Phil Ochs

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Philip David Ochs (19 décembre 1940 - 9 avril 1976) était un auteur-compositeur-interprète américain de musique folk particulièrement actif durant les années 60.

Il est né dans la ville d'El Paso au Texas [1], dans une famille de classe moyenne. Il étudia le journalisme à l'Ohio State University, études qu'il abandonna la dernière année pour aller s'installer à New York. Il commença alors à composer plusieurs chansons ayant pour thèmes principaux la guerre, les droits civiques et la lutte des classes. Il se décrivait lui-même comme un « journaliste chantant » (singing journalist). On sait notamment qu'un autre grand nom de la musique folk , Bob Dylan, noua un grand lien d'amitié avec Phil Ochs.

Il fut très engagé contre la guerre du Viêt Nam. Il organisa plusieurs concerts contre le président Richard Nixon. Alcoolique, dépressif et déçu de son manque flagrant de succès commercial, il se donna la mort par pendaison le 9 avril 1976.

Sommaire

[modifier] Phil Ochs et Bob Dylan

Phil Ochs, originaire du Texas s’inscrit à l’université de l’Ohio en classe de journalisme jusqu’à ce qu’il ambitionne de devenir chanteur, grisé par le succès de ses pairs, Bob Gibson, Woody Guthrie, Faron Young, Johnny Cash, Buddy Holly, et quitte en 1960 l’Etat pour rejoindre New York. En première partie de John Hammond Jr. il fait ses premières armes en tant que chanteur guitariste folk. Puis, peu à peu il connaît une certaine renommée et tient une place de choix dans le milieu folk new-yorkais aux côtés de Dylan, Pete Seeger, Tom Paxton, Joan Baez. Pris sous l’aile de Jac Holzman, directeur d’Elektra Records, Phil Ochs enregistre trois albums pour la firme qui deviennent des brûlots socio-politiques datant son époque. Se passionnant pour des thèmes d’actualité comme la guerre du Vietnam, la crise des missiles de Cuba, la défense des droits civiques, la liberté de divorcer, il s’affiche comme militant démocrate pour la classe ouvrière et au travers de ses textes condamne la politique menée par le gouvernement américain vis à vis des classes modestes. Devenant un des leaders de la scène folk new-yorkaise, son statut de chef de file lui attire quelques jalousies et notamment celles de Dylan qui le qualifie de journaliste avant d’être musicien. Bien que Phil vénère Dylan et fait tout pour gagner sa sympathie, ce dernier l’ignore jusqu’à devenir indirectement un des responsables de sa mort.

[modifier] Un American Troubadour

Le Phil Ochs qui a survécu dans la conscience commune est un révolutionnaire brandissant sa guitare et allumant des bordées acoustiques contre les Républicains. C’est une vision assez précise du début de sa carrière, quand il enregistrait des « topical songs » ( chansons à messages ) pour Elektra. Mais l’une des tragédies de cette vie est qu’alors qu’il évoluait du folk contestataire de ses débuts vers l’intrigante et baroque pop de chambre de ses albums chez A&M, il commença à perdre son modeste public. Cette musique est trop souvent négligée au profit du protestataire, cantonné au bas du classement des victimes des années 60, loin derrière des icônes comme Jimi Hendrix, Jim Morrison, Janis Joplin ou Brian Jones.

Pendant qu’il était en Afrique, en 1973, Ochs voyageait vers la Tanzanie et racontait aux gens qu’il rencontrait qu’il allait rencontrer Idi Amin Dada. Lors de sa première nuit, il fut attaqué et dévalisé par trois hommes alors qu’il se promenait seul sur la plage. Il fut à moitié étranglé et sévèrement blessé. Durant l’attaque, ses cordes vocales furent atteintes et il perdit totalement la partie haute de son registre. De retour aux Etats-Unis, il alla consulter le docteur que consultait Sinatra pour sa gorge, et celui-ci lui dit que s’il arrêtait de boire et pratiquait des exercices appropriés trois heures par jour, tous les jours pendant deux ans, peut-être alors retrouverait-il sa voix. Ce fut un coup terrible pour un chanteur limité qui comptait beaucoup sur sa capacité à monter dans les aigus. Ochs ignora les conseils du docteur et ne retrouva jamais sa voix.

Au cours de la décennie, le malaise de Ochs fut ponctué d’épisodes de plus en plus étranges, et c’est à ce moment-là qu’il se réinventa sous le nom de John Butler train. Il décida qu’il devait signer avec le manager d'Elvis Presley, le Colonel Parker, pour relancer sa carrière. Comme celui-çi ne répondait pas à ses appels, il entra en contact avec le Colonel Sanders, de Kentucky Fried Chicken, ou plutôt avec la société qui en détenait la franchise, et finit par réussir à obtenir un rendez-vous avec eux pour discuter d’une collaboration. Les représentants de KFC trouvèrent vite une excuse pour mettre un terme à la réunion avec un Phil Ochs ivre et balbutiant.

Il ouvrit ensuite un bar, le Che et envisagea d’inviter la mafia à la soirée d’ouverture. L’affaire ferma quelques jours après, dès que ses maigres économies se furent épuisées. Il décida alors de retourner vers la Côte Est, et loua un camion pour déménager tout ce qu’il possédait, et la camion se perdit en route, nul ne sait comment. Ochs se présenta tôt un matin chez un ami avec les derniers vêtements qu’il lui restait, un costume doré, couvert de vomi séché. En vain, certains de ses amis et sa famille tentèrent de le persuader de chercher de l’aide, ou, d'autres, dans certains cas, l’abandonnèrent.

Au début de 1976, Ochs alla chez sa sœur Sonny et lui demanda s’il pouvait y séjourner pour quelques jours. Un certain calme sembla s’installer. Il jouait aux cartes sans cesse avec ses deux neveux. Il rendit visite à un psychiatre et prit rendez-vous pour une seconde entrevue. Il partit s’acheter une nouvelle guitare mais ne trouva pas celle qu’il voulait. Il joua même quelques chansons pour des amis lors d’une fête. Pourtant, le 9 avril 1976, seul chez Sonny pendant seulement dix minutes, l’un des fils de sa sœur s’étant absenté pour faire les courses, Phil Ochs se pendit à la porte de salle de bain. Il fut incinéré le lendemain et son ami Andy Wickham dispersa ses cendres du haut du Château d'Édimbourg, qu’il avait visité enfant.

[modifier] Discographie

  • All the News That's Fit to Sing (Elektra, 1964)
  • I Ain't Marching Anymore (Elektra, 1965)
  • Phil Ochs in Concert (Elektra, 1966)
  • Pleasures of the Harbor (A&M, 1967)
  • Tape from California (A&M, 1968)
  • Rehearsals for Retirement (A&M, 1969)
  • Greatest Hits (A&M, 1970) avec Ry Cooder produit par Van Dyke Parks
  • Gunfight at Carnegie Hall (A&M Canada, 1975)

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Protest Songs

[modifier] Bibliographie

    • Phil Ochs, vie et mort d'un rebelle, de Marc Eliot. Une traduction française signée Jacques Vassal (Albin Michel, 1979).
  • Phil Ochs, le journaliste chantant ?, un mémoire de Hugues Derouard, étudiant en journalisme (2005).
  • There but for fortune, the life of Phil Ochs, biographie par le journaliste américain Michael Schumacher (Hyperion, 1996).

[modifier] Liens externes