Philippe Meirieu

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Philippe Meirieu, né le 29 novembre 1949 à Alès, est un pédagogue français, inspirateur de réformes pédagogiques (instauration des modules au lycée ainsi que des IUFM au début des années 1990).

Universitaire en sciences de l'éducation, il se définit lui-même comme un militant et un homme de gauche. En s'appuyant sur les écrits des grands pédagogues (de Rousseau à Freinet), il met en exergue les tensions qui sont inhérentes à l'éducation. Il a grandement contribué à diffuser en France les principes pédagogiques issus de l'Education nouvelle. Il ambitionne ainsi de participer au renouvellement des pratiques d'enseignement afin de répondre au défi de l'éducation de masse.

Selon lui, le rôle de l'école est à la fois d'instruire et d'éduquer, la finalité étant l'émancipation de l'élève et le développement de son autonomie. De ce fait, tout enseignant est confronté à un certains nombre de contradictions :

  • l'enseignant (et plus globalement tout éducateur) doit s'efforcer de transmettre des normes sociales pour favoriser l'insertion de l'enfant dans la société. Mais il doit aussi lui apprendre à penser par lui-même et à examiner de manière critique les règles sociales existantes. L'éducation à la liberté revêt donc un caractère paradoxal
  • il existe de même une tension entre la nécessité de faire acquérir à l'élève des savoirs qui sont nécessaires à sa formation et la prise en compte de ses centres d'intérêt. En effet, tout apprentissage véritable nécessite la mobilisation de l'intérêt de l'élève. Seuls les savoirs scolaires faisant sens pour l'élève pourront être assimilés durablement. Il est donc tentant de promouvoir à l'école des thèmes ou des activités qui sont susceptibles de déclencher l'intérêt immédiat de l'élève. Cependant, en privilégiant les centres d'intérêt des élèves, l'enseignant risque de ne pas ouvrir à de nouveaux objets de connaissance et à de nouvelles pratiques culturelles. Philippe Meirieu résume le problème ainsi : « L'intérêt de l'élève est-ce qui l'intéresse ou plutôt ce qui est dans son intérêt? Car de toute évidence, ce qui l'interesse n'est pas toujours dans son intérêt et ce qui est dans son intérêt ne l'intéresse pas vraiment »[1].

Pour expliquer – voire dépasser – ces contradictions, Meirieu met en avant le fondement éthique de l'éducation. Il énonce ainsi deux postulats qui sous tendent l'acte éducatif :

  • le postulat d'éducabilité : tout être est susceptible d'être éduqué. C'est ce principe qui conduit l'enseignant à faire évoluer ses pratiques pédagogiques de manière à faire évoluer positivement les élèves, tant sur le plan cognitif que dans le domaine socio-affectif.
  • le postulat de liberté est le pendant du principe d'éducabilité. Dans les sociétés démocratiques, l'éducation ne peut être assimilée au dressage. Ses résultats sont donc incertains car en dernière instance, l'apprentissage est du ressort de l'élève. « L'enseignant doit donc donner au sujet la possibilité d'exprimer ses propres projets individuels et collectifs »[2].

Il met avant tout l'accent sur le fait que chaque élève est différent et qu'une classe est donc hétérogène. Face à cette hétérogénéité, il propose d'utiliser la pédagogie différenciée et plus particulièrement les groupes de besoin.

En 2006, il est parrain du projet culturel et éducatif « Cité des savoirs du XXIe siècle »[3] pour l'île Seguin avec d'autres personnalités telles que Régis Debray, Albert Jacquard ou Axel Kahn. Toujours en 2006, il renonce à postuler à un nouveau mandat à la direction de l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Lyon. Il ne souhaitait pas, en effet, être nommé par le ministre de l'Éducation nationale, Gilles de Robien, se sentant trop en désaccord avec les décisions prises, ces dernières années, dans le domaine éducatif, pour assumer ces responsabilités.

Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence et du conseil scientifique de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie).

Depuis septembre 2006, il est responsable de chaîne de télévision éducative Cap Canal. Dans ce cadre, il s'occupe, entre autres, du magazine Cap Infos qui traite de toutes les questions pédagogiques liées à l'école et à la formation des professeurs.

[modifier] Publications

  • Une autre télévision est possible, Chronique sociale, 2007
  • École, demandez le programme, ESF éditeur, 2006
  • Faire l’école, faire la classe, ESF éditeur, 2004
  • Deux Voix pour une école, avec Xavier Darcos, Desclée de Brouwer, 2003
  • L'École ou la guerre civile, avec Marc Guiraud, Plon, 1997
  • Apprendre... oui mais comment, ESF éditeur, collection Pédagogie, 1995
  • L’École mode d’emploi : des méthodes actives à la pédagogie différenciée, ESF éditeur, 1989
  • L’Envers du tableau. Quelle pédagogie, pour quelle école ?, ESF- 1993
  • Le Choix d'éduquer, ESF éditeur, collection Pédagogie, 1991, 198 pages (ISBN 2-7101-0866-6)
  • La Machine-école, avec Stéphanie le Bars, Gallimard, 1991.

[modifier] Liens externes

[1]le site de la chaîne Cap Canal

[modifier] Notes et références