Révolution roumaine de 1989

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Drapeaux de la Revolution à Musee Militaire de Bucharest
Drapeaux de la Revolution à Musee Militaire de Bucharest

La révolution roumaine de 1989 fut une série d'émeutes et de protestations qui se déroulèrent en décembre 1989 et aboutirent au renversement du régime communiste de Nicolae Ceauşescu.

De tous les pays de l'Est ayant renversé le régime communiste après la chute du mur de Berlin au cours de l'automne et l'hiver 1989-1990, la Roumanie fut le seul où cette métamorphose se fit dans le sang : 1 104 morts (dont 564 à Bucarest, 93 à Timişoara, 90 à Sibiu, 66 à Braşov, 26 à Cluj-Napoca) et 3 321 blessés (dont 1 761 à Bucarest).

Sommaire

[modifier] Avant la révolution

Comme dans la majorité des pays de l’Europe de l’Est, la population était mécontente de la situation générale du pays. La politique économique de Ceauşescu (un régime exsangue, n'ayant aucun recours à des dettes externes, combiné à des projets de constructions surdimensionnées) avait mené à l’appauvrissement de la population. La pauvreté et le régime de suppression des libertés d’opinion renforcé, par la police secrète (Securitate), ont peut-être constitué les principales raisons du déclenchement de la révolution. (Mais l'implication de services secrets étrangers dans le déclenchement est assez probable). Même après la chute du Mur de Berlin et du président du Bulgarie Todor Jivkov, le président roumain, Ceauşescu, a continué d’ignorer le danger proche.

[modifier] Début à Timişoara

Le 17 mars 1989, six anciens membres du Parti Communiste Roumain critiquent dans une lettre ouverte la politique économique de N. Ceausescu. Mais en très peu de temps, Ceauşescu obtient une "victoire d’image", car la Roumanie parvient à acquitter toute sa dette externe; et il est réélu président le 26 novembre. Le 16 décembre a lieu une manifestation contre l’évacuation d’un pasteur d’origine hongroise que la Sécuritate voulait déporter. La manifestation change bientôt de but, et la foule commence à chanter des chants anti-communistes. La Sécurité réagit avec des gaz lacrymogène et des canons à eau. La manifestation continue le 17 décembre, et l’armée intervient : des combats dans la rue, des voitures incendiées, des coups de feu, et l’armée envoie des blindés. Mais la manifestation s'arrête. Le 18 décembre, un groupe de 30 jeunes arbore des drapeaux tricolores sans l’insigne communiste et chantent l’ancien hymne national.

Le 20 décembre, 100 000 ouvriers rentrent dans la ville de Timisoara et ils commencent à manifester contre le gouvernement. « Nous sommes le peuple », «  L’armée est avec nous ». Les ouvriers qui avaient été envoyés dans d’autres parties du pays pour réprimer les mouvements de Timisoara rejoignent les protestataires.

[modifier] La capitale - Bucarest

Les événements du Timisoara ont été décrits par les radios étrangères et écoutés clandestinement par les roumains. De retour d’un voyage en Iran, Ceauşescu trouve une situation déjà dégradée en Roumanie. Le 21 décembre, il tient un discours à Bucarest. La foule commence à s’agiter et peu après un mouvement de protestation commence. Les tentatives de Ceauşescu de calmer la foule restent célèbres : "a-lo! a-lo! a-lo! Alo, attendez tranquillement, chacun à sa place! a-lo! a-lo!". Les gens crient «  Changez le dictateur » . Dans le même temps, de plus en plus de gens sortent dans la rue. L’armée commence à réprimer le mouvement avant 3 heures de matin. Un journaliste français, Jean Louis Calderon, est tué.

[modifier] Télédiffusion

La révolution roumaine de 1989 a été la première révolution télédiffusée en direct de l'Histoire. Les principaux événements ont eu lieu à Timişoara et Bucarest, dans la semaine précédent Noël 1989. Les manifestations et des actions armées ont eu un caractère anti-communiste et la tentative de répression a été brutale, faisant plus de 1 300 victimes.

[modifier] Les services secrets

En 1978, le lieutenant général Ion Mihai Pacepa, vétéran de la Securitate (les services secrets roumains), avait fait défection et s'était réfugié aux États-Unis, portant un coup sévère au régime, et contraignant Ceauşescu à revoir toute l'« architecture » de la Securitate. En 1986, Pacepa devait révéler, dans son livre Red Horizons: Chronicles of a Communist Spy Chief[1], divers détails sur le régime de Ceauşescu, tels que sa collaboration avec des terroristes arabes, ses entreprises d'espionnage industriel aux États-Unis et ses efforts constants et élaborés pour obtenir le soutien des pays occidentaux.

[modifier] Le déroulement des évènements

"a-lo! a-lo! a-lo! Alo, attendez tranquillement, chacun à sa place! a-lo! a-lo!"
prononcé par Ceausescu depuis son balcon face à la foule peu de temps avant sa mort, lors de la Révolution roumaine de 1989

Le régime de Ceauşescu s'effondra après avoir ordonné aux forces armées et à la Securitate d'ouvrir le feu sur les manifestants anti-communistes dans la ville de Timişoara le 17 décembre 1989. Les manifestations faisaient suite à la tentative d'expulsion, par le régime, du pasteur hongrois László Tőkés; la rébellion se propagea à Bucarest, probablement aiguillonnée par la décision peu opportune de Ceauşescu d'y organiser le 21 décembre 1989 un rassemblement de masse, censé confirmer le soutien populaire au régime. La manifestation, diffusée en direct à la télévision, se transforma en une démonstration massive de protestation contre le régime. Huit minutes après le début du discours de Ceauşescu la foule criait « Timişoara » et Ceauşescu interrompit son discours avec inquiétude alors que la transmission télévisée était coupée. Le lendemain les manifestants envahissaient le palais présidentiel où habitaient les Ceauşescu. Ceux-ci rejoignirent un hélicoptère sur le toit du palais pour s'enfuir avec deux conseillers et trois hommes d'équipage, dans le but de rejoindre un palais de province et de rassembler les forces encore fidèles au régime. Les manifestants s'attaquèrent ensuite à la chaîne de télévision publique et à 13h parvenaient à en prendre le contrôle. Les forces armées fraternisèrent spontanément avec les manifestants.

[modifier] La mort du dictateur

Selon la version officielle ultérieure, Nicolae et Elena Ceauşescu prirent la fuite du palais présidentiel en hélicoptère, prétendument en prenant en otage son pilote, menacé à l'aide d'une arme à feu. A cause de manque de carburant, le pilote posa l'hélicoptère dans la campagne, à proximité des bâtiments d'une ferme. S'en serait suivi une fuite erratique du couple présidentiel, au cours de laquelle il aurait notamment été pris en chasse par des citoyens insurgés tentant de les arrêter, avant de parvenir à trouver un répit de courte durée dans une école. Ils auraient finalement été retenus prisonniers pendant plusieurs heures dans une voiture de police, les policiers restant dans l'expectative et écoutant la radio pour deviner dans quel sens le vent allait tourner, avant d'être livrés aux forces armées.

Selon d'autres hypothèses, le général Stanculescu aurait œuvré pour des puissances étrangères (la CIA et le KGB voulant tous deux se débarrasser du dirigeant) et le détournement de l'hélicoptère présidentiel ne serait pas dû au hasard.

Le 25 décembre 1989[2], à la suite d'un procès expéditif de 55 minutes rendu par un tribunal auto-proclamé (une cour martiale de complaisance), réuni en secret dans une école de Târgovişte à 50 km de Bucarest, Nicolae Ceauşescu et Elena Petrescu, étaient déclarés coupables de génocide, étaient condamnés à mort et aussitôt exécutés dans la base militaire de Târgovişte. Le soir même les images des corps du couple Ceauşescu furent diffusées à la télévision. Ils sont enterrés dans un cimetière de Bucarest dans une tombe sans nom.

[modifier] Le nouveau pouvoir

Timbre roumain commemorant la Revolution
Timbre roumain commemorant la Revolution

Après la fuite de Ceauşescu, le chaos s’installe à Bucarest. Les révoltés envahissent le bâtiment du Comité Central et les bureaux sont vandalisés. Les portraits du dictateur sont jetés. La télévision roumaine recommence à émettre , Mircea Dinescu et Ion Caramitru apparaissent avec un groupe de révoltés et annoncent la fuite du dictateur. La suite n'est pas vraiment claire. Des nouveaux gouvernements se forment, avec des membres du parti communiste. La foule demande un gouvernement sans communistes. Partout, il apparaît des assassins cachés qui commencent à tirer dans la population. Ils sont appelés terroristes. On demande à l’armée de défendre la télévision. Celle-ci transmet des informations contradictoires. Il y a des nombreux morts et des dégâts matériels. A l’aéroport Otopeni, deux compagnies de l’armée luttent l’une contre l’autre, en disant qu’ils luttent contre les terroristes. Dans l'après-midi Iliescu, Roman et Voican établissent un gouvernement provisoire et Ion Iliescu (ancien du régime Communiste) annonce à la télévision la création du Front du Salut National Les « terroristes » , attaquent des lieux importants de la vie sociopolitique – la radio, la télévision, le centre de presse, les aéroports, et le ministère de la défense. La nuit du 22 au 23 décembre, les citoyens restent dans les rues et dans les zones de siège pour protéger les institutions libérées.

En 1990, Ion Iliescu, fondateur du Front du Salut National, dignitaire du régime communiste reconverti dans la démocratie « à l'occidentale », remporte la première élection présidentielle de l'ère post-communiste.

[modifier] Analyse

Aujourd’hui, après 18 ans, on ne sait pas encore la vérité. Il y a plusieurs hypothèses :

  • une révolution spontanée,
  • un coup d’état interne,
  • un coup d’état avec l'aide de services secrets étrangers.

L’identité de ces « terroristes » est resté un mystère jusqu'à présent, ainsi que leur relation avec le régime actuel. Aucun « terroriste » n’a été retrouvé ou condamné. D’après quelques informations, c’était un coup d’état, et le général Stanculescu aurait créé des « scénarios » avec des terroristes pour maintenir la peur .

L’exécution d’un président sans un procès est considéré comme regrettable, et l’élection d’un régime semi communiste aussi. Selon d'autres hypothèses, le général Stanculescu aurait œuvré pour des puissances étrangères (la CIA et le KGB voulant tous deux se débarrasser du dirigeant) et le détournement de l'hélicoptère présidentiel ne serait pas dû au hasard.

Les livres sur ce sujet présentent des opinions divergentes, ainsi que les manuels d’histoire. Et avec le temps qui passent, les choses deviennent de moins en moins claires

[modifier] Références

  • La révolution roumaine de 1989 (Adrian Balan)
  • Victor Loupan, "La révolution n'a pas eu lieu - histoire d'un coup d'état", Robert Laffont, 1990
  • Transcription du procès http://laroumanie.free.fr/page/proces1.html.
  • Domniţa Ştefănescu, Cinq ans, 1995. Editura "Maşina de Scris", Bucureşti.
  • Viorel Patrichi, "La sosie de Nicolae Ceauşescu", Lumea Magazin Nr. 12, 2001.
  • Marian Oprea, "Apres 15 ani", Lumea Magazin Nr. 10, 2004.
  • "Suicide ?" , Jurnalul Naţional 30 décembre 2004.
  • Discours de Nicolae Ceauşescu, 20 décembre 1989.
  • Mark Almond, Uprising: Political Upheavals that have Shaped the World (Răscoală: Schimbări politice care au cutremurat lumea), 2002. Mitchell Beazley, London.
  • Liens Videos
    • Înregistrare video din 20 décembre 1989 de la Timişoara
    • Faceţi culoarul liber să treacă tovarăşul Bălan! - înregistrare video din 22 decembrie 1989 de la Timişoara
    • Înregistrarea video cu ultimul discurs al lui Nicolae Ceauşescu în Piaţa Republicii
    • Eseu foto anonim despre Revoluţia Română din 1989

[modifier] Notes et références

  1. publié en France en 1988, sous le titre Horizons rouges (Paris : Presses de la Cité. 323 p.)
  2. http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CAB02036560 Journal télévisé d'Antenne 2 du 26 décembre 1989 qui relate l'exécution des Ceauşescu (Archive INA)