Paolo Di Lauro

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Paolo Di Lauro, dit « Ciruzzo 'O Milionario », est un puissant chef mafieux italien, un « boss » de la mafia napolitaine, la camorra, actif des années 1980 aux années 2000.

Sommaire

[modifier] Biographie

Paolo Di Lauro nait à Naples le 26 août 1953, dans un milieu modeste.

Il émerge dans les années 1980, à une époque où une terrible guerre de camorra ravage les rues napolitaines, opposant le clan de Raffaele Cutolo (capturé en 1982, toujours incarcéré en 2008), la « NCO », aux rivaux refusant la suprématie de Cutolo, dit « 'O Professore ».

[modifier] L'ascension

[modifier] La chute

En septembre 2002, il est officiellement recherché par la police italienne (carabinieri) pour « Association mafieuse » et « Trafic de drogue international » et un mandat d'arrêt est lancé contre lui. Le boss risque gros : la prison à vie (ergastolo). En fuite, Paolo Di Lauro fait dès lors parti des 30 personnes recherchées (latitanti) les plus dangereuses d'Italie, parmi lesquelles Bernardo Provenzano, puissant boss de la « Cosa Nostra », la mafia sicilienne, en cavale depuis les années 1960 et arrêté dans une modeste ferme de la campagne sicilienne en avril 2006.

C'est surtout à partir de cette période que ses fils obtiennent un plus gros pouvoir au sein du clan Di Lauro, ce qui sera assez vite contesté par des membres importants et influents de ce clan, ce qui conduira à la scission, et à la terrible faide.

En septembre 2005, Paolo Di Lauro est finalement arrêté à Secondigliano dans sa cache située à quelques dizaines de mètres à peine de son domicile. Il est jugé et condamné en 2006 à 30 ans de prison ferme.

[modifier] La faide

La violente faide (faida) qui ensanglanta la banlieue de Naples entre 2004 et 2005 et qui rappela la guerre de camorra à l'époque de Raffaele Cutolo, fit une cinquantaine de morts, dont plusieurs innocents, abattus par erreur ou par vendetta trasversale (vengeance indirecte)[1] : c'est la faide dite, de Scampia (la faida di Scampía), dite aussi faide de Secondigliano (faida di Secondigliano), opposant la famille Di Lauro et les fidèles du clan, aux sécessionnistes (scissionisti/scissionista). Fin 2005, le clan Di Lauro est décimé et désorganisé, privé de Paolo et de certains de ses fils, détenus ou obligés de vivre dans la clandestinité. Mais la faide se poursuivit en 2006 et en 2007, avec les assassinats d'éléments de pointe du clan Di Lauro, les fidèles des fidèles. En mai 2008, la faide continue dans une moindre mesure, mais les sécessionnistes semblent vouloir éradiquer totalement les Di Lauro, très diminués et ne contrôlant plus que une seule place de vente de drogue (piazza di droga), située dans le quartier populaire et malfamé à fort taux camorristique, le « Rione dei Fiori », surnommé le « Terzo Mondo ».

[modifier] Victimes de la faide de Scampia

  • 22 mars 2004: Francesco Giannino, 23 ans, membre important du clan Di Lauro, bras-droit de Cosimo. Abattu alors qu'il circule en voiture tandis que les 2 passagers sont blessés/Prémices de la faide
  • 29 septembre 2004: Luigi Aliberti, 31, Di Lauro
  • Octobre/Novembre 2004 : disparition de Gaetano De Pasquele, 20, de la famille Di Lauro
  • 28 octobre 2004: Fulvio Montanino, 30, et son oncle Claudio Salerno, 40. Membres importants des Di Lauro. Abattus alors qu'ils circulent en moto/Véritable déclenchement de la faide
  • 2 novembre 2004: Massimo Galdiero, abattu dans un centre commercial Auchan ; proche des Di Lauro
  • 6 novembre 2004: Antonio Laudieri, 25, handicappé (ne peut fuir à la fusillade), abattu par erreur. 5 amis blessés dont le vrai objectif des tueurs
  • 9 novembre 2004: cadavres de Mario Maisto, 31, du cousin Stefano Maisto, 22, de Stefano Mauriello, 31, retrouvés dans le coffre d'une voiture à Scampia

. Sécessionnistes

  • 20 novembre 2004: Biagio Migliaccio, 34, cousin d'un membre des Di Lauro. Peut-être innocent
  • 20 novembre 2004: Gennaro Emolo, 54, Di Lauro
  • 21 novembre 2004: Salvatore Gagliardi, 57. Sécessionniste
  • 21 novembre 2004: Domenico Riccio, 49. Innocent peut-être lié aux sécessionnistes
  • 21 novembre 2004: Francesco Tortora. Sécessionniste
  • 21 novembre 2004: Gelsomina Verde, 22. Victime innocente de la faide. Fiancée d'un membre important des sécessionnistes (Gennaro Notturno). Ne voulant pas révèler la cache de ce dernier, elle est enlevée et séquestrée dans une voiture où elle sera abattue et brûlée à l'intérieur[2]
  • 25 novembre 2004: Antonio Esposito, probablement un innocent, peut-être lié aux sécessionnistes
  • 27 novembre 2004: Giuseppe Bencivenga, 30 ans. 1 blessé. Sécessionnistes
  • 28 novembre 2004: Massimiliano De Felice, 30. Sécessionnistes
  • 29 novembre 2004: Salvatore De Magistris, 64. Battu à mort par un ou plusieurs individus qui roule sur son corps en moto[3]. Sécessionniste
  • 5 décembre 2004: Enrico Mazzarella, abattu dans son restaurant devant les clients. Sécessionniste
  • 6 décembre 2004: Dario Scherillo, 26. Innocent. Abattu par erreur
  • 10 décembre 2004: Giandomenico Piscopo, 22, Di Lauro
  • 11 décembre 2004: Antonio De Luise, Di Lauro, abattu dans un commerce[4]
  • 11 décembre 2004: Gennaro Marino, 38, sécessionniste, abattu
  • 18 décembre 2004: Pasquale Galasso. Sécessionniste
  • 20 décembre 2004: Vincenzo Iorio, 50. Di Lauro
  • 24 décembre 2004: Antonio Pezzella, 35, sécessionniste
  • 27 décembre 2004: Emmanuele (« Manuel ») Leone, 21, Di Lauro
  • 30 décembre 2004 : Antonio Scafuro, 46, parent d'un boss du clan Ferrone, allié des Di Lauro
  • 2 janvier 2005: Salvatore Barra, 30, abattu dans un bar. Di Lauro
  • 2 janvier 2005: Crescenzo Marino, 70, innocent abattu au volant de sa voiture. Innocent. Père d'un des chefs des sécessionnistes, Gennaro Marino, dit « Genny McKay »
  • 4 janvier 2005: Giovanni Urzini, 41, abattu au bar « Champs Elysées ». Di Lauro
  • 15 janvier 2005: Carmela Attrice, 49. Innocente. Mère d'un jeune chef sécessionniste de 28 ans, Francesco Barone (vendetta trasversale). Abattue en plein jour au milieu de la foule. Un jeune lui a demandé de descendre de son appartement pour lui parler. À peine la porte ouverte elle est abattue[5]
  • 19 janvier 2005: Pasquale Paladini, 44, Di Lauro
  • 21 janvier 2005: Giulio Ruggiero, 44
  • 24 janvier 2005: Attilio Romano, 30, abattu par erreur dans un magasin de téléphones mobiles
  • 29 janvier 2005: Vincenzo De Gennaro, 22. Sécessionnistes. Son neveu de 13 ans blessé
  • 31 janvier 2005: Vittorio Bevilacqua, 64, abattu dans un commerce. Innocent. Père d'un jeune chef important des sécessionnistes, Massimo Bevilacqua, 28
  • 31 janvier 2005: dans la nuit, 3 jeunes membres du clan Ferrone (allié aux Di Lauro) âgés de 23 (Giovanni Orabona), 25 (Antonio Patrizio), et 25 ans (Giuseppe Pizzone), arrêtés et menottés (1 et 2) par de faux policiers alors qu'ils circulent à pied. Ils sont abattus. L'un a les dents brisés. Il tenta vainement dans un ultime moment de désespoir de briser le canon du pistolet placé dans sa bouche
  • 5 février 2005: le soir, Angelo Romano, 27, retrouvé agonisant dans la rue d'une ville de la région de Naples où il se cachait. Sécessionnistes
  • 6 avril 2005: Antonio Russo, dit « 'O Ciuccio », 28. Di Lauro
  • 9 mai 2005: Luigi Barretta, 22, sécessionniste. Disparu début mai, son cadavre criblé de balles retrouvé dans la campagne, dans un sac. Peu de temps avant, Salvatore Di Lauro lui avait ordonné de ne plus traîner sur une place de vente de drogue gérée par les Di Lauro et convoitée par les Sécessionnistes
  • 23 mai 2005: Renato Crimaldi, 32, abattu au bas de son immeuble. Di Lauro
  • 9 septembre 2005: Giuseppe Pezzurro. Sécessionniste
  • 22 septembre 2005: Edoardo La Monica, 29. Enlevé, séquestré, torturé, et abattu. Cadavre jeté dans une décharge. Peut-être une victime innocente qui a payé ses liens avec un ou des membres des Di Lauro


[modifier] Les fils du boss

  • Cosimo, né en 1973. Surnommé « 'O Barone » ou « 'O Chiatto ». Capturé en pleine faide le 21 janvier 2005, à Scampia/Secondigliano. Condamné à 15 ans de prison ferme en 2008 ;
  • Vincenzo, né en 1976. Incarcéré une première fois de 2004 à 2006 (avait été condamné à 8 ans de prison ferme ; son avocat réussit à le faire libéré plus tôt et Vincenzo prend alors la fuite). De nouveau emprisonné depuis mars 2007 ;
  • Ciro, né en 1978. Capturé dans la nuit du 7 décembre 2004. Condamné à 14 ans de prison ferme en 2008 ;
  • Marco, né en 1980. Condamné par contumace à 14 ans de prison ferme en 2008. Vit caché depuis 2005. Encore en fuite en mai 2008 (dernier des fils encore en liberté) ;
  • Nunzio, né en 1985. Recherché depuis juillet 2007, capturé fin février 2008 près de Naples ;
  • Salvatore, né le 7 février 1988. Surnommé « 'O Cumpariello ». Capturé le 8 février 2006 à Scampia/Secondigliano (était à la tête d'un trafic de drogue, malgré son jeune âge). Condamné à 10 ans de prison ferme en 2007.

[modifier] Notes

  1. On tue un parent de la personne à abattre, soit exprès -faisant du coup deux victimes en une : une physiquement et une moralement-, soit parce-qu'on a pas le choix si la personne en question se cache -l'obligeant du coup à se « sacrifier » pour éviter la vengeance indirecte-
  2. Son principal bourreau est Ugo De Lucia, dit « Ugariello », né en 1978, membre important des Di Lauro, bras-droit de Cosimo. Tueur du clan, commet en novembre 2004 3 meurtres en un seul jour .Quelques semaines après l'assassinat de Gelsomina, fuit à l'étranger. Arrêté en février 2005 en Slovaquie, condamné à la perpétuité en avril 2006, définitivement en 2008
  3. Un individu arrêté en décembre 2004, Antonio Mennetta, dit « Ennino », 19, condamné à la perpétuité en 2007
  4. Le soir du meurtre, son frère aîné Francesco, 23, tue un sécessionniste. Arrêté le 16, condamné à 22 ans de prison ferme fin 2006
  5. Le lendemain, 6 sont arrêtés (5 âgés de 22 à 28 ans et un mineur qui sera acquitté). Les tireurs sont Salvatore Tavassi (« 'O Zuí »), 22 ans, et Salvatore Starace, 26 ans (« Bin Laden »). Un majeur arrêté peu après. En 2007, les 6 majeurs condamnés à 23 ans de prison ferme alors qu'ils risquaient la perpétuité. En 2008, 3 acquittés et libérés

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

Roberto Saviano, « Gomorra », « Best-seller » sorti en France le 10 novembre 2007 chez Gallimard (Prix Éditeur : 21). Traduction française de Vincent Raynaud


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