Première Guerre servile

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La première guerre servile est le nom donné au soulèvement d'esclaves qui se déroula en Sicile de 139 av. J.-C. à 132 av. J.-C., soulèvement mené par l'esclave Eunus (ou Eunos), magicien syrien, au départ de la ville d'Enna. Ce n'est qu'après sept années de massacres et de ravages, après plusieurs défaites des troupes romaines que des armées consulaires mirent fin à la révolte.

Sommaire

[modifier] Contexte

La première guerre servile prend place dans une période de troubles en Sicile, province romaine depuis la fin de la première guerre punique. Elle est due à la condition misérable des esclaves livrés à eux-mêmes sur des terres accaparées par un petit nombre de grands propriétaires et à la dureté, voire la cruauté, de certains d'entre eux.

A cette époque, la Sicile est une terre fertile, grenier à blé de Rome, qui compte de vastes latifundia où travaillent de nombreux esclaves cantonnés en ergastules. Elle compte également d'importantes régions de pâtures où un grand nombre d'esclaves, souvent originaires de l'Orient hellénistique, sont bergers. Pour subvenir à leur besoins, ceux-ci vivent de rapines et de brigandage au détriment des petits propriétaires, particulièrement au centre de l'île, dans la région d'Enna et à l'ouest, dans celle de Ségeste et Lilybée. Cette situation entraine une grande insécurité à laquelle Rome ne remédie cependant pas, car elle n'atteint pas la classe supérieure de l'île.

[modifier] La révolte

Le soulèvement débute en 139 av. J.-C. à Enna, provoqué par la cruauté d'un maître du nom de Damophile contre lequel ses esclaves se révoltent. Sous la conduite d'Eunus, un berger syrien originaire d’Apamée, magicien et prophète, une troupe de 400 esclaves entre dans les maisons d'Enna et massacre les habitants.

Les rangs de cette troupe grossissent rapidement pour bientôt compter plusieurs milliers de révoltés qui libèrent les esclaves des ergastules et ravagent les fortins, villages et villes, s'emparant de Enna, Taormina, Heraclea et Morgantina. Une autre troupe, menée par un certain Cléon de Cilicie, forte d'environ 5000 hommes, se forme dans le sud de l'île et dévaste la région d'Agrigente. Les deux groupes d'esclaves s'unissent, Cléon prêtant allégeance à Eunus qui, élu roi, prend le nom d'Antiochus et jette les bases d'un royaume d'esclaves.

Entre 138 et 135 av. J.-C. plusieurs préteurs romains envoyés en Sicile sont battus par les esclaves dont l'armée atteint le chiffre de 60.000 à 200.000 hommes. Rome envoie alors le consul C. Fulvius puis, en 133 av. J.-C., le consul Calpurnius Pison qui défait pour la première fois l'armée servile à Messana et reconquiert la région de Morgantina.

En 132 av. J.-C., le consul Publius Rupilius conquiert les villes de Taormina et d'Enna, en réduisant les esclaves assiégés à la famine. Cléon est tué des mains même de Rupilius lors du siège d'Enna et Eunus, capturé, meurt dans une prison de Morgantina. Rupilius promulgue alors une lex Rupilia pour l'administration de la Sicile. La même année, une dernière campagne du général Marcus Perperna achèvera la déroute des esclaves qui seront mis en croix.

[modifier] Conséquences

Ces événements influèrent sur la vie politique à Rome, et la question de la loi agraire : les Gracques tirèrent argument de cette révolte pour critiquer le risque induit par les vastes latifundiae esclavagistes, et prôner le retour à la petite propriété en distribuant des terres aux citoyens démunis.[1]

[modifier] Notes et références

  1. Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, p.190

[modifier] Sources

  • Florus, Abrégé d'histoire romaine, III, XX
  • Diodore de Sicile, Histoire universelle, XXXIV
  • William Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, Londres, 1844
  • Theodor Mommsen, Histoire de Rome, livre IV.
  • Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, Ed Perrin, 1990, réédité en 2005, (ISBN 2262018979)

[modifier] Voir aussi

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