Raoul Blanchard

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Raoul Blanchard (Orléans, 1877Paris, 1965) est un géographe français. Enseignant à l'université de Grenoble à partir de 1906, il s'est particulièrement intéressé aux Alpes françaises et au Québec.

Sommaire

[modifier] Un grand géographe

Fils d'un inspecteur du Service des Eaux de la mairie d'Orléans, Raoul Blanchard est né à Orléans (Loiret), le 4 septembre 1877. Il fréquente l'école Sainte-Croix, puis le lycée Pothier, où il a pour professeur le géographe Louis Gallouédec.

Admis à l'École normale supérieure en 1897, il est séduit par la géographie enseignée par Paul Vidal de la Blache. Il passe son agrégation en 1900 et devient professeur au lycée de Douai, dans le Nord de la France. Il prépare alors une thèse de géographie régionale sur la Flandre. Elle est soutenue en 1906, sous le titre : « La Flandre. Étude géographique de la plaine flamande en France, Belgique, Hollande ».

Il est nommé quelques mois après à la Faculté des lettres de l’université de Grenoble. En 1908, il fonde un centre d’étude sur les Alpes françaises alors fort mal connues, l’Institut de géographie alpine, qu'il dote d'une revue en 1913 : le Recueil des travaux de l'Institut de géographie alpine qui devient en 1920 la Revue de géographie alpine. La revue - à laquelle Blanchard collabora pendant cinquante ans - et l’institut existent toujours aujourd’hui. Nommé professeur en 1913, il est le « patron » de la géographie à l'université de Grenoble. Son autorité naturelle va de pair avec une grande liberté d’allure et d’expressions : voix sonore, style dru, imagé, souvent teinté d’humour (Broc, 2001).

Raoul Blanchard est ensuite nommé professeur de géographie à l'université Harvard au Massachusetts. Il occupera ce poste de 1922 à 1936. Cet emploi lui donne l’occasion de passer quelques mois par an en Amérique. C’est alors qu’en 1929 il découvre et s’intéresse au Canada. Vu ses racines francophones et les facilités de travail qui lui sont offertes, Blanchard apprécie beaucoup de travailler sur ce vaste territoire du dominion encore vierge de toute étude géographique. Jusqu’en 1960, il va séjourner une quinzaine de fois au Québec. C’est ainsi qu’il commencera à produire des documents sur le Québec avec une méthode strictement géographique. Au cours de cinq automnes, de 1929 à 1933, Blanchard parcourt le Québec dont la Gaspésie à deux reprises, à pied et en voiture. Par deux fois également il se rend sur la côte nord du Saint-Laurent et à Natashquan. En homme habitué à l'Europe, il était très intéressé par la nouveauté du sujet que constituait alors le Québec. En 1930, il publie « Presqu’île de Gaspé » dans la Revue Géographie Alpine. C’était, dans cette revue, le premier d’une longue série d’articles sur le Canada et plus particulièrement le Québec (voir plus loin la section « Publications »).

Par la suite, Raoul Blanchard donne des conférences à Montréal. En 1947, il accepte de fonder un institut de géographie de l’université de Montréal, qui deviendra en 1962 le département de géographie. Cet institut offre des cours d’été qui se déroulent en Gaspésie, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, selon la méthode utilisée lors de ses études de 1929. Il est nommé premier directeur de cet institut jusqu’à ce que la maladie le force à laisser sa place à l’un de ses élèves, Pierre Dagenais. À sa fondation en 1939, il est nommé président honoraire de la Société de géographie de Montréal et, en 1952, président de l’Association des géographes. En 1964, un an avant sa mort, Raoul Blanchard écrira son dernier livre à Paris, livre qui portera sur le Québec.

Raoul Blanchard est considéré comme le père de la géographie moderne au Québec. Grâce à lui et à son amour pour la région du Canada français, le Québec possède de nombreux ouvrages sur sa géographie. Pour le remercier de son apport à la géographie du Québec, la commission de toponymie du Québec a donné son nom à un mont de 1 158 mètres d’altitudes, le plus haut sommet des Laurentides. De plus, le Département de géographie l’a honoré en donnant son nom à la plus grande salle de cours de son département.

[modifier] Publications

  • La Flandre. Étude de géographie de la plaine flamande, en France, Belgique et Hollande, Armand Colin, Paris, 1906.
  • "L’Habitation en Queyras", La Géographie, 1909.
  • "Sur quelques géants américains", Journal de la Société des Américanistes de Paris, Paris, 1909.
  • Grenoble, étude de géographie urbaine, Armand Colin, Paris, 1911.
  • Les Alpes françaises, Armand Colin, Paris, 1925.
  • "Asie occidentale", Géographie universelle sous la direction de Paul Vidal de la Blache et de Lucien Gallois), Armand Colin, Paris, 1929.
  • "La presqu'île de Gaspé", Revue de Géographie Alpine, Grenoble, 1930.
  • "Les Problèmes du Canada français", Académie des Sciences Morales et Politiques, Paris, 1932.
  • "L'Amérique du Nord : États-Unis, Canada et Alaska", Fayard, Paris, 1933.
  • "Géographie de l'industrie",1934.
  • L'Est du Canada français, Province de Québec, 700 pages en 2 volumes, Montréal, 1935.
  • "Grenoble, étude de géographie urbaine", 3e édition, Librairie Didier & Richard, Grenoble, 1935.
  • "Géographie de Québec", Bulletin de la Société de Statistique, Grenoble, 1935.
  • Les Alpes occidentales, 1937, réédition en 1958.
  • Géographie générale, 1938.
  • Le Centre du Canada français, 1947.
  • Montréal : esquisse de géographie urbaine, 1947.
  • Le Québec par l'image, 1949.
  • La Mauricie, 1950.
  • Les Alpes et leur destin, Fayard, Paris, 1953.
  • L'Ouest du Canada français, 2 000 pages en 5 volumes, Montréal, 1953-1954.
  • Réflexions sur les hautes vallées alpestres, Grenoble, 1958.
  • Le Canada français, 1960-1964.
  • Le Canada français, troisième édition mise à jour, Presses universitaires de France, Paris, 1970.

[modifier] Hommages

  • En 1966, l'Association des Amis de l'université de Grenoble a publié un ouvrage intitulé Raoul Blanchard (1877-1965): in memoriam , contenant une biographie du géographe.
  • À Grenoble, il existe une rue Raoul-Blanchard dans le centre de la ville.
  • Un collège porte le nom de Raoul-Blanchard à Annecy.
  • Un laboratoire d'analyse spatiale nommé Raoul-Blanchard existe à Nice.
  • La Commission de toponymie du Québec a baptisé une de ses montagnes mont Raoul-Blanchard.

[modifier] Sources

  • Raoul Blanchard, 1935, L’Est du Canada français, Province de Québec, Montréal, Librairie Beauchemain Limitée, 2 volumes.
  • Raoul Blanchard, 1961, Ma jeunesse sous l'aile de Péguy, Paris, Fayard, 245 p.
  • Raoul Blanchard, 1963, Je découvre l'Université. Douai, Lille, Grenoble, Paris, Fayard, 217 p.
  • Louis-Edmond Hamelin , 1988, Commencer une géographie du Québec par la Gaspésie. Volume 26, N° 3 (N° 103), sept. 1988, pp. 21 à 27.
  • Université de Montréal. Les pionniers de la géographie, département de géographie. Page consultée le 6 novembre 2006.
  • Maurice Saint-Yves, 2006, Raoul Blanchard, Encyclopédie canadienne.
  • Numa Broc, 2001, École de Grenoble contre école de Paris : les Alpes, enjeu scientifique, Revue de Géographie Alpine, volume 89, n° 4, p. 95-105.
  • Thierry Paquot, 2003, Blanchard, Raoul, in Jacques Lévy, Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Paris, Belin, p. 116-117.
  • Michel Champagne, Société de géographie de Montréal 1939-1974 ; archive. Page consultée le 15 novembre 2006.
  • Vincent Dufour, 2006, Biographie Raoul Blanchard, Travail de Session, Stage 1 : Problèmes, méthodes et instruments de la géographie, université du Québec à Rimouski (UQAR).
  • Site de l'Institut de géographie alpine