Othello ou le Maure de Venise

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Othello.
Othello et Desdémone à Venise par Théodore Chassériau
Othello et Desdémone à Venise par Théodore Chassériau

Othello, le Maure de Venise (Othello, the Moor of Venice en anglais) est une tragédie de William Shakespeare, jouée pour la première fois en 1604.

Fac similé de la première page de l'édition de 1623
Fac similé de la première page de l'édition de 1623

L'auteur s'est inspiré d'une histoire de Giraldi Cintio, précisément de la septième nouvelle de la troisième décade de l'Ecatommiti.

Sommaire

[modifier] Résumé de l’œuvre

[modifier] Personnages principaux

  • Othello, dit le Maure, général vénitien
  • Desdémone, sa jeune épouse
  • Iago, enseigne d'Othello
  • Emilia, sa femme et servante de Desdémone
  • Cassio, lieutenant d'Othello
  • Roderigo, un noble vénitien et prétendant éconduit de Desdémone
  • Brabantio, seigneur vénitien et père de Desdémone

[modifier] Acte premier

C'est le seul à se dérouler à Venise.

Il débute par la venue de Iago et Roderigo chez Desdémone pour révéler à son père que celle-ci a quitté la maison pour rejoindre Othello. Ils cherchent ainsi à discréditer le Maure, qui aurait bafoué l'honneur de Brabantio. Ils se mettent alors en quête d'Othello, et le trouvent finalement alors qu'il vient de recevoir une convocation chez le Doge. Celui-ci tient une réunion suite à l'annonce qu'une flotte de guerre ottomane se dirige vers Chypre. Brabantio expose alors son idée, selon laquelle sa fille a été séduite et déshonorée par Othello, mais celui-ci se défend en racontant comment leur amour mutuel est né et comment ils se sont mariés en cachette. Une fois confirmée cette histoire par Desdémone, tous, y compris Brabantio, conviennent qu'il n'y a là aucun déshonneur. Othello n'est donc pas discrédité, et il reçoit pour mission de défendre Chypre contre les Ottomans. Ses officiers, ainsi que sa femme l'accompagneront.

[modifier] Acte II

Desdémone de Frederic Leighton
Desdémone de Frederic Leighton

Une violente tempête a dispersé les différents navires transportant les personnages, qui arrivent donc les uns après les autres à Chypre et apprennent une bonne nouvelle: la tempête a également détruit la flotte ottomane, mettant ainsi fin aux hostilités sans avoir à livrer bataille. Iago y voit une parfaite occasion de mettre son plan en oeuvre. Lors des festivités organisées le soir même, pour célébrer à la fois la destruction de la flotte ennemie et les noces du Maure, il fait boire Cassio et envoie Roderigo le provoquer. Cassio, emporté par sa colère, blesse Montano, le gouverneur de Chypre, et Othello se voit contraint de lui retirer son poste de lieutenant. Cassio regrette aussitôt son geste, provoqué par l'alcool: "Etre à présent un homme sensé, tout à l'heure un fou, et bientôt une brute" Acte II, scène 3. Pour récupérer son poste, Iago va alors l'inciter non pas à solliciter Othello mais Desdémone, sa gentillesse la fera accepter sans mal.

[modifier] Acte III

Cassio suit le conseil de Iago en parlant à Desdémone. Iago va lui se débrouiller pour qu'Othello assiste de loin à cette conversation, et insinuer de façon très subtile (à tel point que l'on a l'impression que c'est Othello qui le force à parler) qu'il pourrait y avoir une relation entre eux. Othello rejette cette idée, toutefois Iago lui fait remarquer que si sa femme continue d'insister pour qu'il redonne son poste à Cassio, cela peut signifier qu'ils ont bien une liaison. Ainsi tous les efforts de Desdémone pour Cassio, dictés par sa bonté, vont accroître le doute inspiré par Iago.

Desdémone va alors perdre son mouchoir, le premier cadeau que lui ait fait Othello. Iago va le récupérer par l'intermédiaire de sa femme, Emilia, et dire à Othello qu'il l'a vu en possession de Cassio. Othello, de plus en plus soupçonneux, va alors demander à sa femme de lui montrer le mouchoir, ce qu'elle ne peut évidemment pas faire. Il est dès lors convaincu d'avoir été trahi, au point de demander à Iago de tuer Cassio, d'autant qu'entre-temps Iago a déposé le mouchoir chez ce dernier.

[modifier] Acte IV

Iago organise une autre mise en scène pour tromper Othello, cette fois en parlant avec Cassio de sa maîtresse, Bianca. Othello, qui les observe en cachette, est lui persuadé qu'ils parlent de sa femme. Aux yeux du Maure, Cassio avoue donc avoir une liaison avec Desdémone, son cas étant aggravé par le mépris qu'il semble afficher envers elle. Le comble est atteint quand Bianca arrive en portant le fameux mouchoir, que Cassio lui a donné après l'avoir trouvé dans ses affaires. Othello confirme vouloir la mort de Cassio et décide en plus d'empoisonner sa femme, Iago lui suggère plutôt de l'étrangler dans son lit.

Roderigo, qui a l'impression de s'être fait abuser par Iago, lui demande des comptes. Ce dernier parvient à le convaincre qu'il agit bien dans son intérêt et qu'il lui faut tuer Cassio pour avoir Desdémone. Celle-ci, obéissant à son mari, se prépare à se coucher, même si par son attitude elle semble pressentir le sort funeste qui l'attend: "Si je meurs avant toi, je t'en prie, ensevelis-moi dans un de ces draps" dit-elle à Emilia (Acte IV, scène III).

La mort de Desdémone de Alexandre Colin
La mort de Desdémone de Alexandre Colin

[modifier] Acte V

Cassio est attaqué et blessé par Iago et Roderigo mais ce dernier est lui même gravement blessé, Iago l'achève afin qu'il ne puisse pas le dénoncer. Othello, pensant Cassio mort, décide de tuer sa femme. Il hésite car il l'aime encore, et malgré ses dénégations devant les accusations de son mari, il l'étouffe. Emilia le surprend alors qu'elle venait le prévenir de l'agression de Cassio, Othello lui dit qu'il l'a tué car elle l'avait trompé, chose qu'il confirme devant les nobles attirés par le bruit, prenant comme preuve le mouchoir. Emilia comprend alors que Iago est responsable de tout. Elle le révèle aux nobles présents, Iago la frappe de son épée et s'enfuit. Lorqu'il est ramené prisonnier, tout son complot est révélé par Cassio, amené sur un brancard, et deux lettres trouvées sur le corps de Roderigo. Othello le blesse en comprenant son erreur, avant de se suicider aux côtés de sa femme.

[modifier] Extrait

De la pièce de William Shakespeare .

«Othello.- Que veux-tu dire?

Iago.- Oh ! Prenez garde, monseigneur, à la jalousie ! C’est le monstre aux yeux verts qui produit l’aliment dont il se nourrit ! Ce cocu vit en joie qui, certain de son sort, n’aime pas celle qui le trompe ; mais, oh ! Quelles damnées minutes il compte, celui qui raffole, mais doute, celui qui soupçonne, mais aime éperdument !

Othello.- Ô misère !

Iago.- Le pauvre qui est content est riche ; et riche à foison ; mais la richesse sans bornes est plus pauvre que l’hiver pour celui qui craint toujours de devenir pauvre. Cieux cléments, préservez de la jalousie les âmes de toute ma tribu !

Othello.- Allons ! À quel propos ceci ? Crois-tu que j’irais me faire une vie de jalousie, pour suivre incessamment tous les changements de lune à la remorque de nouveaux soupçons ? Non ! Pour moi, être dans le doute, c’est être résolu…Échange-moi contre un bouc, le jour où j’occuperai mon âme de ces soupçons exagérés et creux qu’implique ta conjecture. On ne me rendra pas jaloux en disant que ma femme est jolie, friande, aime la compagnie, a le parler libre, chante, joue et danse bien ! Là où est la vertu, ce sont autant de vertus nouvelles. Ce n’est pas non plus la faiblesse de mes propres mérites qui me fera concevoir la moindre crainte, le moindre doute sur sa fidélité, car elle avait des yeux, et elle m’a choisi !... Non, Iago ! Avant de douter, je veux voir. Après le doute, la preuve ! Et, après la preuve, mon parti est pris : adieu à la fois l’amour et la jalousie !

Iago.- J’en suis charmé ; car je suis autorisé maintenant à vous montrer mon affection et mon dévouement pour vous avec moins de réserve. Donc, puisque j’y suis tenu, recevez de moi cette confidence…Je ne parle pas encore de preuve…Veillez sur votre femme, observez-la bien avec Cassio, portez vos regards sans jalousie comme sans sécurité ; je ne voudrais pas que votre franche et noble nature fût victime de sa générosité même… Veillez-y ! Je connais bien les mœurs de notre contrée. À Venise, les femmes laissent voir au ciel les fredaines qu’elles n’osent pas montrer à leurs maris; et, pour elles, le cas de la tenir cachée.

Othello.- Est-ce là ton avis ?

Iago.- Elle a trompé son père en vous épousant; et c’est quand elle semblait trembler et craindre vos regards qu’elle les aimait le plus.

Othello.- C’est vrai.

Iago.- Eh bien ! Concluez alors….»

[modifier] Adaptations cinématographiques

Othello a été adaptée de nombreuses fois au cinéma. Les adaptations les plus connues sont :

mais la première adaptation (par Franz Porten, Allemagne) date de 1907.

[modifier] Wikisource