Radama II

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Radama II, Roi de Madagascar est né en 1829 et mourut le 11 mai 1863.

Le 12 Septembre 1862, suite à la disparition de sa mère, la reine Ranavalona 1re le 18 août 1861, le Prince Rakoto accède au pouvoir sous le nom de Radama II. Officiellement, il est considéré comme le fils de Radama 1er, mort en 1828, plus d'un an avant sa naissance. En réalité, son véritable père biologique était le Premier Ministre Andriamihaja, qui était également alors le compagnon attitré de sa mère. Il est également reconnu roi de Madagascar par la signature d'un traité d'amitié Franco-Malgache avec Napoléon III et ensuite, l'Angleterre et d'autres puissances européennes.

L'avènement de Radama II commença par soulever un immense espoir parmi ses sujets, dont beaucoup étaient las des années de privation marquant la dernière période du règne de Ranavalona qui dut se défendre de nombreux complots contre son pouvoir. Fortement influencé par son mentor, le Français Jean Laborde qui profita de son avènement pour revenir de son exil réunionnais au titre de Consul de France, Radama II entreprit aussitôt d'abolir la peine de mort et décrète une amnistie générale. Il supprime les "corvées" (à savoir le fanompoana, les travaux non rémunérés pour le compte de l'Etat et de la collectivité), réduit la durée du service militaire et libère de nombreux captifs. Il proclame la liberté des cultes et ouvre sans restriction les portes du royaume aux Européens. Il voulut aussi abolir toutes les coutumes et les institutions traditionnelles, estimant que seules celles des Européens portaient la marque de la "civilisation". Toutes ces réformes, d'apparence très "libérales" sont en fait en parfait décalage avec les réalités du pays et n'ont d'autres conséquences que de provoquer l'anarchie, tout en suscitant des troubles et de propager l'insécurité. Profitant de son influence sur le jeune souverain, Jean Laborde fit signer par celui-ci une charte accordant à Joseph Lambert, un aventurier français, un droit d'exploitation exclusif de toute la partie nord de Madagascar. Pour le Premier Ministre Rainivoninahitriniony (ou Raharo) et les autres notables que Radama II se passa même de consulter, une telle décision équivaut à brader aux puissances financières occidentales (et au-delà, à l'Etat français dont les ambitions coloniales s'affichaient ouvertement!) les ressources de la moitié du territoire national, tout en compromettant de manière irréversible l'indépendance du pays. Ils ne pouvaient donc que s'y opposer mais le roi, de plus en plus indifférent lui-même aux affaires du royaume (il préférait passer son temps aux amusements avec les menamaso, ses compagnons d'orgie!) refusa de revenir sur sa décision. Profitant alors d'une crise ouverte avec un des chefs menamaso, que le roi proposa de régler par un duel ("comme dans les pays civilisés!" ajouta-t-il!), Ranivoninahitriniony résolut d'éliminer tous les menamaso et, par la suite, le 11 mai 1863, le roi lui-même qui fut étranglé. Pour le gouvernement, il ne restait en effet que cette solution pour dénoncer la charte Lambert et préserver l'indépendance du pays.

Cette disparition brutale de Radama II suscita des troubles (des révoltes éclatèrent, certaines conduites par des individus se prétendant être Radama II lui-même, ayant échappé miraculeusement à son assassinat!) et ébranla en profondeur le système monarchique merina. Il devint en effet manifeste que l'on ne pouvait plus laisser au souverain la possibilité de conduire les affaires du royaume selon son bon plaisir. Et d'autant plus qu'en réalité, depuis Andrianampoinimerina, le pouvoir étatique merina se reposait sur l'équilibre entre le souverain, représentant aussi plus étroitement les groupes andriana et le Premier Ministre, représentant les Hova. Pour la succession de Radama II, on mit donc sur le trône sa veuve (et cousine) qui devient la reine Rasoherina, épousant pour la circonstance le Premier Ministre. Dorénavant, cette union à signification avant tout politique et protocolaire servira de modèle aux règnes suivants.

En raison des inconséquences de Radama II et des circonstances dramatiques de son élimination, la mémoire de celui-ci fut honnie par l'historiographie merina traditionnelle pour qui il n'était plus que Radama nanjaka tapany, celui qui n'a "régné qu'à moitié". D'ailleurs, le corps même du roi fut inhumé à la sauvette dans sa propriété d'Ilafy et on effaça son nom de la liste officielle des souverains. Cette vision est largement demeurée celle des nationalistes modernes pour qui Radama II était avant tout un roi traître à son propre pays, un souverain faible et influençable, foncièrement incompétent et même, passablement anarchiste. Mais comme il avait servi les ambitions coloniales françaises, les auteurs coloniaux cherchèrent longtemps à le réhabiliter, en faisant le "Prince de la Renaissance malgache".

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