Perfide Albion

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Perfide Albion a été jusqu'à l'Entente cordiale une expression désignant souvent l'Angleterre et, par extension, la Grande-Bretagne et le Royaume-Uni.

Dans le quotidien Le Monde[1], Marc Roche, correspondant à Londres, mentionne l'usage de cette expression par Bossuet au XVIIe siècle. L'expression figure dans un poème écrit en 1793 par le marquis de Ximénès[2]. Elle a été très popularisée en France à la fin du XIXème siècle par sa reprise à tout propos dans La Famille Fenouillard de Christophe.

Sommaire

[modifier] Pourquoi « perfide »

« Perfide » signifie étymologiquement : « qui ne respecte pas sa foi, sa parole ». Autrement dit une personne ou une entité à laquelle on ne peut pas faire confiance. Parmi les faits sur lesquels cette réputation – qu'elle soit justifiée ou non – peut prétendre éventuellement s'étayer, se trouvent des faits de guerre perçus comme ne respectant pas les usages de leur époque.

[modifier] Avant le XXe siècle

  • En 1415, à la bataille d'Azincourt, les Anglais achèvent – sur ordre d'Henri V et contre tout code d'honneur médiéval – les chevaliers français à terre qui refusent de se rendre ou de payer une rançon.
  • En 1755, sans déclaration de guerre, les Britanniques capturent 300 navires de commerce français et emprisonnent 6 000 marins. Cette action préventive semble avoir eu une grande influence sur l’issue de la guerre de Sept Ans.
  • En 1801, Nelson sous les ordres du commodore Hyde Parker attaque et défait par surprise et sans déclaration de guerre la flotte danoise à la bataille de Copenhague.
  • En 1878, les bateaux anglais entrent dans la Mer de Marmara en menaçant de s'immiscer pendant la Guerre russo-turque de 1877-1878, et entravent la libération de Constantinople du joug turc malgré la neutralité garantie auparavant.

[modifier] Au XXe siècle

Tout change alors.

En 1908, Lord Fisher recommande au roi Édouard VII de « "copenhaguer" la flotte allemande », c'est-à-dire de la détruire dans les eaux nationales allemandes comme lors de la bataille de Copenhague, interrogeant : « Pourquoi attendre et donner à l’Allemagne l’avantage de choisir le moment de l’attaque ? ». Selon l’amiral Bacon, Fisher « calculait que quand le programme naval allemand (…) serait terminé, l’Allemagne nous déclarerait la guerre ; septembre ou octobre 1914 était la date prévue par lui », à cause de la fin de travaux de modification du canal de Kiel. Mais le roi lui répond que l'idée est contraire à la notion même de droit. [3]

La propagande allemande essaya sans succès de ressusciter l'expression de « perfide Albion » après la destruction par le Royaume-Uni de la flotte française de Mers el Kébir.

Le gouvernement britannique reste accusé d'avoir fait preuve de déloyauté envers les habitants des îles Chagos[4]

[modifier] Pourquoi « Albion »

Albion est le nom antique de la Grande-Bretagne. On retrouve cette mention dans les écrits de Pline l'Ancien.

L'origine du mot, pré-indoeuropéenne ou celtique, viendrait de Alba qui signifie blanc et renverrait à la blancheur des falaises crayeuses de Douvres.

On trouve le nom d'Albion et d'Albiones chez Pline

Selon une légende celtique, Albion tiendrait son nom d'Albine, aînée des Danaïdes qui, condamnées à errer en mer pour le crime de leurs maris, auraient débarqué sur la côte anglaise[5]

Le nom en gaélique de l'Écosse est Alba.

[modifier] Quelques citations

  • « Et la guerre ? Et les forfanteries de la perfide Albion tournant en eau de boudin? Farce! Farce! » (Gustave Flaubert, correspondances, 1878)
  • « Frémis, frémis Albion perfide » (Henri Somin, Ode sur la mort du duc de Montebello, 1809).

[modifier] Notes et références

  1. Le Monde daté du 23 janvier 2007 (page 32)
  2. « Attaquons dans ses eaux la perfide Albion », in L'ère des Français (1793).
  3. Cité par Michel Tripier, de l'Académie de Marine, dans Les missions navales sur stratisc.org
  4. Les Chagos : les îles saignées par la Grande Bretagne
  5. D'après « Perfide Albion » Christine Guillou, in Les dossiers de Weblettres, octobre 2005

[modifier] Voir aussi