resampa et Tsiranana. Trois jours plus tard, le 15 juin, le Directoire militaire décide d'élire un membre qui deviendra le prochain Président de la République.

C'est Didier Ratsiraka, capitaine de corvette, ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Ramanantsoa, qui est choisi.