Pourquoi pas moi ?

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Pourquoi pas moi ? est un film français écrit et réalisé par Stéphane Giusti, sorti en 1999.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Camille est la fondatrice, avec ses amis Nico et Eva, d’une maison d’édition spécialisée dans le manga et la science fiction, à Barcelone. Elle vit depuis plus de trois ans avec Ariane, une étudiante de bonne famille surdiplômée qui n’a pas su encore choisir sa vocation professionnelle. Nico et Eva sont célibataires et homosexuels, ont des aventures chacun de son côté mais habitent ensemble et jouent la comédie du couple sur le point de se marier pour les parents d’Eva.

Camille, exaspérée par cette situation qui n’a que trop duré, a l’idée, avec sa mère Josépha (une bourgeoise fantasque), de proposer un week-end dans la belle demeure familiale, réunissant tous les parents, afin de faire un coming-out collectif et libérateur. Après les réticences de chacun, le week-end est finalement organisé.

Les parents arrivent petit à petit. D’abord, Sara Manuel, la mère de Nico, une grande dame de la chanson, paranoïaque à l’idée d’être suivie par des paparazzi. Ensuite, José Bailén «el Rubio», célèbre torero venant de se retirer, le père d’Eva et Malou, sa mère un peu naïve. Lili, la secrétaire de la maison d’édition, bien qu’hétérosexuelle, participe également au week-end avec ses parents, Diane et Tony, chanteurs de bal un peu ringards, juste pour voir leur réaction. Enfin, les parents d’Ariane, Alain (professeur de biologie très sévère) et Irène, femme d’affaires très indépendante et à fort caractère, arrivent les derniers.

Les parents sont d’abord sur leurs gardes, voire perplexes, ne comprenant pas pourquoi leurs enfants ont voulu les réunir. Ils sont en outre surpris de se découvrir mutuellement entre célébrités. Sara est la plus irritée et s’enferme dans sa chambre, ne voulant pas voir tous ces gens, en particulier Diane et Tony. Elle se dispute avec son fils à ce sujet. Il en profite pour lui annoncer qu’il est homosexuel et sort de la chambre, visiblement libéré d’un poids.

Au salon, José et Malou reconnaissent Diane et Tony, qu’ils avaient écouté l’été précédent dans un bal populaire, lorsqu’ils jouaient la chanson du jour de leur rencontre. Ils leur demandent de la chanter pour tout le monde. Diane chante alors « Abrázame » - un titre de Julio Iglesias – et, au milieu de la chanson, Sara Manuel intervient et transforme la chanson en duo. Il se révèle alors qu’elles se connaissent très bien puisqu’elles ont débuté ensemble, avant que Sara parte tenter sa chance en Italie et devienne une star. Diane n’en avait jamais parlé à Tony.

Le repas va bientôt avoir lieu. Eva et Ariane sont très stressées et décident de boire pour se donner du courage. Josépha prend la parole avec Camille et explique aux autres parents dans quelles conditions sa fille lui a expliqué son homosexualité et comment elle l’a pris et la soutient depuis. Ariane prend la suite et annonce à ses parents qu’elle vit avec Camille et qu’elle l’aime depuis trois ans. Lili intervient : « Moi aussi je suis lesbienne », Nico annonce qu’il est gay également puis, enfin, Eva. Son père réagit violemment et sa mère se met à pleurer. Le père d’Ariane exige de partir sur le champ. Ariane et Eva quittent la table.

Les parents de Lili sont beaucoup plus ouverts, se proclamant de gauche et amateurs de reggae et du Che. Sara Manuel se dit fière de ce que viennent de faire leurs enfants. Elle regarde Diane afin d’avoir son approbation et annonce aux autres parents que, jeunes, Diane et elle étaient ensemble, ont vécu un amour intense avant que les parents de Diane ne les séparent. Tony est abattu et Lili aussi (elle regrette un peu d’avoir participé à ce coming-out). Bien qu’elle dise que son coming-out était faux, qu’elle aime les hommes, son père reste abasourdi.

Ne supportant plus la tension, Eva, Lili, Nico et Ariane décident de partir en ville pour aller danser. Ariane en profite même pour rompre avec Camille : elle se sent libérée d’un poids et lui dit que c’était elle qui l’empêchait d’avancer. Camille accuse le coup. Ariane monte dans la voiture avec Eva et les autres mais ils sont rejoints in extremis par Irène, sa mère, qui veut sortir avec eux afin de la comprendre.

Dans la discothèque, Irène se fait draguer par une jeune fille, qui lui offre un verre et l’embrasse. Irène est un peu perturbée mais embrasse affectueusement sa fille. Eva, de son côté, rencontre à nouveau Tina, une dessinatrice de manga dont elle est tombée amoureuse depuis le début du film mais avec qui elle n’arrive pas à communiquer. Finalement, sur la plage, Tina vient à sa rencontre et parle enfin ouvertement avec elle. Elles s’embrassent et fixent les conditions de leur relation.

Irène, Eva et Tina reviennent à la maison de campagne. Les parents restants font le point, s’ouvrent petit à petit à Josépha et essaient de comprendre. Tous y arrivent sauf Alain. Sa femme décide de le quitter pour cette raison. Elle va dormir avec Josépha (le film reste ambigu sur ce qui a pu se passer entre elles pendant la nuit). Sara et Diane retombent amoureuses comme autrefois et décident de vivre ensemble. Diane s’ouvre à Tony, qui parvient à la comprendre. Camille, elle, alertée par Tina qui lui dit qu’Ariane était en train de se faire draguer par la barmaid de la discothèque, prend la voiture et descend en ville la chercher. Elles se disputent puis se réconcilient tendrement.

Le lendemain, les parents repartent chacun de leur côté et le film s’achève par une scène où Nico, dans son club de football, décide de déclarer sa flamme à Manuel, un nouveau de son équipe dont il est tombé amoureux. Il sort du vestiaire et se retrouve sur le terrain illuminé de nombreuses bougies. Un réplique à taille humaine du petit autel à la Vierge Marie qu’il a dans sa chambre où il faisait brûler des cierges pour voir son vœu exaucé, descend du ciel avec Manuel assis dessus, au pied de la vierge, qui chante le titre « Crazy » de Patsy Cline. Tous les autres personnages du film sont sur le bord du terrain et observent la scène. Manuel descend et embrasse Nico tandis que la caméra s’élève.

[modifier] Fiche technique

  • Titre : Pourquoi pas moi ?
  • Réalisation : Stéphane Giusti
  • Scénario : Stéphane Giusti
  • Genre : Comédie
  • Durée : 95 min
  • Sortie : 1999

[modifier] Commentaires

Barcelone : L’action se déroule à Barcelone, quoique cela ne soit jamais mentionné dans le film et que l’environnement soit totalement francophone. On reconnaît la ville dans plusieurs plans extérieurs : avenue Diagonal, vue aérienne nocturne depuis le Tibidabo, quartier du Born, etc. Quelques références à l’Espagne sont faites dans le film : le personnage de Johnny Hallyday est torero, la chanson de Diane et Sara Manuel est en espagnol (ainsi qu’en italien), Eva dit qu’elle souhaite se soûler et que Tina la récupère « borracha » (soûle, en espagnol) dans le caniveau. Toutefois, ces références à l’Espagne ne sont pas confirmées par les dialogues, tous les personnages s’exprimant en français, ni par certains détails (plaques d’immatriculation françaises en particulier). Cette imprécision participe globalement à l’atmosphère onirique du film et à son climat particulier.


Ambiance, caractérisation : le film est très coloré et les décors sont fournis. On peut même noter un recours volontaire au kitsch, rappelant ça et là le style de Pedro Almodovar. La décoration de l’appartement d’Eva et Nico, les tenues Castelbajac de Malou, le confident aux loukoums d’Irène dans sa scène de présentation, etc.


Cadrages et effets : le réalisateur joue avec certains mouvements de caméra et placements de personnages originaux. Lors de scènes clé (chanson Diane / Sara, repas, rupture Ariane / Camille, etc.), les personnages sortent du cadre d’un côté et ressurgissent comme par magie d’un autre côté où on ne les attendait pas. Une scène originale est aussi celle où la proposition d’organiser le repas coming-out est lancée : chacun réagit aux propos des autres et lance ses répliques depuis un lieu différent (Nico au football, Eva dans une discothèque, Camille et Ariane dans leur appartement, Lili depuis sont bureau), dans une scène où, en théorie, tout le monde dialogue dans la même pièce. Ces effets renforcent le caractère onirique du film, le comble étant atteint lors de la scène finale (autel soucoupe volante décoré de façon kitsch avec une Vierge qui chante, descendant sur stade éclairé par des centaines de bougies).


Dialogues : le film est avant tout une comédie dont les dialogues de certaines scènes sont assez enlevés.

Malou (après que Tony a dit qu’il vote à gauche, qu’il écoute du reggae et qu’il a un poster du Che dans sa camionnette et que, donc, il n’a rien à reprocher à sa fille si elle est lesbienne) : « Ben moi aussi j’ai voté Jospin. » José : « Toi !? » Malou : « Oui… oui j’ai voté Jospin. C’est quand même pas une raison pour que ma fille soit lesbienne ! »

Tony : « D’abord c’est ma fille qui est lesbienne, maintenant c’est ma femme ! Mais ça va s’arrêter où ? » Lili : « Bon, et bien moi j’ai menti, c’est pas vrai, j’aime pas les filles. » Diane : « Attends, mais tu te fous de moi ? » Josépha : « Vous voyez, tout s’arrange. Il n’y a plus que votre femme qui est lesbienne ! Et le Che ? Vous pensez au Che ? » Tony : « Le Che je l’emmerde. Ce n’est pas lui qui a une femme lesbienne. Bon, je m’en vais téléphoner à ma mère. On ne sait jamais, avec la loi des séries… ». Nico : « Bon… bon, ben… à qui le tour ? »


Josépha (exaspérée par l’attitude des jeunes qui craignent de faire leur coming-out) : « Oh, un peu de respect pour les morts de Strongewall ». Nico: « Stonewall » Eva : « Stonewall » Ariane : « Y avait pas de mort ! » Josépha : « Oh, là ou ailleurs, il a bien fallu qu’il y en ait ! »

Irène (à sa fille, essayant de comprendre pourquoi elle n’aime pas les garçons) : « Mais, ma chérie, les hommes ont une queue, tu es au courant ? On ne va pas leur enlever cela, quand même ! »

[modifier] Distribution

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