Rafle de Marseille

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La Rafle de Marseille s’est déroulée dans le Vieux-Port les 22, 23 et 24 janvier 1943. Accompagnés de la police nationale, dirigée par René Bousquet, les Allemands organisent alors une rafle de 4 000 Juifs ainsi que l’expulsion globale d’un quartier, avant destruction. Le SS Karl Oberg, en charge de la police allemande en France, fait le voyage depuis Paris, et transmet à Bousquet les consignes venant de Himmler lui-même.

Sommaire

[modifier] La destruction du Vieux-Port

L’opération vise à remodeler le quartier du Vieux-Port, dont les ruelles sont considérées comme dangereuses par les autorités allemandes. Ils reprennent ainsi un plan d’urbanisme préparé par des architectes acquis à la cause de la « Révolution nationale » mise en œuvre par le régime de Vichy, et décident la destruction quasi-totale du 1er arrondissement de Marseille. En outre, selon les consignes d’Himmler, la population raflée doit être évacuée vers des camps de concentration de la zone Nord (particulièrement à Compiègne), tandis que le quartier doit être fouillé par la police allemande, aidée de leurs homologues français, puis les immeubles dynamités.

Mandaté par Laval, Bousquet demande le 14 janvier 1943 un répit d’une semaine afin de mieux organiser l’opération et de faire venir des renforts policiers. De plus, alors que les nazis se préparaient à se cantonner dans les limites du 1er arrondissement, Bousquet propose d’élargir l’opération à toute la ville. Selon l’historien Maurice Rajsfus, il demande ainsi la complète liberté d’agir pour la police française, qu’il obtient d’Oberg.

Selon l’historien Jacques Delarue, deux cents inspecteurs venus de Paris et ailleurs, quinze compagnies de GMR et des escadrons de gendarmerie et de gardes mobiles sont descendus sur Marseille. En tout, « douze mille policiers environ se trouvaient concentrés à Marseille » [1]. Le 22 janvier, le Vieux-Port est complètement bouclé. La ville est fouillée maison par maison, mis à part les quartiers résidentiels, durant 36 heures. « Au total, à la suite des dizaines de milliers de contrôle, près de 2 000 Marseillais (…) se retrouveront dans les trains de la mort. » écrit ainsi M. Rajsfus. 1 500 immeubles sont détruits.

La préfecture des Bouches-du-Rhône publie un communiqué le 24 janvier 1943 :

« Pour des raisons d’ordre militaire et afin de garantir la sécurité de la population, les autorités militaires allemandes ont notifié à l’administration française l’ordre de procéder immédiatement à l’évacuation du quartier Nord du Vieux-Port. Pour des motifs de sécurité intérieure, l’administration française avait, de son côté, décidé d’effectuer une vaste opération de police afin de débarrasser Marseille de certains éléments dont l’activité faisait peser de grands risques sur la population. L’administration française s’est efforcée d’éviter que puissent être confondues ces deux opérations. De très importantes forces de police ont procédé dans la ville à de multiples perquisitions. Des quartiers entiers ont été cernés et des vérifications d’identité ont été faites. Plus de 6 000 individus ont été arrêtés et 40 000 identités ont été vérifiées. » [2]

Le Petit Marseillais du 30 janvier 1943 ajoute :

« Précisons que les opérations d’évacuation du quartier Nord du Vieux-Port ont été effectuées exclusivement par la police française et qu’elles n’ont donné lieu à aucun incident. » [3]

Une photo, prise lors de cette opération et connue depuis le début des années 1980, montre Bousquet souriant, posant en compagnie du SS Bernhard Griese, chef de la police allemande dans la région, d’un officier supérieur Totenkopf, de Marcel Lemoine, préfet régional et de Pierre Barraud, préfet délégué à l’administration préfectorale de Marseille [4]

[modifier] Notes de bas de page

  1. Jacques Delarue, Trafics et Crimes sous l’Occupation (Livre de Poche, 1971), p.262
  2. Cité par Maurice Rajsfus, La Police de Vichy. Les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo, Le Cherche Midi éditeur, 1995, p.213.
  3. (ibid.)
  4. Rajsfus, p.215

[modifier] Bibliographie

  • Le Patriote résistant, n°578 et 579 (janvier 1988)
  • Jacques Delarue, Trafics et Crimes sous l’Occupation (Livre de poche, 1971)
  • Gérard Guicheteau, Marseille 1943, la fin du Vieux-Port (éditions Le Provençal, 1973)
  • Maurice Rajsfus, La Police de Vichy. Les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo, 1940/44 (Le Cherche Midi éditeur, 1995)
  • Anne Sportiolo, « Le Vieux-Port de Marseille », in L'Histoire, n°16, octobre 1979

[modifier] Lien externe

[modifier] Voir aussi

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