Pierre-Daniel Huet

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Pierre-Daniel Huet, né à Caen le 8 février 1630 et mort à Paris le 26 janvier 1721, est un érudit français.

Pierre-Daniel Huet
Pierre-Daniel Huet

Issu d’une famille d’origine protestante, Pierre-Daniel Huet a été éduqué au collège des jésuites de Caen. Il a également reçu des leçons de la part du ministre Samuel Bochart. À l’âge de vingt ans, il est déjà reconnu comme un des savants les plus prometteurs de son temps. Monté à Paris, Il se lie d’amitié en 1651 avec le conservateur de la Bibliothèque Mazarine, Gabriel Naudé et suit, l’année suivante, Samuel Bochart à la cour de la reine Christine de Suède. Il visite Leyde, Amsterdam et Copenhague et Stockholm où il découvre dans la bibliothèque royale des fragments du Commentaire sur Saint Matthieu d’Origène qu’il publiera en 1668. Cette publication suscitera la querelle avec Samuel Bochart sur la question de la transsubstantiation qui causera la mort de ce dernier en pleine Académie de Caen.

Il s’occupa également de littérature, traduisant les pastorales de Longus, écrivant une nouvelle intitulée Diane de Castro et donnant avec son Traitté de l'origine des romans la première histoire de la fiction. Si elle tente sans succès d’en fixer les règles, elle constitue néanmoins le premier historique du genre romanesque. Dans la querelle des Anciens et des Modernes, il a pris le parti des Anciens contre Perrault et Desmarets de Saint-Sorlin. Il a laissé des poésies latines et grecques, une de Daphnis et Chloé, des œuvres philosophiques en latin et en français et un recueil de pensées, les Huetiana. Il était lié avec Pellisson, Conrart, Segrais avec qui il finira par se brouiller et Chapelain dont il a défendu la Pucelle. Il fréquentait également les salons de Madeleine de Scudéry et les studios des peintres de façon régulière. Il s’intéressait aux médailles, discutant de l’origine de celles-ci avec Samuel Bochart tout en apprenant l’arabe et le syriaque avec le jésuite Parvilliers.

Après en avoir été, dans sa jeunesse, un admirateur du cartésianisme, il le combattit. Son biographe, l’abbé d’Olivet l’a défendu d’avoir été un philosophe appartenant au scepticisme. Il a publié, avec l’assistance d’Anne Dacier la série des classiques latins Ad usum Delphini pour le dauphin dont il a été sous-précepteur. Son goût pour les mathématiques l’a conduit à l’étude l’astronomie, puis de l’anatomie où sa propre myopie l’a amené à s’intéresser presque exclusivement à la question de la vue et de la formation de l’œil. Il apprend ensuite toute la science de son temps en matière de chimie et rédige un poème en latin sur le sel[1].

Membre de l’Académie des Belles-Lettres de Caen, il fonda dans cette ville une académie de physique en 1662 et en continua une chez les jésuites à Paris, que subventionnait Colbert et dont Michault a dit : « Le P. Oudin se rappelait toujours avec plaisir les doctes conférences du cabinet de M. Huet, où il eut plus d’une fois l’avantage d’être admis ». Il est reçu le 30 juillet 1674 à l’Académie française à laquelle il se refusait avant de céder aux instances de Bossuet, Pellisson, Dangeau et Montausier. Il en mourra le doyen.

Entré dans les ordres en 1684, il est nommé à l’évêché de Soissons en 1685 avant de permuter avec l’évêque d’Avranches, lassé, au bout de quatre ans, d’attendre son intronisation. En 1692, il échange cet évêché contre l’abbaye de Fontenay dont il finit par se démettre en 1699 pour passer les vingt dernières années de sa vie dans la maison professe des jésuites, à Paris. Le roi racheta pour la bibliothèque royale sa grande bibliothèque et ses manuscrits qu’il avait légués aux Jésuites. Sur la fin de sa vie, il composa un Commentarius, des Mémoires.

Huet était connu pour son caractère entier qui a fait dire à La Londe qu’il était « de ces gens contre lesquels il n’est pas possible d’avoir raison ». L’esprit de querelle poussé au plus haut point qu’il avait, l’a amené à se brouiller avec Boileau et Segrais qui a dit de lui qu’il serait « plus facile de blanchir un nègre que de faire changer Huet d’opinion ». Samuel Bochart a eu moins de chance qui y a laissé la vie.

[modifier] Œuvres (liste non exhaustive)

[modifier] Bibliographie

  • A. Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, 1948
  • Ch. Bartholmess, Huet où le Scepticisme théologique, Thèse de doctorat ès-lettres, Paris 1849
  • M. T. Dougnac, « Un évêque bibliophile au dix-septième siècle. Huet et set livres », dans Humanisme actif 2, 1968, 45 ff.
  • A. Dupont, P. D. Huet et l’exégèse comparatiste au XVII Ie siècle, Paris, E. Leroux, 1930
  • E. de Gournay, Huet évêque d’Avranches, sa vie et ses ouvrages, Paris, 1854
  • C. Henry, Un Érudit homme du monde, homme d’église, homme de cour... , Paris, 1879
  • H. Moulin, Chapelain, Huet, Ménage et l’Académie de Caen, Caen, 1882
  • (it) Elena Rapetti, Pierre-Daniel Huet: erudizione, filosofia, apologetica, Milan, Vita e pensiero, 1999
  • Philippe-Joseph Salazar, « Pierre-Daniel Huet. Le sel et le thé », Littératures Classiques, 49, 2003, 201-222.
  • (en) April Shelford, Faith and glory: Pierre-Daniel Huet and the making of the Demonstratio Evangelica (1679), Ph. D. Dissertation, Princeton University, 1997
  • (en) April Shelford, « Thinking geometrically in Pierre-Daniel Huet’s Demonstratio Evangelica (1679) », dans Journal of the History of Ideas n° 63, 2002, p. 599-617
  • Léon Tolmer, Mém. de l’Académie nat. des sciences arts et belles-lettres de Caen, n° 11, 1949, 718 ff.
  • Léon Tolmer, Pierre-Daniel Huet (1630-1721) : humaniste -- physicien, Bayeux, Colas, 1949
  • J. G. Travers, Le Bréviaire de Pierre-Daniel Huet, Caen, 1858
  • C. Trochon, « Huet, évêque d’Avranches d’après des documents inédits », dans Le Correspondant 105, 869 ff.

[modifier] Références

  1. * Philippe-Joseph Salazar, "Pierre-Daniel Huet. Le sel et le thé", Littératures Classiques, 49, 2003, 201-222.


Précédé par
Marin Le Roy de Gomberville
Fauteuil 21 de l’Académie française
1674-1721
Suivi par
Jean Boivin
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