Passion selon saint Jean

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La Passion selon saint Jean est une œuvre de Johann Sebastian Bach. Elle porte le n° BWV 245

Il s'agit là de l'une des œuvres majeures du Cantor. Son execution dure environ 2 heures 20.

Bien qu'il existe quatre versions de l'Évangile (saint Mathieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean) et donc quatre versions du récit de la Passion du Christ, on ne compte que deux passions composées par Jean-Sébastien Bach, la première étant celle de saint Jean et la deuxième celle de saint Matthieu.

On notera tout de même que des versions de la Passion selon saint Marc et selon Saint-Luc ont été partiellement retrouvées et qu'une reconstitution a été tentée, sans réel succès. On sait maintenant que des parties entières de ces deux œuvres ont été détruites (beaucoup d'œuvres de Bach ont été éparpillées à sa mort, ses compositions étant passées de mode) et jamais retrouvées.

[modifier] Analyse de l'œuvre

La Passion selon Saint-Jean est avant tout un drame musical. Avant même que Johann Sebastian Bach, nouveau cantor de la Thomaskirche, ne fût installé dans ses fonctions, le conseil de la ville de Leipzig lui signifia qu'il devrait s'en tenir « à des compositions non théâtrales ». Ce qui suppose l'interdiction de composer des opéras, mais exclut également toute ressemblance entre la musique liturgique et la musique de scène (et également le style Lyrique).

Dix bons mois après son entrée en fonction, le vendredi saint 1724, Bach faisait entendre à la Nikolaikirche sa Passion selon Saint Jean, œuvre dont même la première des quatre versions qui nous soient parvenues semble faire superbement fi des contraintes citées plus haut. C'est en effet un ouvrage éminemment dramatique : même si sa dramaturgie ne relève pas à proprement parler de l'opéra ni du théâtre, elle s'exprime dans la façon dont Bach coule l'histoire de la Passion dans un moule sonore et rend présentes les souffrances du Seigneur dans la narration musicale.

Au centre de tout oratorio ayant la Passion pour objet, on trouve le récit de l'Évangile. Il se déroule à deux niveaux : celui du narrateur (l'Évangéliste, placé en avant de la scène) et celui des personnages agissant et parlant en leur nom (Jésus, Pierre, Pilate…), personnages au nombre desquels figurent les différents groupes ou "turbae" (la foule, les grands Prêtres etc.). Tout est centré sur la parole biblique, laquelle est présentée et non représentée (il ne s'agit pas d'un opéra mais d'un oratorio !). Mais le récit évangélique mis en musique par Bach n'est rien moins qu'une simple récitation.

Son Évangéliste est un conteur dont l'interprétation expressive crée une proximité avec les événements qu'il relate. Et ce n'est pas par hasard que Bertolt Brecht citait toujours le premier récitatif de la Passion selon saint Jean comme « un admirable exemple du caractère gestuel de la musique. »

Les récitatifs et les chœurs font passer le message presque comme au spectacle (sans oublier les nombreuses règles proscrites...). Mais la structure même de l'ensemble fait de cette Passion selon saint Jean une œuvre théâtrale unique. Le texte évangélique fragmente l'œuvre en plusieurs scènes : arrestation - Jésus devant les chefs des prêtres - Jésus devant Pilate - crucifixion - mise au tombeau. Bach respecte ce schéma, en terminant chaque partie par un choral et en ménageant après le deuxième tableau une pause destinée au sermon pour le Seigneur.

[modifier] Les différentes exécutions

Les sources conservées nous transmettent la Passion selon saint Jean en quatre versions. Bach l'a donc fait exécuter au moins quatre fois. Elle fut vraisemblablement composée en 1724 durant les six semaines du carême, soit du Mercredi des Cendres au Vendredi saint et il est possible qu'elle ait adopté quelques morceaux des cantates écrites durant les années de Weimar.

La première exécution a eu lieu le 7 avril 1724, jour du vendredi saint, à l'église Saint-Nicolas de Leipzig. En 1725, l'œuvre fut donnée dans une seconde version, et la troisième exécution a eu lieu entre 1728 et 1732. Une autre dut avoir lieu entre 1746 et 1749, dans les dernières années de la vie de Bach.

La datation des exécutions est particulièrement instructive car les changements apportés donnent un aperçu de la manière selon laquelle Bach créait et prouvent la distance critique dont il faisait preuve à l'égard de ses propres compositions. La différence la plus remarquable entre la première et la seconde version est la suivante : tandis que la version de 1724 s'ouvre sur le chœur « Herr, unser Herrscher », la version de 1725 s'ouvre sur le chœur « O Mensch, bewein' dein Sünde gross » qui est le chœur qui conclut la première partie de la Passion selon Saint Matthieu et qui, quoique lui aussi magnifique, ne peut pas faire oublier le premier. Pour ce seul motif, grand nombre préféreront la version de 1724, qui, fait bien plus ressortir la « gravité » de l'œuvre.

Ce même trait distingue les récitatifs des passions de Bach et des récitatifs d'opéras. Une Sinfonia (perdue) interpolée dans la troisième version fut aussi éliminée de la quatrième, qui rétablit dès lors la forme originale. C'est cette version initiale et finale que restitue la partition conservée.

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