Place des Jacobins (Le Mans)

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Place des Jacobins
Vue à partir de la Cathédrale
Pays France France
Région Pays de la Loire
Ville Le Mans
Quartier Jacobins Republique (Secteur Centre)
Tenant Rue du 33ème Mobile
Aboutissant Rue Wilbur-Wright
Morphologie
Type Place semi-fermée
Forme Carré
Histoire
Création 1791
Anciens noms Place de la Promenade / Place du Marché-aux-Boeufs / Place de la .

Butte-aux-canons

Monuments Cathédrale - Jet d'Eau - Théâtre


La place des jacobins est l'une des places phares de la ville du Mans, en France. Elle se situe juste en face de la Cathédrale Saint-Julien, avec le théâtre municipal à l'Est et la Cité Judiciaire au Sud. Elle a autrefois accueilli le couvent des jacobins, aujourd'hui remplacé par des quinconces. En vérité, le lieu est certainement le premier de la ville à avoir été habité, même avant le vieux Mans.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] A l'origine

Le site était à la base un vallon où coulait un ruisseau dérivé de la Sarthe, toute proche en contrebas. Au Moyen âge, le ruisseau semble avoir été dérivé alors qu'aujourd'hui la dérivation continue dans les égouts de la ville. Le vallon a été symboliquement appelé "vallon d'Isaac".

Le quartier était déjà occupé à l'époque Gallo-romaine. Des fouilles ont été effectuées dans les années 1980 lors de la création de la cité Judiciaire et du parking de l'étoile. Depuis, deux schémas ont été trouvés. La première occupation serait Gauloise avec des constructions en bois et en terre. Les restes ont été retrouvés au fond du vallon. Le règne de Claude entre 41 et 54 après Jésus-Christ verrait l'avénement de nouveaux travaux de remblais et de déblais. On a vu par exemple l'aménagement de thermes publics, actuellement situées dans les sous-sols de l'école des Beaux-arts. Le sous-sol et les trouvailles témoignent de la romanisation de la ville, soit un souci et un effort d'adaptation de l'élément naturel.

[modifier] A l'époque Gallo-romaine

Reconstitution archéologique du Mans selon différentes periodes
Reconstitution archéologique du Mans selon différentes periodes

De l'époque Gallo-romaine a été retrouvé un vestige des plus importants : un amphithéâtre. Peu d'informations vraiment fiables ont été trouvées sur ce dernier et son existence, si elle n'est pas spéculative, a d'abord été une supposition. Les premières informations trouvées remontent à la Révolution française alors que sa disparition totale ne sera qu'en 1833. On estime que le bâtiment faisait entre 100 et 110 mètres de diamètre. L'incertitude demeure quant à savoir s'il s'agissait d'un cercle entier ou d'un demi-cercle simple de gradins. En vérité, l'hésitation est également de mise pour l'identification pure et simple. Le Courier du patriote du 26 février 1792 a directement nommé l'édifice amphithéâtre, mais l'on s'est aperçu bien plus tard que l'édifice ressemblait plus à une véritable arène. De plus, les dénominations des rues alentours conservées depuis des décennies font pencher la balance: rue du cirque, rue des Gladiateurs... Suite à de nombreux croquis réalisés depuis la fin du XVIIIe siècle, la base du bâtiment s'est petit à petit perdue suite aux très nombreux plans de construction qui ont été refaits. L'étagement naturel se prêtait particulièrement à la construction d'un tel édifice. Par ailleurs, le testament de l'abbé Bertrand, daté de 616 AP J.-C signale bien en latin, la présence des arènes non loin d'un champ de vigne: "Viniolas secus arenas". Le lieu restera longtemps une terre de vigne, en contrebas de la cité située sur la bute du vallon. Cette dernière est créée véritablement en même temps que les remparts pour donner une véritable enceinte fortifiée. Cependant cette création aura pour effet de recroqueviller la ville sur elle-même et de faire un "intra-muros" difficilement expansible. La place des jacobins, demeure terre de vigne, irriguée par le "Merdereau". Le vallon est assez marécageux, mais peut permettre quelques cultures.

[modifier] Aménagements religieux du Moyen Âge

Tour de la cathédrale au Nord de la place
Tour de la cathédrale au Nord de la place

Les transformations de la place surviennent au Moyen Âge avec bien sûr la construction de la Cathédrale. Cette dernière est consacrée avec son cœur gothique en avril 1254. Un brèche se forme dans la muraille et c'est déjà une information importante pour l'aménagement de la place actuelle. On construit des couvents avec l'avènement des ordres mendiants. Le couvent des Jacobins est la première création à l'Est de la place en 1219. Puis le couvent des Cordeliers apparait à son tour en 1231. Les bâtiments contiennent des jardins et les quelques vignes réparties à l'intérieur d'enclos nouveaux. Par ailleurs, tout à l'Est sur l'extrémité Sud des murailles était présent le Château du Mans. Le tracé de la frontière Nord-Ouest de la place se construit au début de la guerre de cent ans pour protéger les différents bâtiments épiscopaux de même que la Cathédrale. La tour du forgeur élevée entre 1354 et 1356 et est toujours présente aujourd'hui, non comme sa pendante d'alors: la tour des Cordeliers montée en 1417. L'actuelle place des jacobins est un rempart contre l'ennemi et on détruit des maisons pour creuser des tranchées. Tout sera réaménagée après la défaite de 1425. La place verra la destruction de l'église de Saint-Ouen. La place, non aménagée, est alors sollicitée pour les fêtes populaires et religieuses du fait de se trouver entre les portes de la ville et les couvents. La grande procession de 1491 ou la béatification de Pie V en 1713 le prouvent. Le lieu est donc déjà amené à devenir un lieu central de la société mancelle.

[modifier] Les prémices de la place

La première ébauche de place est effectuée par le célèbre moine Franciscain Olivier Maillard lors de sa prédication en plein air de juillet 1490, sur le sol même de la future place. C'est ce dernier qui comble le vallon qui subsistait alors entre couvent des jacobins et murs d'enceinte. La raison? Pouvoir obtenir suffisamment d'espace et avec un certain confort pour accueillir une foule considérable. par la suite, l'expérience sera retentée avec la fête de la Nativité en 1539 et la représentation d'une pièce de théâtre religieuse: Le Miracle de Théophile. L'événement aurait pu passer inaperçu mais il a cependant marqué les esprits car les cloches de la cathédrales, pour la première fois ne sonnaient plus afin de ne pas déranger la représentation. On ne sait si par la suite d'autres pièces furent jouées. Le remblais sera supprimé en 1589 par les ligueurs, qui souhaiteront améliorer les défenses de la ville. Des fossés sont construits afin d'assurer la protection des nouvelles artilleries. Martellange réalisera un plan d'époque en 1624. Il nous parviendra par une gravure l'aillant reproduite aux alentours du XVIIIe siècle. À l'ouest de la place, la forme définitive est adoptée en 1687 car on aplanit toute la place au devant des couvents pour la transformer en marché de place publique. Malgré les travaux effectués en 1689, le marché ne s'installera même pas et ira un peu plus en contrebas, sur l'actuelle Place de l'Eperon. Monseigneur de Tressan réaménage la place en un mail planté de quatre rangs d'ormeaux. Par ailleurs, l'évêque fait modifier la muraille en l'abaissant et en créant une porte cochère afin d'obtenir une sortie directe de son évêché sur ce qui est alors la "promenade des Jacobins". Sur l'actuelle place du jet d'eau, se situait un jardin clos appartenant au Chapitre. Les premiers espaces verts naissant au XVIIe siècle par l'aménagement parallèle de la place des jacobins et de celle de l'éperon, débouché direct de la muraille Sud-Ouest.

[modifier] Naissance entre deux siècles

La place naît à la révolution Française et dès 1790, on veut détruire le grand mail qui occupe l'espace. C'est ainsi que Louis Bruyère, tout jeune diplômé des Ponts et Chaussés fait ses classes au Mans. La mise en vente des biens du clergé pour renflouer les caisses de l'état fait les affaires du sous-ingénieur. La ville acquiert les deux couvents et entame dès lors la construction de promenades. Bruyère est en charge et forme un triptique amusant, parmi les premiers du genres avec l'autorité de la ville et du nouveau conseil départemental, ou assemblée départementale. bruyère a l'autorisation des travaux dès le 25 janvier 1792 et se met au travail dans la foulée. Bruyère fut l'ingénieux penseur du quinconce, il réalise des nivellements sur 4 hauteurs en prenant comme base basse le fond de la vallée d'Isaac, autrefois marécageuse, cette fois comblée et nivelée. Autour de cette place, furent disposées de multiples rangées d'arbres. Cet embellissement répond également à la crise économique que subit la jeune république. 200 ouvriers sont engagés pour le chantier dès le 30 janvier. Les salaires sont fixés entre 8 et 10 sols. Les travaux sont interrompus en 1793 à cause de la guerre et des insurrections Vendéennes qui touchent la ville. La place des Jacobins en gardera un triste souvenir: l'exécution de toutes les captives Vendéennes à la suite de la reprise Républicaine de la ville. Le responsable du massacre n'est autre que Pottier, alors maire du Mans qui fit tirer sur une trentaine de femmes et d'enfants après les avoir déshabillés, roués de coups et parfois torturés. André Pierre Ledru relatera l'événement avec moult précisions. ces femmes avaient été ramenées de Bonnétable et l'exaction est survenue en guise de représaille car l'une des prisonnières avait dégainé une arme et avait tenté d'atteindre un hussard. Les troupes républicaines se sont alors laissé débordé devant l'hostilité du peuple manceau; la boucherie s'est effectuée et une fosse commune a été creusée au pied des murs de l'enceinte. En vérité, cette fosse sera remplie par bien plus de personnes que par les simples victimes de ces exactions. Les fouilles laissent croire à quelques 2000 cadavres répartis en 90 tombereaux... en vérité, ce sera le point de départ d'une énorme épidémie qui frappera la ville quelques temps plus tard. Enterrés à seulement quelques mètres du sol dans des conditions pitoyables, les corps ne seront pas consumés par la chaux et les bactéries se développeront rapidement pour atteindre la surface. Les corps enterrés dans le puits des Jacobins et dans les fosses des Promenades en créations furent retirés.

[modifier] Naissance d'une place, d'un quartier

Bruyère démissionne suite aux coups d'arrêts en janvier 1793. Sa carrière se poursuivra à Paris avec brio. Son œuvre dans la cité plantagenêt ne sera achevée que sous l'Empire avec en 1808, la démolition finale du couvent des Jacobins. La place libérée dès 1794 était devenue un aménagement spécifiquement commercial et tout spécialement pour le commerce de bestiaux. La partie centrale de la place que l'on connaît aujourd'hui pris alors le nom de "place du Marché-aux-Bœufs". C'est également dans ce tournant de siècles que s'installe la première grande bourgeoisie moderne du Mans. Et c'est aux alentours de la promenade que sont construites leurs luxueuses demeures. Les actuelles rue Bruyère, du 33ème Mobile, des Arènes ou du Cirque voient fleurir de petits pavillons aisés. Nait le nouveau quartier bourgeois dit "des Promenades", une dénomition qui n'a plus court aujourd'hui, transformé en "Jacobins". Rien ne prédestinait la place à se construire comme telle d'autant que les couvents ceinturaient la ville pour la limiter. Les jacobins constituent alors le nouveau centre économique de la ville dans une période où ruralité et industrie vont se cotôyer pour plusieurs décennies. Cette place sera considérée pour les historiens comme le "troisième pôle de la ville", à l'image de Joseph Guilleux. En effet, après la vieille ville, la place des Halles (actuelle République), cette troisième création allait attirer vers elle nombre de regards et surtout d'activité. Elle sera mise à contribution aussi bien dans une dynamique commerciale (encore aujourd'hui) que pour une image représentative de la cité. Donnant une vue implaccable sur le monument Saint-Julien, la place est aujourd'hui encore très prisée. La fin du XIXe siècle et tout le XXème siècles vont faire de la place un espace privilégiés pour des événements divers et variés. Les expositions internationales de 1889 et de 1911 s'y dérouleront comme les arrivées des soldats Américains lors des première et Deuxième Guerres mondiales. La majeure partie du XIXe siècle consistera à aménager autour de la place suffisamment de voies de communications pour permettre des liasons rapides aux points névralgiques de la ville. Des générations de maires se succéderont avec l'aménagement géographique de cette place pour seule préoccupation. Les municipales de 2008 n'ont étrangement pas échappé à la règle avec le projet de destruction du théâtre et l'instauration d'un nouveau multiplexe Opéra-Théâtre-Cinema Gaumont&Pathé.

[modifier] Evenements

Centre commercial des Jacobins
Centre commercial des Jacobins

De grands évenements locaux se sont toujours déroulés sur la place. Depuis environ 200 ans, le marché de la ville s'y tient à périodes régulières. Les compagnies de la Garde Nationale se réunissaient également sur la place comme beaucoup au XIXe siècle. Charles Suan avait immortalisé le moment en 1848 avec une huile sur toile, aujourd'hui propriété des musées du Mans. Les revues se sont donc déroulées sur la place tout au long du second empire et de la troisième république. Les prises d'armes de la cérémonie du 14 juillet en temps que fête nationale se sont déroulées dès 1880. La dernière revue de troupe a été effectuée le 14 juillet 2000. La place a accueilli de nombreuses personnalités politiques depuis sa création. Le 7 août 1843, le duc de Nemours, fils de Louis-Philippe rendait visite aux Manceaux. Le 14 juillet 1792, les manceaux s'étaient manifesté sur la place pour défendre le mouvement révolutionnaire. Le 14 juillet 1935, le parti socialiste avait appelé a l'un des plus rassemblement jamais effectué. Le Mardi 22 Aôut 1944, quinze jour après après la libération du Mans, le général de Gaule s'est adressé aux Manceaux, aux balcons du théâtre Municipal. Lors des deux guerres mondiales, la mobilisation a été effectuée sur la place comme avec les véhicules anglais à l'automne 1914. Des matchs de boxe furent organisés par la YMCA aux alentours de la première guerre mondiale. Avant la création du parc des expositions ou d'antarès, la place accueillait toutes les manifestations culturelles ou populaires. Le 29 mai 1910 s'est par exemple déroulée la course vélocipédique Paris-Le Mans avec une grande arrivée sur la place. De nombreux salons, fêtes foraines ou cirques ont occupé la place dans les dernières décennies du XIXème et durant les premières du vingtième. De nombreux bâtiment démontables ont été installé sur la place pendant de multiples années, comme lors des deux grandes expositions internationales organisées par la ville en 1899 et 1911.Une nouvelle exposition de renom marquera les esprits en 1923 avant de devenir en 1929 la foire des 4 jours, encore existante aujourd'hui, mais dont les activités ont fortement evoluées. Aujourd'hui les 24 heures du Mans automobiles occupent la place une fois par an pendant plusieurs avec de multiples activités. Des défilés, des présentations, le pesage des véhicules, des présentations rares s'y déroulent pendant une semaine et la place accueille des milliers de spectateurs.

[modifier] Bibliographie

  • Les Jacobins, urbanisme et sociabilité au Mans ; Didier Travier, Éditions de la Reinette, Le Mans, 2007. ISBN 978-2-913566-47-7