Règle et statuts de l'ordre du Temple

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La règle de l'ordre du Temple s'inspire de la règle de saint Benoît en empruntant quelques éléments à la règle de saint Augustin. Elle est toutefois adaptée au genre de vie active que menaient les frères templiers qui étaient des militaires. Par ailleurs, la règle et les statuts étaient adaptés à la dualité de l'ordre, de même que certains articles concernaient aussi bien la vie en Occident que la vie en Orient.

Sommaire

[modifier] La règle primitive

L'étude définitive sur la chronologie et le texte de la règle du Temple a été menée par Simonetta Cerrini, dans sa thèse de doctorat soutenue en 1998 ("Une expérience neuve au sein de la spiritualité médiévale: l'ordre du temple (1120-1314). Etude et édition des règles latine et française", sous la direction de Geneviève Hasenohr.

Résumé officiel (Sudoc): LA PREMIERE PARTIE DE CETTE THESE CONTIENT L'EDITION CRITIQUE DE LA REGLE DE L'ORDRE DU TEMPLE (1120-1314), LE PREMIER ORDRE RELIGIEUX-MILITAIRE DE LA CHRETIENTE. L'EDITION DU TEXTE LATIN APPROUVée AU CONCILE DE TROYES (1129), EST SUIVIE PAR CELLE DE LA VERSION EN LANGUE D'OIL. LES DEUX EDITIONS SONT AUGMENTEES D'UN APPARAT DES VARIANTES ET D'UN APPARAT DES SOURCES, AINSI QUE D'UN GLOSSAIRE. UN CHAPITRE EST CONSACRE A L'ANALYSE DE LA TRADITION DE LA REGLE ET DES STATUTS : ON Y TROUVERA UNE LISTE DES MENTIONS DE CES TEXTES DANS DES INVENTAIRES DE BIBLIOTHEQUES MEDIEVALES, AINSI QUE LE RECENSEMENT ET LA DESCRIPTION DES MANUSCRITS SUBSISTANTS DE TEXTES NORMATIFS DE L'ORDRE. LA DEUXIEME PARTIE CONTIENT L'ETUDE DE LA GENESE DE LA REGLE QUI COMPORTE L'ANALYSE DU PROLOGUE, L'IDENTIFICATION DES PARTICIPANTS AU CONCILE, L'ATTRIBUTION A HUGUES DE PAYNS, PREMIER GRAND MAITRE, DE LA LETTRE CHRISTI MILITIBUS, ET L'ANTICIPATION DE LA DATE DE CETTE DERNIERE ET DU DE LAUDE NOVE MILITIE DE SAINT BERNARD AVANT LE CONCILE DE TROYES. DANS LA TROISIEME PARTIE, LE RESUME ET LE COMMENTAIRE DES TEXTES LATIN ET FRANCAIS RENDENT COMPTE DE L'ESPRIT DE LA REGLE. L'ANALYSE DES SOURCES DE LA REGLE - ESSENTIELLEMENT LA REGLE DE SAINT BENOIT-, LE REPERAGE DE LOCI PARALLELI AINSI QUE L'APPROFONDISSEMENT DE CERTAINS ARTICLES MONTRENT L'EFFORT POUR CANALISER DANS DES VOIES INSTITUTIONNELLES LA NOUVEAUTE DE L'ORDRE, OU LE FRERE DU TEMPLE ETAIT EN MEME TEMPS UN CHEVALIER. UNE TENDANCE 'ANTI-ASCETIQUE' ET UNE TENDANCE 'ANTI-HEROIQUE' SONT MISES EN VALEUR : LA REGLE VEILLE A LA BONNE CONDITION PHYSIQUE DES TEMPLIERS POUR AFFRONTER LE COMBAT, MAIS ELLE REPROUVE LA CHASSE, LA 'PROUESSE' ET LA 'LARGESSE', USAGES TYPIQUES DE LA CHEVALERIE. LE COMMENTAIRE DE LA VERSION FRANCAISE ILLUSTRE LES DIVERGENCES DE LA TRADUCTION VIS-A-VIS DU TEXTE LATIN. ON EMET L'HYPOTHESE QUE LE TEXTE LATIN CONSTITUE UNE SORTE DE PROCES-VERBAL DU CONCILE, ALORS QUE LE PLAN FRANCAIS, TRES DIFFERENT ET PLUS RATIONNEL, POURRAIT CORRESPONDRE A CELUI QUI FUT EXPOSE PAR HUGUES DE PAYNS LORS DU CONCILE DE TROYES. LA VERSION FRANCAISE MONTRE QU'UNE FOIS LE STATUS DU TEMPLIER FUT APPROUVE PAR LE CONCILE, LES EXIGENCES PRATIQUES PRIRENT LE PAS SUR L'ESPRIT DE LA REGLE.

Datée de 1129, la règle primitive ou latine car écrite en latin, est annexée au procès-verbal du concile de Troyes. Elle est introduite par un prologue constitué de vingt-quatre articles. Elle comprend un total de 72 articles.

[modifier] La règle française

Vers 1138, sous la maîtrise du deuxième maître de l'ordre du Temple, Robert de Craon (1136-1149), la règle primitive est traduite en français. A cette occasion, certains articles sont supprimés, d'autres modifiés, et le plan général est remanié de façon à regrouper les articles portant sur le même sujet. Ainsi, tous les articles concernant la réception dans l'ordre sont rassemblés au début du manuscrit. La période de noviciat d'un an devient une mise à l'épreuve et l'interdiction de côtoyer les excommuniés dans la règle latine est assouplie grâce à un subtil changement de sens (suppression d'une négation) au moment de la traduction. Ceci permettait un plus large recrutement, y compris parmi les chevaliers pécheurs (mais repentants). Dans ce cas, les excommuniés devaient être absous par l'évêque concerné[1]. Les chevaliers excommuniés doivent donc se réconcilier avec l'Eglise avant de rejoindre l'ordre. La règle précise que les frères ne doivent pas avoir affaire à un excommunié dans d'autres circonstances. Le but est de permettre aux pêcheurs de trouver la voie du salut. De plus, la règle française indique pour la première fois que l'ordre dispose de ses propres prêtres qui sont placés sous l'autorité du maître et par conséquent du pape (et non de l'évêque du lieu, ce qui ne manquera pas de provoquer des conflits)[réf. nécessaire]. La Règle française s'ouvre sur un discours emphathique qui s'adresse directement aux frères : " Vous, qui renoncez à vos propres volontés pour être les serviteurs du souverain roi, par les chevaux et par les armes, pour le salut de vos âmes, (...)"

[modifier] Les retraits

Les retraits ou retrais [2] [3] sont des articles statutaires qui ont été ajoutés à la version française de la règle. Ils sont écrits en français. Ils apportent un éclaircissement sur :

  • la hiérarchie de l'ordre (articles 77 à 197)
  • l'organisation conventuelle de l'ordre (articles 279 à 415)
  • la justice au sein de l'ordre : les pénalités (articles 224 à 278), les pénitences (articles 416 à 543), les détails et exemples de pénalités (articles 544 à 656)
  • deux rituels :
    • le mode d'élection du maître de l'ordre (articles 198 à 222)
    • les étapes de la réception dans l'ordre (articles 657 à 686)

Selon les historiens, il faut compter quatre à cinq rédactions différentes des retraits datés d'avant 1187 pour la hiérarchie et entre 1200 et 1257 pour la justice. Il est probable que les premiers retraits aient été rédigés à l'époque du maître Bertrand de Blanquefort [4].

[modifier] Les manuscrits de la règle

La redécouverte de la règle primitive de l'ordre du Temple date de 1610. Il s'agit du manuscrit de l'abbaye Saint-Victor, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France.

Sa traduction a été réalisée par le doyen de la faculté d'Anvers et historien, Aubert le Mire (1573-1640), qui est aussi à l'initiative des premières publications au début du XVIIe siècle. Par la suite, d'autres traductions vont être publiées dans le courant du XVIIe et du XVIIIe siècle. Une traduction en anglais est publiée en 1623, à Londres.

Ces textes s'inscrivent dans trois types d'ouvrages sur :

  • les constitutions et les chroniques de Cîteaux
  • les actes des conciles
  • les ordres de chevalerie

Par la suite, les historiens vont découvrir dans les fonds d'archives européens d'autres manuscrits qui permettront de compléter les connaissances sur l'ordre du Temple. Nous sont parvenus :

  • 6 manuscrits de la Règle latine : Bruges, Londres, Nîmes, Paris, Munich et Prague.
  • 2 manuscrits des retraits : Paris et le Vatican
  • 4 manuscrits de la Règle française et retraits : Paris, Dijon, Rome et Baltimore.
  • 1 manuscrit des retraits : Barcelone

Une quinzaine de manuscrits répertoriés dans les fonds anciens de bibliothèques ont aujourd'hui été perdu.[5]

[modifier] Notes

  1. La vie des Templiers, Marion Melville,1974, Gallimard, page 52
  2. Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Alain Demurger, 2005, Seuil, page 103
  3. La vie des Templiers, Marion Melville, 1974, Gallimard, page 97
  4. La vie des Templiers, Marion Melville, 1974, Gallimard, page 98
  5. Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Alain Demurger, 2005, Seuil, page 106

[modifier] Références

  • Laurent Dailliez, Règles et statuts de l'Ordre du Temple, (version originale et traduction française) éditions Dervy, 1997 ISBN 2850767336
  • Bruno Hapel, L'ordre du Temple, les textes fondateurs, Paris, Guy Trédaniel, 1991