Philippe-Jean Pelletan

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Philippe-Jean Pelletan, né à Paris le 4 mai 1747 et mort à Bourg-la-Reine où on l’inhuma le 26 septembre 1829, après une existence célèbre et agitée, pleine de traverses et de vicissitudes, est un chirurgien français.

Fils d’un maitre en chirurgie de peu de renom, Pelletan fit, quoique sans fortune, de bonnes études littéraires, après quoi il se livra avec ardeur à l’étude de l’anatomie et de la chirurgie. Privé de livres, un de ses amis lui procura l’anatomie de Winslow. En échange de ce petit service, il apprit l’anatomie à son condisciple, car il enseigna dès qu’il commença à savoir, ce qui hâta ses progrès et perfectionna son élocution.

Une fois à l’Hôtel-Dieu, il ne quitta plus cet établissement, montrant pour les opérations une très grande habileté, pour les pauvres malades beaucoup de commisération, et pour le professorat public un talent des plus remarqués. On le vit successivement chirurgien gagnant maîtrise sous Moreau, son maître et son ancien professeur aux écoles de santé et au collège de chirurgie, professeur de clinique à l’hospice de perfectionnement avant Dubois, chirurgien major à l’Armée des Pyrénées, puis à l’Armée du Nord, membre du conseil de santé des armées, membre de l’Académie royale de chirurgie, membre de la Légion d'honneur dès la première promotion (aux Invalides, juillet 1804), professeur à la faculté de médecine dès sa création, chirurgien en chef de l’hotel-Dieu après Desault et avant Dupuytren, chirurgien consultant de Napoléon Ier, et de plus membre de l’Institut et membre de l’Académie de médecine dès leur fondation.

Réunissant tous les titres et toutes les plus hautes fonctions et les dignités de sa robe et de son art, Pelletan fut en même temps un des grands praticiens de la ville. Nonobstant tant de possessions et tant d’éclat, Pelletan ne fut jamais heureux ni riche. À chaque époque de sa vie, sa situation eut de l’instabilité, sa conduite du décousu et de l’inconséquence. Ainsi, le premier il avait fait la réputation clinique de l’hospice de perfectionnement, et ce fut Antoine Dubois, lui-même fort habile, mais plus judicieux et plus maître de lui, qui en recueillit les fruits et la gloire : l’hôpital, de même que la rue, ont porté le nom de Dubois.

Pelletan eut, avec ses autres rivaux, les mêmes mécomptes. C’était lui que ses mérites et sa constante résilience désignaient comme le successeur de son maître, le chirurgien Moreau, et ce fut Desault, chirurgien d’un autre hôpital, qui obtint la place. Connu de l’empereur, et grandement estimé de lui, il pouvait prétendre à devenir son premier chirurgien, et ce fut au baron Boyer que Corvisart donna la préférence. Chef et maître de Dupuytren, son adjoint à l’hôtel Dieu, celui-ci le fit évincer de sa place et s’en empara ; Pelletan ne conserva que le vain titre d’honoraire.

Tous ses émules, excepté Desault, qui était mort en 1795, furent nommés barons de l’empire; lui seul eut à regretter cette dignité, et sans doute il trouva dans son cœur assez de philosophie pour s’en consoler. Resté professeur à l’École de Médecine, et professeur si éloquent qu’on l’avait surnommé dès sa jeunesse « le Chrysostome des chirurgiens » ou « Bouche d’or » et qu’on le comparait à Fourcroy, passa néanmoins successivement de la chaire de clinique à celle des opérations, et de celle-ci aux accouchements. Après quoi l’ordonnance Corbière du 2 février 1813 le dépouilla, en même temps que dix de sa carrière presque aussi pauvre qu’au premier jour de ses études. Il ne conservait guère pour tout traitement régulier, à l’âge de soixante-dix-sept ans, que sa pension de membre titulaire de l’Institut, cette providence des génies imprévoyants.

Pelletan inventa peu, précisément parce qu’il savait beaucoup. Fort habile et fort exercé, il n’attachait d’ailleurs qu’un prix médiocre aux innovations en fait d’instruments et de procédés opératoires. Il avait publié en 1810, âgé alors de près de soixante ans, une Clinique chirurgicale, en 3 vol. in-8° qui aurait eu plus de retentissement et plus de succès s’il l’eut mise au jour dix ans plus tôt, alors qu’il aurait pu, prendre le soin personnel de la commenter et d’en faire sentir le prix dans ses cours.

Pelletan est également connu pour avoir prodigué, après Desault et avec Chopart, des soins pleins d’humanité et de douceur à Louis XVII au Temple. Après la mort de ce dernier le 8 juin 1795, Pelletan seul, Desault étant mort depuis le 1er juin dernier, eut à rendre compte à la Convention de l’état viscéral du dauphin.

Lorsque Pelletan mourut à l’âge de soixante-dix-sept ans, il laissait une fille et deux fils, Pierre et Gabriel Pelletan. Ce dernier compta parmi les bons et honorables praticiens de Paris tandis que Pierre (1782-1845), fut non moins célèbre et non moins malheureux que son père.

[modifier] Sources

  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 39, Paris, Firmin-Didot, 1862, p. 496-8.