Johann Sebastian Bach

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Johann Sebastian Bach
Naissance 21 mars 1685
Eisenach, Allemagne
Pays d’origine Allemagne Allemagne
Décès 28 juillet 1750
Leipzig, Allemagne
Profession(s) Compositeur

Johann Sebastian Bach (21 mars 1685 - 28 juillet 1750), en français Jean-Sébastien Bach, est un compositeur, claveciniste et organiste allemand.

Compositeur de l'époque baroque dont il symbolise et personnifie l'apogée, il eut une influence majeure et durable dans le développement de la musique occidentale ; les plus grands compositeurs, tels que Mozart et Beethoven, reconnurent en lui un maître insurpassable.

Son œuvre est remarquable en tous points : par sa rigueur et sa richesse harmonique, mélodique ou contrapuntique, sa perfection formelle, sa maîtrise technique, sa pédagogie, la hauteur de son inspiration et le nombre de ses compositions. Elle échappe à la gradation traditionnelle avec la formation, la période de maturité puis le déclin : la qualité des œuvres de jeunesse égale celle des compositions plus tardives.

Il fut un musicien complet qui maîtrisait la facture des instruments tout autant que la technique instrumentale, la composition comme l'improvisation, la pédagogie comme la gestion d'une institution musicale.

Reconnu de son vivant comme organiste et improvisateur, il fut toutefois vite oublié après son décès car passé de mode ; son œuvre, à de rares exceptions près, manuscrite et jamais publiée, dispersée et en partie perdue, fut redécouverte et étudiée par les romantiques[1]. Il est souvent considéré comme le plus grand compositeur de tous les temps et comme le père de la musique occidentale[réf. nécessaire].

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Eisenach

Johann Ambrosius Bach, le père de J.S. Bach
Johann Ambrosius Bach, le père de J.S. Bach

Johann Sebastian Bach naît le 21 mars 1685, à Eisenach, dans une famille de musiciens (dont il est le huitième enfant) exerçant depuis des générations comme musiciens de cour, de ville ou d'église dans la région de Thuringe (Allemagne). Il se situe à la cinquième génération depuis le premier ancêtre connu, un certain Veit Bach qui serait venu au XVIe siècle de Hongrie, meunier et musicien amateur. À sa naissance, les Bach qui pratiquent la musique sont plusieurs dizaines ; il s'agit de la plus importante famille de musiciens connue dans toute l'histoire de la musique occidentale.

La date du 21 mars est celle du calendrier Julien alors en usage à Eisenach, la date selon le calendrier grégorien serait le 31 mars (c'est la date grégorienne qui est retenue pour son décès à Leipzig). Il est le dernier des huit enfants de Johann Ambrosius Bach (1645-1695), musicien de ville et trompettiste de cour, et de son épouse Elisabeth née Lämmerhirt. Il est baptisé dans la confession luthérienne dès le 23 mars à l'église Saint-Georges (Georgenkirche).

Son enfance se passe à Eisenach ; il reçoit sa première éducation musicale de son père, violoniste de talent. Il est aussi initié à la musique religieuse et à l'orgue par un cousin de son père, Johann Christoph Bach qui est l'organiste de l'église Saint Georges. Il fréquente, à partir de ses huit ans, l'école de latin des dominicains d'Eisenach.

Villes où Bach a résidé au cours de sa vie
Villes où Bach a résidé au cours de sa vie

[modifier] Ohrdruf

Sa mère meurt le 3 mai 1694. Le 27 novembre suivant, son père se remarie avec une veuve, Barbara Margaretha Bartholomäi née Keul, mais il meurt quelques semaines plus tard, le 20 février 1695. À l'âge de dix ans, ayant ainsi perdu sa mère puis son père, il est recueilli par son frère aîné qui a alors vingt-quatre ans, Johann Christoph, élève de Johann Pachelbel et organiste à Ohrdruf. Dans cette ville, Johann Sebastian fréquente le lycée, acquérant une culture plus approfondie que ses aïeux ; il y a pour camarades de classe l'un de ses cousins, Johann Ernst Bach et un ami fidèle, Georg Erdmann. Johann Christoph poursuit son éducation musicale et le forme aux instruments à clavier. Johann Sebastian se montre très doué pour la musique (possédant de plus l'oreille absolue) et participe aux revenus de la famille en tant que choriste. Il aime à recopier et étudier les œuvres des compositeurs auxquelles il peut accéder, parfois même contre la volonté de son aîné. La passion d'apprendre restera un de ses traits de caractère et en fera un connaisseur érudit de toutes les cultures musicales européennes.

[modifier] Lüneburg

Le 19 janvier 1700, Georg Erdmann quitte Ohrdruf pour Lunebourg ; Johann Sebastian Bach le rejoint, à pied (plus de 300 km), dès le 15 mars suivant : le désir de retrouver son ami et d'alléger la charge de son entretien par l'aîné, qui est marié et père de famille, le décident probablement à ce changement décisif. Il est admis, avec son ami, dans la manécanterie de la Michaelisschule qui accueille les jeunes garçons pauvres ayant une belle voix.

Outre la musique, il y apprend la rhétorique, le latin, le grec et le français. Il fait la connaissance de Georg Böhm, musicien de la Johanniskirche et élève du grand organiste de Hambourg Johann Adam Reinken ; Böhm l'initie au style musical de l'Allemagne du nord. Il côtoie aussi à Lunebourg ou à la cour ducale de Cella des musiciens français émigrés, notamment Thomas de la Selle, élève de Lully : c'est l'approche d'une autre tradition musicale ; il recopie intégralement l'œuvre d'orgue de Nicolas de Grigny, et entame peut-être une correspondance avec François Couperin. Après la mue de sa voix, il se tourne vers la pratique instrumentale (orgue, clavecin, violon). Il peut fréquenter la bibliothèque municipale de Lunebourg et les archives de la Johanniskirche qui recèlent de nombreuses partitions des plus grands musiciens de l'époque. En 1701, il se rend à Hambourg et y rencontre Johann Adam Reinken et Vincent Lübeck, deux grands virtuoses titulaires des plus belles orgues de l'Allemagne du nord.

[modifier] Arnstadt

Église St Boniface, Arnstadt
Église St Boniface, Arnstadt

En janvier 1703, fraichement diplômé, Bach prend un poste de musicien de cour dans la chapelle du duc Jean-Ernet de Weimar, grande ville de Thuringe. Son rôle y est peu clair, mais semble avoir inclus des fonctions serviles et non-musicales. Toujours est-il que, durant sa tenure de sept mois à Weimar, il se forge une solide réputation d'organiste. Il est invité à inspecter et inaugurer le nouvel orgue de l'église de Saint Boniface d'Arnstadt, au sud-ouest de Weimar. En août 1703, il accepte le poste d'organiste de cette église, qui lui assure des fonctions légères, un salaire relativement généreux, et l'accès à un orgue neuf et moderne. La famille de Bach avait toujours entretenu des relations étroites dans cette ville, la plus ancienne de Thuringe.

Mais cette période n'est pas sans tensions : il n'était apparemment pas satisfait du chœur ; des conflits éclatent (il en vient aux mains avec un bassoniste nommé Geyersbach) ; il désire sans doute s'éloigner de l'influence familiale ; de plus, son absence non autorisée d'Arnstadt pendant plusieurs mois en 1705-06, lui est reprochée : il avait rendu visite à Buxtehude et son Abendmusik dans la ville de Lübeck, marchant 400 kilomètres pour s'y rendre. La durée de sa visite suggère qu'il devait accorder une grande valeur à ses contacts avec le vieil homme, et que celui-ci dut avoir une grande influence sur son art. C'est à cette époque que Bach achève d'élaborer son art du contrepoint et sa maitrise des constructions monumentales.

Ajoutons que le jeune homme agrémentait ses accompagnements du service religieux de démonstrations de virtuosité, ce qu'on lui reprochait ; qu'on l'accusait de profiter des sermons pour s'éclipser et rejoindre la cave à vin ; et qu'on lui reprochait de jouer de la musique avec une "demoiselle étrangère" (Maria Barbara ?) dans l'église.

[modifier] Mühlhausen

De 1707 à 1708, il est organiste à Mühlhausen. Il y écrit sa première cantate, prélude à une œuvre liturgique monumentale à laquelle se rajoutera l'œuvre pour orgue, témoins les plus révélateurs de son génie, et de la profondeur de son inspiration. Il composera sa vie durant des cantates pour cinq années complètes de cycle liturgique, soit plus de trois cents. Plusieurs dizaines de ses compositions sont perdues, dont une grande partie date de cette période.

Mühlhausen est alors une petite ville de Thuringe, récemment dévastée par le feu et Bach peine à trouver à se loger à un prix convenable. Le 17 octobre 1707 il épouse, à Dornheim près d'Arnstadt, sa cousine Maria Barbara dont il admirait le timbre de soprano. Il doit se battre pour constituer une dot convenable (aidé par l'héritage modeste de son oncle Tobias Lämmerhirt) et pour donner à sa femme une place dans les représentations (les femmes n'étant pas admises à la tribune d'honneur jusqu'au XIXe siècle). Ils auront sept enfants dont quatre atteindront l'âge adulte parmi lesquels Wilhelm Friedemann et Carl Philipp Emanuel.

Bach se met vite au travail pour organiser une vie musicale ; il rassemble une bibliothèque de musique allemande, il fait travailler le chœur et le nouvel orchestre et récolte les fruits de son travail lorsque la cantate BWV 71 (clairement inspirée de Buxtehude) écrite pour l'inauguration du nouveau conseil, en 1708, est donnée dans la Marienkirche.

Le gouvernement de Mühlhausen était tout à fait satisfait du musicien: il ne fit aucune difficulté lorsqu'il s'agit de rénover à grand frais l'orgue de l'église St Blasius et lui confie la supervision des travaux ; il édita à ses frais la cantate BWV 71 (l'une des rares œuvres de Bach qui furent éditées de son vivant) ; et par deux fois il réinvita le compositeur pour la diriger.

Cependant, une controverse naît au sein de la ville : les luthériens orthodoxes, amoureux de musique, s'opposent aux piétistes, plus puritains et qui s'opposent aux arts. Bach, dont le supérieur direct J.A. Frohne est un piétiste, sent que la situation ira en se dégradant, et accepte une meilleure position à Weimar.

[modifier] Weimar

Johann Sebastian Bach (1715)
Johann Sebastian Bach (1715)

De 1708 à 1717, organiste et premier violon solo à la chapelle du duc de Weimar, il disposait de l'orgue mais aussi de l'ensemble instrumental et vocal du duc. Cette période vit la création de la plupart de ses œuvres pour orgue (dont la plus connue, la célèbre Toccata et Fugue en ré mineur BWV 565) de ses cantates, de ses pièces pour clavecin inspirées des grands maîtres italiens et français.

Bach avait la compétence technique et la confiance pour construire des structures de grande échelle, et synthétiser les influences de l'étranger, italiennes ou françaises. De la musique des Italiens tels que Vivaldi, Corelli et Torelli, il a appris l'écriture d'ouvertures dramatiques et en a adopté les développements ensoleillés, les motifs rythmiques dynamiques et les arrangements harmoniques décisifs. Bach a adopté ces aspects stylistiques selon sa méthode habituelle de travail : la transcription pour le clavecin et l'orgue, des concertos de Vivaldi en l'occurrence.

Il est en particulier attiré par la structure italienne de solo-tutti, dans laquelle un ou plusieurs instruments solos alternent avec l'orchestre dans tout un mouvement. Ces dispositifs d'Italianate peuvent être entendus dans la suite anglaise No. 3 pour le clavecin (1714) : l'alternance de solo-tutti se matérialise par le passage du clavier inférieur (sonorité plus pleine) et le clavier supérieur (sonorité plus expressive).

Mais il voulait quitter cette ville où il s'ennuyait. Justement, le prince Léopold d'Anhalt-Coethen, beau-frère du Duc de Weimar, qui avait été très impressionné par la musique écrite par Bach pour le mariage de sa sœur au co-regent de Weimar, Ernst August, lui proposa le poste de Kapellmeister (le plus élevé des postes de musiciens). Bach, qui avait déjà refusé un poste à Dresde (le Duc avait doublé ses appointements pour le garder) saute sur l'occasion. Le duc apprit la nouvelle et l'emprisonna durant un mois (du 6 novembre au 2 décembre).

[modifier] Köthen

Palais et jardins de Cöthen d'après une gravure de Matthäus Merian Topographia (1650)
Palais et jardins de Cöthen d'après une gravure de Matthäus Merian Topographia (1650)

De 1717 à 1723, il est maître de chapelle (Kapellmeister) à la cour du prince Léopold d'Anhalt-Cöthen, beau-frère du duc de Weimar.

Le prince, calviniste, est brillant musicien (il joue avec talent du clavecin, du violon et de la viole de gambe). Son Grand Tour de (1710-1713) le met en contact avec la musique profane italienne et le convainc de la nécessité de développer la musique profane allemande — d'autant que ses convictions religieuses lui interdisent la musique d'église. Une opportunité se présente à lui : Frédéric-Guillaume Ier de Prusse qui vient d'accéder au pouvoir ne montre aucun intérêt pour les arts (il licencia les artistes de la Cour et les dépenses baissèrent de 80 % en une année) ; le prince Leopold peut attirer des musiciens de la cour de Berlin vers celle de Cöthen, qui dispose rapidement de 18 instrumentistes d'excellent niveau. La musique engloutit dès lors le quart du budget pourtant limité de la principauté de Anhalt-Cöthen qui devient un important centre musical.

L'ambiance y est informelle : le prince traite ses musiciens comme ses égaux, les emmène même à Carlsbad (maintenant Karlovy Vary en République Tchèque) "prendre les bains" et joue souvent avec eux, parfois même chez Bach lorsque sa mère Gisela Agnes s'irrite de la présence perpétuelle de l'orchestre au palais. Son poste offre à Bach tout le confort pécuniaire — 400 talers par an — et amical désiré — le prince Léopold est d'ailleurs le parrain de Leopold Augustus Bach, le dernier enfant de Maria Barbara.

Cette période heureuse de la maturité est propice à l'écriture de ses plus grandes œuvres instrumentales pour luth, flûte, violon (Sonates et partitas pour violon solo), clavecin (premier livre du « Clavier Bien Temperé »), violoncelle (Suites pour violoncelle seul), et les Six concertos brandebourgeois.

Mais un évènement va faire basculer la vie de Bach : la mort de sa femme Maria Barbara. Il en est d'autant plus bouleversé qu'il n'apprend la mort et l'enterrement de Maria Barbara qu'à son retour de Dresde. Cet évènement le marque si profondément qu'il attend un an et demi avant de se remarier avec Anna Magdalena, fille d'un grand musicien et choriste de la cour de Coethen.

Il songe ainsi à quitter cet endroit empli de souvenirs d'autant qu'il ne pouvait composer de musique sacrée dans une cour calviniste, ce qui peut-être lui manquait. De plus la deuxième femme du Duc, épousée en 1721, semble être "eine amusa" (selon les dires de Bach), c’est-à-dire peu sensible aux arts en général, et en détourne son mari. Il faut noter que parallèlement, le prince doit contribuer toujours plus aux dépenses militaires prussiennes.

Bach cherche un poste : il se donne en un concert très remarqué (par Johann Adam Reinken y compris) à la Jacobikirche de Hamburg et se voit presque proposer un poste. Il rassemble, de plus, un recueil de ses meilleures œuvres concertantes (les Six concertos brandebourgeois) et les envoie au margrave de brandebourg qui lui avait marqué un certain intérêt deux ans auparavant. Enfin, il postule à Leipzig, où le poste de Cantor est vacant et lui permet une plus grande renommée en Saint Empire mais aussi en Pologne et en France (le duc de Saxe est roi de Pologne et a fréquenté la cour de Versailles avec laquelle il garde de bonnes relations).

Il obtient le poste de Cantor de Leipzig (qui est pourtant d'un rang inférieur à celui de Kapellmeister qu'il occupait auprès du prince) et compose la Passion selon Saint Jean, première œuvre à venir, avec ardeur à Köthen.

[modifier] Leipzig

Une photographie de l'extérieur de l'appartement de Bach à l'extrémité de l'école de St Thomas, prise avant sa démolition en 1902. Trois marches menent à la porte
Une photographie de l'extérieur de l'appartement de Bach à l'extrémité de l'école de St Thomas, prise avant sa démolition en 1902. Trois marches menent à la porte
Statue de J.S. Bach à Leipzig
Statue de J.S. Bach à Leipzig

De 1723 à 1750, soit plus de vingt-cinq ans à Leipzig, Bach succède à Johann Kuhnau, comme cantor de l'église luthérienne saint Thomas. Le poste ayant été précédemment refusé par le grand Georg Philipp Telemann, le conseil tente de débaucher d'autres compositeurs : Christoph Graupner décline (son précédent employeur, le landgrave Ernst Ludwig de Hesse-Darmstadt, refuse de lui rendre sa liberté et augmente ses émoluments) ainsi que Georg Friedrich Kauffmann (employé Merseburg), Johann Heinrich Rolle (employé à Magdeburg), et Georg Balthasar Schott (employé à la Nouvelle Eglise de Leipzig).

Le Docteur Platz, membre du conseil, révèle dans sa correspondance les raisons du choix qu'ils se résolurent a faire : Pour des raisons importantes, la situation est délicate et puisque l'on ne peut avoir les meilleurs, il faut donc prendre les médiocres. Et Bach est choisi le 22 avril 1723.

Il s'y installe avec sa deuxième femme Anna Magdalena qu'il a épousée à Coethen. Il enseigne la musique, le catéchisme et le latin dans les deux écoles ecclésiastiques de la ville : Saint Thomas pour les "pauvres" et Saint Nicolas pour les "riches", mais doit aussi fournir de très nombreuses partitions pour les églises, une cantate pour chaque dimanche et jour de fête. Il n'y a qu'une seule répétition pour les Cantates, mais le Cantor bénéficie de solistes instrumentaux brillants (les trompettistes) ou d'excellent niveau, solistes de passage et étudiants du Collegium Musicum. Les chœurs, dont on ne connaît pas l'effectif exact, sont apparemment capables de chanter des parties difficiles après la formation que lui réserve Bach. Bach se heurte souvent à la jalousie de ses confrères qui forcent notamment les élèves à boycotter ses leçons de musique.

Il mène une vie riche en connaissances, constituant une bibliothèque spécialisée en bibliologie, théologie et mystique. Sa femme l'aide beaucoup dans sa fonction de Cantor en recopiant toutes ses partitions. Sa fonction de Director Musices lui permet d'assister à des réunions musicales organisées au Café Zimmermann pour des bourgeois amateurs de musique et de participer aux débats à l'Université. Il ne manque pas une occasion d'aller à l'opéra de Dresde où son fils est organiste. C'est à Leipzig qu'il compose la majorité de ses œuvres sacrées. Il écrit plus de 200 cantates à ce poste, dont 126 nous sont parvenues.

À Leipzig, il écrit également les chefs-d'œuvre que sont la Klavier-Uebung, le 2e livre du Clavier bien tempéré, l'Offrande Musicale, l'Art de la Fugue, laissé légèrement inachevé, un colossal corpus pour orgue, mais également 4 Passions (dont une à deux chœurs, la célèbre Matthäus-Passion), un Magnificat, 3 oratorios, et son Testament musical, écrit de 1723 à 1749: la Grande Messe en si mineur.

Il commence à perdre la vue en 1745 et bientôt ne peut plus travailler. En hiver 1749-50, il confie par deux fois ses yeux à John Taylor, "ophtamiatre" réputé (celui là même qui fera perdre la vue à Haendel, dix ans plus tard) sans autre résultat que de perdre complètement la vue. Affaibli par ces opérations de la cataracte, il ne survit pas plus d'un an. Le 18 juillet, il retrouve soudainement la vue, mais quelques heures plus tard il subit une attaque d'apoplexie. Il meurt le 28 juillet 1750. Anna Magdalena, elle, survit 10 ans, vivant de subsides et de mendicité à l’entrée de la cathédrale Saint Thomas.

[modifier] Les enfants de Johann Sebastian Bach

Icône de détail Article détaillé : Famille Bach.

Bach eut vingt enfants de ses deux mariages successifs. De sa première épouse, sa cousine, Maria Barbara Bach (1684-1720), il eut sept enfants : Catharina Dorothea (baptisée à Weimar le 29 décembre 1708 - morte à Leipzig le 14 janvier 1774), Wilhelm Friedemann (né à Weimar le 22 novembre 1710 - mort à Berlin le 1er juillet 1784), Maria Sophia et Johann Cristoph jumeaux nés et morts à Weimar le 23 février 1713, Carl Philipp Emanuel, plus connu sous les initiales de CPE (né à Weimar le 8 mars 1714 - mort à Hambourg le 14 décembre 1788), Johann Gottfried Bernhard (né à Weimar le 11 mai 1715 - mort à Iéna le 27 mai 1739), Léopold Augustus (né à Köthen le 15 novembre 1718 - enterré à Köthen le 28 septembre 1719).

Puis il épouse en secondes noces, une chanteuse de cour, fille cadette d'un trompettiste, Anna Magdalena Wilcke dont il eut treize enfants : Christiana Sophia Henrietta (née à Leipzig au printemps 1723 - morte à Leipzig le 29 juin 1726), Gottfried Heinrich (né à Leipzig le 26 février 1724 - enterré à Naumburg le 12 février 1763), Christian Gottlieb (baptisé à Leipzig le 14 avril 1725 - mort à Leipzig le 21 septembre 1728), Elisabetha Juliana Friederica (baptisée à Leipzig le 5 avril 1726 - morte à Leipzig le 24 août 1781), Ernestus Andreas (baptisé à Leipzig le 30 octobre 1727 - mort à Leipzig le 1er novembre 1727), Regina Johanne (baptisée à Leipzig le 10 octobre 1728 - morte à Leipzig le 25 avril 1733), Christiania Benedicta Louisa (baptisée à Leipzig le 1er janvier 1730 - morte à Leipzig le 4 janvier 1730); Christiania Dorothea (baptisée à Leipzig le 18 mars 1731 - morte à Leipzig le 31 août 1732); Johann Christoph Friedrich (né à Leipzig le 21 juin 1732 - mort à Bückeburg le 26 janvier 1795), Johann August Abraham (baptisé à Leipzig le 5 novembre 1733 - mort à Leipzig le 6 novembre 1733), Johann Christian (né à Leipzig le 5 septembre 1735 - mort à Londres le 1er janvier 1782), Johanna Carolina (baptisée à Leipzig le 30 octobre 1737 - morte à Leipzig le 18 août 1781), Regina Susanna (baptisée à Leipzig le 22 février 1742 - morte à Leipzig le 14 décembre1809).

Les fils qu'il a formés Wilhelm Friedemann, Carl Philipp Emanuel, Johann Christoph Friedrich, Johann Christian vont suivre des chemins différents que Bach avait déjà devinés en disant « Carl Philipp Emmanuel est comme le bleu de Prusse, il sera connu mais s'évaporera vite. Seul Wilhelm Friedeman réussira à percer durablement même s'il mettra du temps avant de réussir ». Se basant sur l'excellente éducation musicale inculquée par leur père, les quatre fils se lanceront vite sur la voie du courant pré-classique qui prend alors le pas sur le Baroque.

[modifier] L'héritage musical

Avec Johann Sebastian, la musique baroque atteint à la fois son apogée et son aboutissement. Dès sa disparition, le musicien génial est quasiment oublié parce que passé de mode, comme le contrepoint qu'il a porté à une perfection inégalée.

Le corpus, très largement non publié, des œuvres de Bach passe à ses fils. La part d'héritage que Carl Phillip Emanuel recoit est conservée avec ferveur, et après sa mort passe à d'aussi illustres mains que celles d'Abraham Mendelssohn-Bartholdy, Carl Friedrich Zelter, Georg Pölchau, la princesse Anne Amelia de Prusse. Celle de Wilhelm Friedemann est en revanche dispersée (le fruit de la générosité du Bach de Halle, mais aussi celui de sa gêne financière).

Bach est alors passé de mode. De son vivant, il semble qu'il passait pour un virtuose du clavier et comme un excellent autodidacte de l'écriture.

En tant que diplomate, le baron Gottfried van Swieten se rend à Berlin en 1770 et fréquente la cour de Frédéric II ; au travers de l'enseignement qu'il recoit de Marpurg et Kirnberger, il découvre et s'intéresse à Carl Phillip Emanuel.

« Entre autres choses, [Frédéric II] me parle de la musique et d'un grand organiste nommé [Carl Phillip Emanuel] Bach, resté pendant un certain temps à Berlin. Cet artiste est doté d'immenses talents, supérieurs à ce que Je n'ai jamais entendu ou imaginé, pour ce qui est de la profondeur de la connaissance de l'harmonie et de la puissance de l'interprétation. Néanmoins, ceux qui ont connu son père pensent que son fils ne l'égale pas ; le roi s'accorde avec ce jugement et pour le prouver, une personne chante pour moi [le thème d'] une fugue chromatique qu'il avait donné au vieux Bach et sur laquelle devant lui il avait improvisé une fugue à 3, puis à 4 et enfin à 6 voix. »
    — Gottfried van Swieten

Wolfgang Amadeus Mozart lui-même ne faisait pas exception, jusqu'en 1782 (il a alors 26 ans) où les rencontres musicales organisées par le baron Gottfried van Swieten lui font découvrir une partie de l'œuvre de Bach et les oratorios de Haendel. Mozart assimila cet immense héritage, son écriture en fut changée, et les connaissances acquises se retrouvent dans son œuvre. On pense notamment au Requiem, à la symphonie « Jupiter », dont le quatrième mouvement est une combinaison de forme sonate et de fugue à cinq voix écrite en contrepoint renversable, à certains passages de La Flûte enchantée, etc.

Ludwig van Beethoven connaissait très bien l'œuvre pour clavecin de Bach et, jeune, il en jouait une grande partie par cœur. Il a pris exemple sur les Variations Goldberg pour composer ses Variations Diabelli pour piano. Vers la fin de sa vie, Beethoven étudia aussi la grande Messe en si mineur du Cantor de Leipzig. Ainsi, Beethoven s'inspirera de l'art du contrepoint de Bach pour composer sa Missa Solemnis, œuvre dont il parlait comme étant « sa plus grande ».

Ce n'est qu'en 1829 que Mendelssohn, l'un des successeurs de Bach à Saint Thomas de Leipzig, fit rejouer la Passion selon Saint Matthieu à l'église Saint Thomas. Il permit ainsi de redécouvrir, au XIXe siècle, le génie du compositeur oublié. Les romantiques, d'abord allemands, ont alors repris cet héritage, en l'adaptant aux goûts du XIXe siècle, et particulièrement Brahms à Vienne. Même le Tristan et Isolde de Wagner, où l'étude attentive de L'Art de la Fugue transparait (notamment dans le Prélude), montre l'influence de Bach. Schoenberg voit même en Bach un précurseur de ses théories, et même si l'on peut contester cette allégation, le novateur viennois a écrit sur Bach de passionnantes pages dans ses nombreux essais.

Depuis, son œuvre, insensible à l'évolution des goûts, reste la référence incontournable et inégalée de l'ensemble de la musique occidentale. Il semble même que l'enthousiasme gagne l'Asie, et particulièrement le Japon. Dans les années 1930 à Leipzig, une nouvelle approche de la lecture des œuvres de Bach va être initiée par Karl Straube avec des effectifs instrumentaux et choraux moins imposants que ceux des interprétations du XIXe siècle ; Straube va aussi jouer les œuvres dites théoriques comme L'art de la fugue (avec orchestre toutefois). L'aboutissement de ce « renouveau baroque » se retrouvera à partir des années 1950, avec des interprètes tels que Gustav Leonhardt et ses nombreux disciples, ou Nikolaus Harnoncourt. Gustav Leonhardt et Nikolaus Harnoncourt seront les premiers à enregistrer l'intégrale des cantates. On se doit également de citer John Eliot Gardiner, qui est depuis les années 70 à la tête du Monteverdi Choir et des English Baroque Soloists qu'il a créés. Il a réalisé en 2000 à l'occasion du 250e anniversaire de la mort de Bach une première mondiale : l'interprétation en concerts à travers le monde de l'intégralité des cantates sacrées (plus de 200 subsistent) au cours de l'année. Un des personnages les plus importants actuellement est bien sûr aussi Philippe Herreweghe, qui dirige l'orchestre de La Chapelle Royale et le Collegium Vocale à Gand. Harnoncourt, Leonhardt, Gardiner et Herreweghe sont parmi les chefs les plus appréciés pour la musique du Cantor de Leipzig, tant par la précision et la virtuosité technique que par richesse de l'interprétation et leur expressivité.

Glenn Gould révélera également tout le génie de Bach en mettant l'accent sur la sensibilité, ainsi que sur la rythmique, grâce à ses interprétations au piano remarquables par la lisibilité des lignes contrapuntiques et la clarté de l'articulation. Glenn Gould arrivera à l'apogée de son alchimie musicale dans le deuxième enregistrement des Variations Goldberg en 1981.

Cette musique, même, revisitée (Jacques Loussier ou Wendy Carlos), transposée, voire utilisée comme standard de jazz, garde ses propriétés esthétiques, comme si la richesse de sa structure rendait le reste accessoire.

Marcel Dupré jouait l'œuvre intégrale de Bach pour orgue par cœur, de même que Helmut Walcha, le grand organiste allemand qui, aveugle dès son adolescence, l'apprit par une écoute attentive.

[modifier] Pensées sur Bach ...

  • « Devant celui-là, tous les autres ne sont que des enfants », Robert Schumann ;[citation nécessaire]
  • « Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, et le néant péremptoire », « S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu », Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume, Gallimard ;[citation nécessaire]
  • « La musique, chez Bach, tend à devenir un être vivant, palpitant et sensible », Pierre Vidal.[citation nécessaire]
  • « Il y a d'abord Bach … et puis tous les autres. » Pablo Casals[citation nécessaire]
  • « Malgré tout mon amour pour beaucoup d'autres – et Beethoven et Mozart ne sont pas les moindres – je ne peux qu'être d'accord avec Casals : Bach les domine tous. » Paul Tortelier[citation nécessaire]
  • « Une seule goutte de Bach vaut une citerne d’autre musique » Mstislav Rostropovitch[citation nécessaire]
  • « En tout art, de hauts génies dominent sur les autres, et semblent l'emporter sur toute beauté rivale : ainsi Shakespeare et Racine, Aristophane et Virgile, Goethe et Stendhal, Rembrandt ou Goya. Mais Bach me donne l'idée qu'il est plus grand, plus puissant, plus beau, plus étendu en musique, plus musical enfin qu'aucun autre artiste souverain dans son art propre. Et même la vertu de Bach est telle qu'il domine sur tous les artistes, en quelque art que ce soit, et non pas seulement dans le sien. » André Suarès, Pages[citation nécessaire]
  • Beethoven, jouant avec le nom de Jean Sébastien Bach (Bach signifie ruisseau en allemand) estimait que Meer (la mer ou l'océan) aurait mieux convenu à la majesté et à l'ampleur de son génie : Bach sollte nicht Bach, sondern Meer heißen.[citation nécessaire]
  • Le poète Goethe a pu écrire à propos de l'œuvre de Bach : « Entretiens de Dieu avec lui-même, juste avant la Création ».[citation nécessaire]
  • « un mouvement se produisait à l’intérieur de moi, et il me semblait que je n’avais pas d’oreilles, encore moins d’yeux, ni aucun autre sens, et que je n’en avais pas besoin.». Goethe, après l'écoute du clavier bien tempéré [citation nécessaire]

[modifier] Compositions remarquables

Catégorie:Œuvre de Johann Sebastian Bach
Liste complète des œuvres de Johann Sebastian Bach
Liste des cantates sacrées ou profanes de Johann Sebastian Bach

Sonate pour violon No. 1, Sol mineur (BWV 1001) manuscrit autographe
Sonate pour violon No. 1, Sol mineur (BWV 1001) manuscrit autographe

[modifier] Quelques grands interprètes

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Filmographie

  • Chronique d'Anna Magdalena Bach. Réal. : Jean-Marie Straub, Allemagne, 1967. Gustav Leonhardt joue le rôle du compositeur et interprète sa musique.
  • Johann Sebastian Bach, the Cantor of Saint Thomas's. Réal. : Colin Nears, Grande-Bretagne, 1985.
  • A noter aussi :Friedemann Bach, le musicien errant. Réal. : Traugott Müller, Allemagne, 1941. Film qui évoque le thème du fils prodigue et de sa disgrâce. On y voit Johann Sebastian Bach donner une leçon à ses élèves.
  • "Mein name ist Bach" Dominique de Rivaz. : Une fiction qui s'inspire d'un fait divers historique. Mai 1747: Bach part à Potsdam pour le baptême de son petit-fils. Et passe une semaine à la cour du roi Frédéric II de Prusse. Film présenté au festival de Locarno en 2003.
  • Il était une fois Jean-Sébastien Bach de Jean-Louis Guillermou, 2003. Une évocation de la vie méconnue du Kantor de Leipzig, basée sur les écrits et reconstitutions de son contemporain Forkel.

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Notes et références

  1. Ce fut Félix et sa soeur Fanny Mendelssohn qui ont exhumé la musique de Bach et ont notamment fait exécuter la Passion selon Saint Mathieu, près de deux siècles après la mort du compositeur