Negro spiritual

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Negro spiritual interprété par Marian Anderson
Negro spiritual interprété par Marian Anderson

Le negro spiritual est un type de musique vocale et sacrée né chez les esclaves noirs des États-Unis au XVIIe siècle qui sera à l'origine du mouvement gospel. Le mot désigne également une œuvre, un chant, appartenant à ce courant musical.

On peut écrire « negro-spiritual ». Au pluriel « des negro spirituals » ou « des negro-spirituals ».

Sommaire

[modifier] Origines

Pour rythmer le travail pénible dans les champs où il était interdit de parler, les esclaves noirs pratiquaient les Work Songs (chants de travail). Il s'agit de chants simples sans accompagnement. Ils utilisaient le Shout qui est une technique de chant constituée de phrases courtes et cinglantes. C'est une expression solitaire. La voix humaine devient alors un médiateur avec les dieux et les forces surnaturelles auxquels chaque ethnie, aussi différente soit-elle, tente de se relier pour survivre sur une terre encore inconnue.

[modifier] L'influence chrétienne

Au début de l'esclavage — XVIIe siècle —, les opinions des planteurs diffèrent sur l'évangélisation des esclaves. Certains y sont favorables, car elle pourrait insuffler une paix durable. Pour d'autres, l'évangélisation représentait un danger pour le système établi car les esclaves auraient alors été égaux devant le Christ. Cependant, malgré les différences de langues entre chaque ethnie, le mélange avec la langue anglaise va s'opérer lentement. Les références des esclaves noirs étaient la BibleSaint Paul, Saint Jean Baptiste. L'utilisation du vocabulaire religieux était alors prépondérante.

Les premiers negro spirituals — c'est-à-dire, chants noirs religieux — de la révélation sont une libre interprétation des Écritures Saintes. Les sujets abordés sont le couple Adam et Ève, Noé, Moïse, l'Exode et le Christ. En effet, les esclaves noirs s'identifient notamment aux Hébreux que les Égyptiens oppressent, mais qui finiront par être libérés par Moïse. Les esclaves noirs attendent eux aussi leur libération. Les negro spirituals sont avant tout des chants mélangeant traditions africaines et mélodies liturgiques européennes, souvent chantés a cappella par un groupe vocal. Ils ont été transformés et inventés par les esclaves noirs de manière anonyme.

[modifier] Premières églises

Des cérémonies clandestines se déroulaient dans les bois en pleine nuit : Hush Harbors ou havres de paix. Puis, la pratique religieuse s'effectuait dans des Praise House, maison de louange, ou des églises blanches, à l'écart. La qualité vocale des esclaves noirs lors des offices se faisait ressentir. Bien qu'il n'y avait pas d'égalité de race entre les Noirs et les Blancs, il existait tout de même une communion spirituelle très importante.

Les premières églises noires indépendantes firent leur apparition vers 1770 quand les colonies d'Amérique du Nord souhaitaient devenir indépendantes. La première église noire indépendante apparut en Caroline du Sud en 1774.

À partir de 1780, les Camp-meetings remplacent d'une certaine manière les Praise House. Leur apogée se situe entre 1800 et 1830. Les Camp-meetings étaient des rassemblements religieux multiraciaux en plein air sous des tentes durant lesquels la musique et le chant jouaient un rôle essentiel. Ils vont fortement contribuer à l'éclosion du negro spiritual. C'est ce que l'on appelle plus communément le Second Réveil religieux. Les esclaves sont désormais convertis. Les Tabernacle Songs devinrent rapidement des spirituals constitués, d'une part, de blue notesnotes particulières (troisième et septième degré de la gamme) infléchies d'un demi-ton vers le grave — permettant de traduire certains climats émotionnels ; d'autre part, d'improvisations, de Running Verses — phrases passe-partout — et des Ring & Shuffle Shoutsdanses d'inspiration africaine, en pas traînés, sans croisement des pieds. Ces derniers représentent l'apport essentiel des esclaves noirs aux offices blancs où la danse était interdite. Là encore, il y a une plus grande tolérance dans les États du Nord et du Centre.

L'accompagnement instrumental fut graduel. Dans un premier temps, il s'agissait d'outils d'esclaves — hache, marteau, pioche, etc. Dans un second temps, c'est une musique clandestine qui se joue avec des tambours, des flûtes de roseau, des violons, et se nourrit d'influences européennesberceuses, gavottes. Il en va différemment dans les colonies espagnoles, portugaises et françaises, qui tout en martyrisant autant les esclaves que leurs homologues nord américaines ne conçoivent pas les accompagnements instrumentaux comme un danger immédiat pour eux.

[modifier] Le negro spiritual dans le contexte de la ségrégation raciale

Après la Guerre de Sécession1861-1865 — gagnée par les Nordistes, l'esclavage se transforma en ségrégation raciale bien que les esclaves aient été affranchis. Le Ku Klux Klan vit le jour en 1866 et assassina plus de trois mille cinq cents Noirs entre 1866 et 1875. Les Noirs continuèrent d'interpréter des negro spirituals pour faire face à la dure liberté mais aussi afin d'entrevoir un début d'éducation et d'enseignement. Pour financer tout cela, les Fisk Jubilee Singers furent créés par la Fisk University, la première université noire du Deep South fondée en 1866 à NashvilleTennessee. Les Fisk Jubilee Singers étaient composé d'étudiants et de professeurs. Ils chantaient des negro spirituals, mais également des ballades irlandaises et des hymnes sacrées pour toucher un plus large public. Ils chantèrent même devant la Reine Victoria en 1873. Ces negro spirituals à caractère joyeux et rythmique furent appelés Jubilee Songs. Dans le même temps apparurent des Minstrels Shows ou Chanteurs Éthiopiens faits par des Noirs. À l'origine, vers 1830, il s'agissait de troupes itinérantes d'artistes blancs outrageusement maquillés — Blackface Minstrels — parodiant la vie des Noirs du Sud de l'Amérique dans les plantations. Mais après l'émancipation — 1865 — apparurent des troupes de minstrels noirs comprenant des comédiens, chanteurs, danseurs et musiciens se servant d'instruments folkloriques comme les tambourins, les claquettes en os — bones —, le violon et le banjo.Ces spectacles étaient généralement caricaturaux et parodiques.

[modifier] L'évolution vers le gospel

Le negro spiritual va plus ou moins s'occidentaliser et laisser place au gospel.

[modifier] Références