Reconnaissance politique du génocide arménien

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La reconnaissance du génocide arménien dans le monde.
La reconnaissance du génocide arménien dans le monde.

La question de la reconnaissance politique du génocide arménien, peu évoquée durant une grande partie du XXe siècle, a été ravivée d'abord par l'apparition du terrorisme arménien durant les années 1970 (notamment par le CJGA et l'ASALA), puis à l'occasion de l'ouverture de négociations entre l'Union européenne et la Turquie en vue d'une adhésion éventuelle de celle-ci. Le Parlement européen a reconnu le génocide arménien le 18 juin 1987[1]. Cette question est fréquemment abordée lors des débats concernant la conformité de la politique de l'État turc avec les valeurs morales de l'Union et, en particulier, son attachement au respect des droits de l'homme.

Sommaire

[modifier] La communauté internationale

L'Uruguay a été le premier pays à reconnaître officiellement le génocide arménien, le 20 avril 1965. Le 26 mars 2004, le président du pays a signé une loi désignant le 24 avril « journée pour la reconnaissance des martyrs arméniens »[2].

De nombreuses reconnaissances sont apparues peu après : le 29 avril 1982 par la chambre des représentants de Chypre[3].

Le 16 avril 1984, il est reconnu par le Tribunal permanent des peuples.

Le 2 juillet 1985, une sous-commission de l'ONU pour la prévention des droits de l'homme et la protection des minorités publie un rapport qualifiant le massacre des Arméniens de génocide[4].

Le Parlement européen (18 juin 1987) et le Conseil de l'Europe (déclaration écrite de l'assemblée parlementaire le 24 avril 1998) ont reconnu le génocide.

Le génocide des Arméniens a été en outre reconnu par les pays suivants :

  • 1984 :
    • la Chambre des représentants des États-Unis, le 12 septembre (résolution 247 décrétant le 24 avril 1985 « Journée nationale du souvenir de l'inhumanité de l'homme pour l'homme » en mémoire de toutes les victimes d'un génocide et en particulier du « million et demi de personnes d'ascendance arménienne victimes du génocide commis par la Turquie entre 1915 et 1923 »[5];
  • 1995 :
    • la Douma russe le 14 avril ;
  • 1996 :
    • le parlement grec reconnaît le génocide le 25 avril ;
    • la Chambre des représentants des États-Unis limite l'aide à la Turquie à moins que celle-ci 1° reconnaisse, « comme les États-Unis, les atrocités commises contre les Arméniens de l'empire ottoman de 1915 à 1923 » ; 2° « prenne toutes les mesures nécessaires pour honorer la mémoire des victimes du génocide arménien » (résolution 3540, 11 juin)[6] ;
  • 1998 :
    • le 26 mars, le Sénat de Belgique « invite le gouvernement turc à reconnaître la réalité du génocide [des Arméniens] perpétré en 1915 par le dernier gouvernement de l'empire ottoman ».[7] ;
  • 2000 :
    • le parlement de Suède reconnaît le génocide le 29 mars 2000[3] ;
    • le parlement libanais a reconnu le génocide à la quasi unanimité le 11 mai ;
    • le Vatican une première fois le 10 novembre mais sans spécifier l'auteur[3] ;
  • 2001 :
    • le Vatican une seconde fois le 27 septembre sans spécifier l'auteur à nouveau ;
    • la France a officiellement reconnu le génocide arménien par la loi du 29 janvier 2001[8] mais sans spécifier l'auteur ;
  • 2003 :
    • le Conseil national suisse a rejeté un texte dans ce sens le 13 mars 2001, avant d'adopter un postulat de reconnaissance du génocide le 16 décembre 2003 contre l’avis du Conseil fédéral[9]. Informations détaillées sur la reconnaissance par la Suisse sur le site de l'Association Suisse-Arménie[10] ;
  • 2004 :
  • 2005 :
    • la Pologne (19 avril 2005) ;
    • la Douma d'État de la Fédération de Russie a adopté le 22 avril une résolution demandant la reconnaissance du génocide par toute la communauté internationale ;
    • le Parlement européen appelle la Turquie à reconnaître le génocide des Arméniens, considérant « cet acte comme un préalable à l'adhésion à l'Union européenne » (28 septembre 2005) ;
    • le Bundestag (parlement fédéral de l'Allemagne) accepte une résolution condamnant les massacres contre les Arméniens dans l'empire ottoman sans utiliser le mot « génocide » (15 juin 2005) ;
  • 2006 :
    • le 12 octobre 2006, l'Assemblée nationale française adopte, en première lecture, avec cent six voix pour et dix-neuf contre, une proposition de loi qui punit sévèrement la négation du génocide arménien[11]. Ce vote suscite un tollé en Turquie. Le texte doit encore être examiné par le Sénat s'il veut entrer en vigueur ;
  • 2007 :
    • 10 octobre 2007, la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis approuve, par vingt-sept voix pour contre vingt-et-une voix contre, une résolution[12] qualifiant de génocide la mort de centaines de milliers d'Arméniens en Turquie en 1915[13], contre l'avis de George W. Bush[14] et malgré l'hostilité d'Ankara. Le texte doit à présent être envoyé à la Chambre pour un éventuel vote en séance plénière[15].

Plusieurs pays ont pourtant refusé de considérer les massacres arméniens comme un génocide. Sans remettre en cause l’atrocité ou l’ampleur des faits, ces pays ne considèrent pas qu’ils répondent à la définition d’un génocide. C’est par exemple le cas du Royaume-Uni et de l'État d'Israël, mais la plus haute autorité religieuse d’Israël, en la personne du grand rabbin, a reconnu le génocide arménien[16]. La question de la reconnaissance officielle du génocide est en outre très politisée. Les opposants de la reconnaissance considèrent que les pays ayant reconnu le génocide ont cédé à la pression d’influentes communautés arméniennes. Ses partisans considèrent au contraire que les pays la refusant cherchent uniquement à préserver de bonnes relations avec la Turquie.

[modifier] Note et référence

  1. Résolution du 18 juin 1987 sur une solution politique de la question arménienne, Journal officiel, C, 190, 20 juillet 1987, p. 0119. Consulté le 31 mars 2008.
  2. Rapport fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration de la République sur la proposition de loi (n° 3030) de M. Didier Migaud et de plusieurs de ses collègues, complétant la loi n° 2001-70 du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915, par M. Christophe Masse, député, 16 mai 2006, p. 8 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  3. abc Claude Mutafian, Le génocide des Arméniens, 90 ans après, CCAF, 2005, « L'avalanche des reconnaissances du génocide » [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  4. (en) UN Sub-commission on prevention of discrimination and protection of minorities, 38e session, E/CN.4/Sub.2/1985/6, 2 juillet 1985 [extraits pertinents (page consultée le 31 mars 2008)].
  5. (en) US House of Representatives Joint Resolution 247, 12 septembre 1984 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  6. (en) US House of Representatives Resolution 3540, 11 juin 1996 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  7. « Proposition de résolution relative au génocide des Arméniens de Turquie en 1915 », Annales parlementaires, Sénat, session 1996-97, 8 octobre 1997 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)] ; adoption par le Sénat le 26 mars 1998 : Annales parlementaires, Sénat, session 1997-98, 26 mars 1998 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  8. Assemblée nationale, Archives de la XIe législature, « Génocide arménien », 30 janvier 2001 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  9. Swissinfo, « Le Conseil national reconnaît le génocide arménien », 16 décembre 2003 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  10. Association Suisse-Arménie, « Reconnaissance du génocides des Arméniens » [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  11. Assemblée nationale, « Génocide arménien de 1915 » [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  12. (en) Affirmation of the United States Record on the Armenian Genocide Resolution [texte de la résolution (page consultée le 31 mars 2008)].
  13. TSR info, « Génocide arménien: Washington fâche Ankara », 11 octobre 2007 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  14. « George Bush s'oppose à la reconnaissance du génocide arménien », dans Le Monde, 5 octobre 2007 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].
  15. (en) Affirmation of the United States Record on the Armenian Genocide Resolution [état d'avancement (page consultée le 31 mars 2008)].
  16. « Le Grand Rabbin d'Israël reconnaît le génocide arménien », d'après Yediyot Aharonot, 24 novembre 2005 [lire en ligne (page consultée le 31 mars 2008)].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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