Radin

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Un radin est une personne avare et près de ses sous. Aujourd'hui, le terme de radins, moins péjoratif, caractérise une tribu de nouveaux consommateurs qui utilisent Internet pour acheter malin et faire des économies.

Sommaire

[modifier] Définition

Historiquement, le terme "radin" désigne d’une manière péjorative une personne avare, c’est-à-dire qui a de l’argent mais refuse de le dépenser, même quand c’est utile. Le personnage a été caricaturé par Molière sous les traits d’Harpagon, dans la pièce de théâtre L’Avare, ou par Balzac dans son roman Eugénie Grandet. Le héros de dessins animés Picsou, créé par Carl Barks pour les studios Walt Disney, a également répandu une image négative du radin, celle d’un homme qui amasse et garde tout son argent.

Aujourd’hui, les radins forment une communauté de nouveaux consommateurs qui utilisent principalement Internet pour réaliser des économies et dépenser malin.

Cette tendance a émergé en France au début des années 2000, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat et de hausse des prix aggravée par le passage à l’euro[1]. En 2001, un site spécialisé dans la vente de produits culturels d'occasion a lancé une campagne de publicité autour du slogan "Devenez radins".[2]

Internet a donné naissance à une communauté de "nouveaux radins" qui s'en servent pour comparer les prix, recevoir des échantillons gratuits, profiter de bons d’achat et de réduction, gagner des cadeaux ou des produits gratuits, imprimer des offres de remboursement, profiter de prix dégriffés, participer à des ventes privées, bénéficier d’offres gratuites, etc.[3] Face à la vie chère, les radins sont aussi devenus des adeptes des magasins hard-discount et du low cost.[4] Symbole de la culture du gratuit, Internet a amplifié le phénomène traditionnel des "bons plans" et des bonnes affaires autour de sites proposant des astuces pour dépenser moins[5].

[modifier] Un nouveau mode de consommation

Le "nouveau radin" n’a pourtant plus rien d’un Harpagon. Il est désormais responsable, engagé, et paradoxalement, plus généreux. Consommacteur avisé, il favorise le recyclage et la récupe, pratique le troc ou l’achat-vente entre particuliers et prône le système D comme mode de vie. Il veut donner du sens à ses achats et s’interroge sur la logique de nos sociétés d’hyperconsommation.[6] Ce consommateur d’un nouveau genre défend des valeurs de partage et échange ses bons plans sur Internet, au sein de la communauté des radins, à travers sites et forums spécialisés.[7]

Les plus militants d’entre eux, écolos, altermondialistes, se reconnaissent dans la mouvance des casseurs de pub, des freegan, ou de ceux qui prônent la "décroissance", c'est-à-dire la réduction globale de la production et de la consommation des pays riches. Ils se placent ainsi dans la lignée de la "simplicité volontaire", un mouvement né au milieu des années 1980, aux Etats-Unis, et qui incite à travailler, gagner et dépenser moins pour vivre plus heureux.

[modifier] Remarques

Cependant, le radin est encore parfois mal perçu en société. D'un point de vue psychologique, l’avarice peut détruire ceux qui souffrent d’une relation trop difficile avec l’argent.[8] On peut aussi s’interroger sur le paradoxe d'une tendance issue de la société de consommation, au moment où ces "nouveaux radins" intéressent de plus en plus les distributeurs et les publicitaires, pour qui ils constituent désormais une véritable cible marketing[9].

[modifier] Notes et références

  1. Clara Dufour, Le nouveau radin aime dépenser malin, Le Figaro, 05/03/2008.
  2. Le Journal du Net, Publicité OFFline, Comment l'Internet communique "pour de vrai", 4/05/2001.
  3. Julie Pacorel, Au bonheur du radin, Le Nouvel Observateur, Nº2166, semaine du jeudi 11 mai 2006.
  4. Sabine Syfuss-Arnaud, Le moteur de la conso carbure au low cost, Challenges, 19.04.2007.
  5. Annuaire DMOZ, Catégorie Réduction et Promotions
  6. Alexandre Lévy, Les nouveaux radins, L'Express, 17/01/2005.
  7. Christophe Alix et Laure Noualhat, La débrouille des consommacteurs, Libération, Vendredi 30 novembre 2007.
  8. Catherine Marchi, Autopsy : Je suis radin(e), Psychologies magazine, Décembre 2001
  9. Marie-Joëlle Gros, Radins et fiers de l’être, Libération, Mardi 16 octobre 2007

[modifier] Bibliographie