Origines du blues

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On sait peu de choses à propos des origines exactes de la musique que l'on désigne aujourd'hui comme le blues. Il est difficile de dater précisément les origines du blues, en grande partie parce que ce style de musique a évolué sur une longue période et existait avant même que l'on utilise le terme "blues". Une référence importante à ce qui se rapproche étroitement du blues date de 1901, lorsqu'un archéologue du Mississippi a décrit les chansons des ouvriers et esclaves noirs dont les chants reposaient sur des thèmes et des éléments techniques caractéristiques du blues.

[modifier] Blues et negro spiritual

Peinture à l'aquarelle représentant un camp meeting (réunion en pleine air à vocation religieuse), 1839, New Bedford Whaling Museum.
Peinture à l'aquarelle représentant un camp meeting (réunion en pleine air à vocation religieuse), 1839, New Bedford Whaling Museum.

L'origine directe et la plus importante du blues vient du negro spiritual, une forme de chants religieux prenant ses racines dans les camp meetings, les réunions religieuses en pleine air qui se sont développées avec le mouvement du réveil au début du XIXe siècle. Les negro spirituals étaient une forme passionnée de chant donnant aux auditeurs le même sentiment de misère et d'absence de racine que le blues. Toutefois, le negro spiritual était moins axé sur l'interprétation, plus centré sur la solitude générale de l'humanité, avec des paroles plus figuratives que directes. En dépit de ces différences, ces deux formes de musiques sont à ce point semblables qu'elles ne peuvent pas être facilement distinguées - beaucoup de negro spiritual auraient probablement été classés comme du blues si ce mot avait alors eu une signification plus large.

[modifier] Le chant des travailleurs

Hormis le chant religieux, les chansons de travail afro-américaines ont été un précurseur important du blues moderne. Celles-ci comprenaient les chansons chantées par des travailleurs comme les stevedores (dockers), les hommes à tout faire et les esclaves.

Il y a peu de caractéristiques communes à tous les styles de blues, car ce genre de musique repose beaucoup sur des performances individuelles avec leurs particularités spécifiques. Cependant, certaines caractéristiques ont marqué la période qui a précédé la création du blues moderne, et elle se retrouvent dans la plupart des musiques afro-américaine. Dans sa forme embryonnaire, le blues était « une expression fonctionnelle, se traduisant par des dialogues musicaux ("call and response") sans accompagnement ou harmonie et qui n'était pas limitée par une structure musicale particulière »[1]. Cette musique, que l'on peut qualifier de pré-blues, est née des chants des travailleurs, notamment des esclaves, qui chantaient « des chansons simples chargées de contenu émotif »[2].

[modifier] Les racines africaines

Fabricant de Kora en Gambie
Fabricant de Kora en Gambie

La Kora (ou Cora) est un instrument à cordes (21 cordes) mélange de harpe et de luth utilisé par le peuple Mandingue en Afrique de l'Ouest.

Beaucoup d'instuments et d'éléments du blues trouvent leur origine dans la musique africaine. L'écrivain et historienne sénégalaise, Sylviane Diouf a mis en évidences plusieurs traits spécifiques, comme l'utilisation de mélismes, d'une intonation onduleuse et nasale qui font le lien entre la musique orientale d'Afrique centrale et occidentale et le blues. Le compositeur afro-américain William Christopher Handy à écrit dans son autobiographie que, dormant dans un train, il avait été réveillé par :

… un homme noir tout maigre, [qui] avait commencé à jouer de la guitare près de moi alors que je dormais. Ses vêtements étaient des chiffons. Son visage portait la tristesse des âges. Pendant qu'il jouait, il a appuyé un couteau sur les cordes de la guitare. … L'effet était inoubliable. [C'était] la musique la plus étrange que j'avais jamais entendue.

Les racines musulmanes et africaines de certains éléments du blues sont décrites par des auteurs comme le chercheur Paul Oliver et l'ethnomusicologue Gerhard Kubik, qui expliquent que l'utilisation de la technique du couteau, dont avait été témoin William Christopher Handy, se retrouve dans les cultures d'Afrique centrale et occidentale, dans des régions où l'islam est puissant et où la kora est souvent l'instrument à corde privilégié.

Kora gambienne
Kora gambienne

[modifier] References

  • Eileen Southern, The Music of Black Americans, W. W. Norton & Company, 1997
  • Reebee Garofalo, Rockin' Out: Popular Music in the USA, Allyn & Bacon, 1997
  • Jean Ferris, America's Musical Landscape, Brown & Benchmark, 1993
  • Gunther Schuller, Early Jazz: Its Roots and Musical Development, Oxford University Press, 1968
  • David Ewen, Panorama of American Popular Music, Prentice Hall, 1957
  • Paul Oliver, Savannah syncopators : African retentions in the blues, Studio Vista, 1970

[modifier] Notes

  1. Garofalo, p 44
  2. Ferris, p 229
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