Oiseau de mer

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Appellations regroupant plusieurs taxons d'oiseaux
Oiseau de mer
Albatros hurleur (Diomedea exulans)
Selon les classifications scientifiques cohexistantes
Classique Sybley
6 ou 2 ordres regroupant 8 familles

Le terme oiseau de mer renvoie à un ensemble aux limites assez mal définies : en réalité, la définition du groupe résulte plus d'une sorte de consensus — pour ne pas dire de tradition — sur les espèces à inclure et celles à exclure, que sur des règles taxonomiques, biologiques ou écologiques strictes. On classe habituellement dans ce groupe environ 275 espèces appartenant à 8 familles, entretenant avec le milieu marin des relations extrêmement variables.

Au-delà de l'extraordinaire variété des tailles, des structures ou des modes d'alimentation, les oiseaux marins partagent un certain nombre de caractéristiques communes imposées par la vie dans des milieux aquatiques aux conditions climatiques parfois très agressives, sans qu'il soit souvent possible de s'y soustraire : structure particulière du plumage, aptitude au déplacement sur et dans l'eau, longévité, comportements reproductifs, etc. Ils ont en particulier presque tous tendance à nicher en colonies denses sur le littoral.

Sommaire

[modifier] Espèces concernées

L'incertitude sur le nombre total d'oiseaux de mer a deux origines.

  • Des divergences sur le statut spécifique de telle ou telle forme. Par exemple, selon que l'on considère certains albatros comme des espèces à part entière ou comme des sous-espèces d'autres albatros (Diomedea exulans, D. epomorpha, D. melanophrys, D. cauta et D. chlororhynchos), le nombre d'espèces dans cette seule famille varie de 13 à 21.
  • L'intégration ou non de certains genres ou familles (phalaropes, canards marins, plongeons, etc.) dans la catégorie des oiseaux de mer.

La seule définition possible d'un oiseau de mer est la suivante : un oiseau qui tire tout ou partie de son alimentation de la mer. Une telle définition n'est toutefois pas universellement valide puisque certaines espèces classées dans le groupe ne s'alimentent en mer que de façon marginale ou pas du tout (certains Laridae notamment), alors que des oiseaux passant de longues périodes de leur cycle annuel en milieu marin n'y figurent pas (plongeons, canards marins).

Sur cette base, on constate que tous les oiseaux marins appartiennent aujourd'hui à l'ordre des ciconiiformes (classification de Sibley et Monroe). Le degré de dépendance des différentes familles vis-à-vis des habitats océaniques est toutefois très variable.

  • Les familles des Phaethontidae, des Sulidae, des Fregatidae des Spheniscidae et des Procellariidae ne comportent que des espèces marines. Dans la famille des laridés, les labbes (Stercorariini), les bec-en-ciseaux (Rynchopini) et les alcidés sont eux aussi exclusivement marins.
  • Trois familles comportent à la fois des espèces marines et continentales. Bien que fréquentant surtout les eaux douces (2 espèces seulement sont strictement marines), les pélicans sont intégrés aux oiseaux de mer. Les cormorans, eux, sont très majoritairement marins (28 espèces sur une quarantaine). Ce sont les laridés qui présentent la situation la plus complexe. Dans le groupe des goélands et des mouettes (Larini), la plupart sont maritimes ou marins, au moins partiellement ou hors période de reproduction ; quelques espèces sont toutefois strictement continentales. Dans la tribu des Sternini, les noddis sont strictement marins alors que les guifettes sont presque exclusivement continentales ; les sternes au sens strict comptent plus d'espèces marines que d'espèces cantonnées aux eaux douces.
Famille Subdivision Représentants Image Espèces
Laridés Stercorariini labbes ou skuas 6/8
Rynchopini bec-en-ciseaux 3
Larini goélands, mouettes recompter
Sternini sternes, guifettes, noddis recompter
Alcinae pingouins, guillemots/marmettes, macareux 22/24
Phaethontidés phaethons/pailles-en-queue 3
Sulidés fous 7/9
Phalacrocoracidés cormorans 27/38
Pélécanidés pélicans 7/8
Frégatidés frégates 5
Sphéniscidés manchots 16/17
Procellariidés Procellariinae pétrels, puffins, fulmars, 59/79
Diomedeinae albatros 13/14
Hydrobatinae océanites 20/21

[modifier] Caractéristiques des oiseaux de mer

Quel que soit leur degré de dépendance vis-à-vis du milieu marin, les oiseaux de mer ne peuvent à proprement parler être considérés comme des organismes aquatiques. Ils font en effet partie des quelques groupes de vertébrés tétrapodes qui ont évolué pour prélever préférentiellement ou exclusivement leur alimentation en pleine eau. Aucun de ces animaux d'origine terrestre, tortues marines, serpents Hydrophiidae, oiseaux d'eau et mammifères marins, n'a en fait acquis la possibilité de respirer dans l'eau ; ils ont tous conservé leurs poumons, et dépendent donc de la surface pour leur respiration. Par ailleurs, seuls les cétacés et les siréniens sont devenus totalement indépendants du milieu terrestre, ne sortant jamais de l'eau, même pour la parturition. Comme les phoques et comme les animaux ovipares (tortues, serpents), les oiseaux de mer doivent nécessairement regagner la terre ferme pour la ponte. Enfin, de tous ces animaux, ils sont ceux qui sont le plus dépendants du milieu terrestre puisque, contrairement aux serpents et aux tortues, ils doivent assurer eux-mêmes l'incubation des œufs et l'élevage des poussins jusqu'à leur indépendance. Pour cette raison, ils sont contraints de séjourner à terre pour des périodes souvent très longues.

[modifier] Description

L'éventail des tailles des oiseaux marins est extrêmement étendu. Alors que le plus petit, l'océanite minute (Oceanodroma microsoma) mesure moins de 15 cm pour un poids légèrement inférieur à 20 g, l'albatros hurleur (Diomedea exulans) peut atteindre 1,30 m pour un poids dépassant 11 kg chez certains mâles ; cet oiseau détient également le record d'envergure pour les oiseaux actuels, avec plus de 3,50 m.

[modifier] Le plumage

Icône de détail Article détaillé : plume.

[modifier] Coloration
Les couleurs vives sont généralement portées par le bec ou les pattes (macareux cornu)
Les couleurs vives sont généralement portées par le bec ou les pattes (macareux cornu)

La caractéristique la plus évidente du plumage des oiseaux de mer est l'absence générale de couleurs vives. Quelques espèces sont certes colorées, mais les couleurs vives sont le plus souvent portées par le bec (macareux ou goélands par exemple), les pattes (fous, mouettes) ou des structures particulières comme la poche gulaire — dépourvue de plumes — des frégates. Le plumage proprement dit est presque systématiquement une combinaison de teintes blanches, noires, grises ou brunes (telles que l'ont peut le voir sur les pingouins). Les rares exceptions à cette règle concernent de petits toupets de plumes dorées sur la tête de certains manchots (gorfous) ou alcidés du Pacifique (macareux huppé).

On s'est longtemps interrogé sur la signification de cette caractéristique générale. L'interprétation la plus classique avance l'idée qu'il s'agirait là de colorations cryptiques permettant une sorte de camouflage vis-à-vis à la fois de leurs prédateurs et de leurs proies. On a par exemple fait remarquer que la coloration du prion de la désolation était la même que celle des bâtiments de la Royal Navy[1]. Par ailleurs, la coloration presque systématiquement blanche du ventre de ces oiseaux piscivores les rendrait moins visibles pour les poissons dont ils se nourrissent.

[modifier] Étanchéité

Comme tous les oiseaux d'eau, mais plus que les espèces continentales en raison de leur présence sur toutes les mers du globe, y compris dans les régions polaires, les oiseaux marins, organismes homéothermes, sont soumis au fort pouvoir de refroidissement de l'eau. Leur capacité à coloniser les espaces océaniques, à y survivre et à s'alimenter sous l'eau dépend étroitement de leur aptitude à résister aux fortes contraintes thermiques que suppose la vie dans ces milieux. L'étanchéité du plumage leur est donc essentielle. Elle interdit à l'élément liquide d'entrer directement en contact avec la peau. Mieux, elle ménage entre la surface des plumes et le corps une couche d'air qui, avec le duvet, assure au mieux l'isolation thermique de l'animal en même temps qu'elle contribue de manière essentielle à sa flottabilité.

La structure poreuse déterminée par l'entrecroisement des barbes et des barbules des plumes suffirait pour expliquer l'étanchéité du plumage
La structure poreuse déterminée par l'entrecroisement des barbes et des barbules des plumes suffirait pour expliquer l'étanchéité du plumage

On s'est aperçu très tôt de l'exceptionnelle imperméabilité des plumes des oiseaux de mer. Dès le début du XXe siècle, elle a même servi de modèle pour la mise au point des premiers vêtements imperméables[2]. Le mécanisme de l'étanchéité fait toutefois débat. En dépit du constat que, conformément au modèle textile, le seul agencement des plumes (entrecroisement des barbes et barbules) pouvait suffire pour expliquer l'étanchéité[3], on a longtemps cru que celle-ci était due à la présence de la sécrétion uropygienne quotidiennement appliquée sur l'ensemble du plumage par les oiseaux au cours de leurs longues séances de toilettage. Cette idée, désormais largement abandonnée, perdure aujourd'hui dans nombre de publications à l'usage du public[4]. Lors des premières grandes marées noires, cette conception fut a l'origine d'erreurs radicales dans les techniques de nettoyage des oiseaux mazoutés ; cela a conduit à l'échec total de certaines tentatives de réhabilitation, notamment lors de l'incident du Torrey Canyon en 1967[5].

Le plumage des cormorans ne se mouille que superficiellement
Le plumage des cormorans ne se mouille que superficiellement

La question de l'imperméabilité du plumage des cormorans a longtemps été au cœur de ce débat. À l'issue de leurs séances de pêche, ces oiseaux aquatiques passent en effet de longs moments sur des reposoirs, les ailes étalées ; leur plumage est visiblement mouillé et ce comportement a par conséquent légitimement été interprété comme une phase de séchage. De nombreuses hypothèses ont été émises pour tenter d'expliquer cet apparent paradoxe que constitue un oiseau aquatique au plumage non étanche. Des erreurs aujourd'hui démenties[6] ont même été colportées à ce sujet — et restent répandues — comme la prétendue absence de glande uropygienne chez ces oiseaux ou son atrophie. Ce n'est qu'en 2005 que l'énigme a été résolue. Le plumage des cormorans est bien imperméable, ce qui est somme toute logique pour une espèce plongeuse. En revanche, les plumes sont constituées d'une couche externe mouillable, et d'une couche interne qui ne l'est pas. Le plumage n'est donc mouillé qu'en surface : pas plus que chez les autres oiseaux aquatiques, l'eau ne franchit la barrière du plumage ni n'envahit donc la couche d'air isolante[7].

[modifier] La nage et la plongée

[modifier] Nage en surface

À un moment ou un autre de leur histoire évolutive, tous les oiseaux de mer ont développé des adaptations à la nage en surface. L'exceptionnelle étanchéité du plumage en est une, qui conditionne leur flottabilité. Mais en témoigne aussi l'existence universelle de palmures, y compris chez les plus marins des limicoles que sont les phalaropes.

Certains toutefois y ont peu recours, ou pas du tout, en raison d'un mode de vie essentiellement aérien, en particulier pour l'alimentation. C'est surtout le cas pour les frégates qui, en dépit d'habitudes très hauturières et de palmures spécialement développées, ne se posent jamais sur la mer. C'est également vrai, quoique à un moindre degré, pour les labbes qui ne chassent guère qu'au vol, ou au sol en période de reproduction. Tous les autres groupes se posent volontiers sur l'eau et s'y déplacent aisément.

En fait, la plupart des espèces ne fréquentent que la surface ou une tranche d'eau ne dépassant que de peu la longueur de leur corps. Il s'agit d'oiseaux très légers, dont la flottabilité est très élevée : goélands, sternes, becs en ciseaux, océanites, fulmars, etc. La pénétration dans la masse d'eau pose en effet aux oiseaux des problèmes très particuliers en raison de leur légèreté intrinsèque. Celle-ci est liée à la fois à leur adaptation au vol et au matelas d'air situé sous les plumes qui assure leur isolation thermique et leur flottabilité. Plonger un tant soit peu profondément représente donc pour eux une véritable difficulté et une importante dépense énergétique pour vaincre les forces tendant à les ramener en surface.

[modifier] Plongeon

Quelques espèces atteignent des profondeurs modérées (moins de 10 m) en plongeant en vol d'une certaine altitude. La vitesse acquise au cours du piqué suffit généralement, mais un complément de propulsion peut parfois être obtenu au moyen des pattes et des ailes. L'exemple le plus remarquable de cette technique est celui des fous. Le fou de Bassan plonge le plus souvent d'une hauteur d'une dizaine de mètres, percutant la surface de la mer à près de 100 km/h ; il atteint régulièrement des profondeurs inférieures à 5 m, mais pourrait occasionnellement descendre jusqu'à une quinzaine de mètres en nageant[8]. Les sternes, les pélicans et les phaethons utilisent aussi cette technique, mais atteignent des profondeurs moindres. Dans tous les cas, il s'agit plus de plongeons que de véritables plongées.

[modifier] Plongée

La véritable plongée, celle qui permet l'exploitation régulière de zones situées au-delà de 20 m de profondeur, ne concerne en réalité qu'un petit nombre d'espèces appartenant pour l'essentiel à trois groupes : les manchots, les alcidés et les cormorans. On peut y adjoindre quelques procellariiformes : les puffins et les pétrels-plongeurs ou puffinures. Les performances de ces oiseaux plongeurs sont toutefois remarquables.

[modifier] Performances

La connaissance des profondeurs de plongée est longtemps restée tributaire de techniques anecdotiques et peu précises :

  • l'observation directe, occasionnelle, par des plongeurs ou à partir de submersibles ;
  • les captures accidentelles dans des engins de pêche dont on connaissait les profondeurs d'immersion.

La deuxième méthode est celle qui a été la plus souvent employée, mais il était difficile de s'assurer que les oiseaux n'avaient pas été pris lors de la descente ou de la remontée des engins, plus près de la surface que la profondeur d'immersion.

Les perspectives ont changé de manière radicale dans les années 1980 du fait de l'utilisation d'enregistreurs fixés aux oiseaux eux-mêmes[9]. Le perfectionnement et la miniaturisation des appareils ont depuis lors provoqué une multiplication des études dédiées à ce sujet. En dépit des progrès réalisés, il subsiste toutefois un certain nombre de problèmes de précision des mesures, et certains auteurs ont souligné la nécessité éthique de prendre en compte la capacité des oiseaux manipulés à supporter sans dommage les appareillages dont on les équipe[10].

[modifier] Adaptations

[modifier] Le vol

[modifier] régimes & modes d'alimentation

  • tous zoophages
  • diversité de comportements

[modifier] dépendance du milieu marin

Les oiseaux marins disposent des glandes à sel comme on en rencontre chez certains reptiles, iguanes ou tortues marines et qui leurs permettent d'excréter les surplus de sel[11].

  • espèces côtières
  • espèces hauturières

[modifier] les migrations

[modifier] reproduction

  • nécessité du retour à terre (ovipares)
  • reproduction coloniale
  • milieux occupés

[modifier] profils démographiques

  • survie
  • fécondité
  • échanges

[modifier] Menaces et conservation

[modifier] Régulation naturelle

[modifier] Les oiseaux de mer et l'homme

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références et notes

  1. Gaston, Anthony J. (2004). Seabirds: A Natural History. New Haven:Yale University Press, ISBN 0-300-10406-5
  2. Schwartz, F.F. (1939). Process for the production of waterproof fabrics permeable to air. United States Patent and Trademark Office, Patent number : 2149750.[1]
  3. Rijke, A.M. (1967). The water repellency and feather structure of cormorants, Phalacrocoracidae. Ostrich 38: 163-165.
  4. Certains sites[2] résument toutefois très correctement la question.
  5. Newman, S. H., Ziccardi, M.H., Berkner, A.B., Holcomb, J., Clumpner, C. & Mazet, J.A.K. (2003). A historical account of oiled wildlife care in California. Marine Ornithology 31: 59-64.
  6. (en) Montalti, D. & Salibián, A., « Uropygial gland size and avian habitat », dans Ornitologia Neotropical, 2000, 11, p. 297–306 [texte intégral]
  7. Grémillet, D., Chauvin, C., Wilson, R.P., Le Maho, Y. & Wanless, S. (2005). Unusual feather structure allows partial plumage wettability in diving great cormorants. Journal of Avian Biology, 36 : 57-63.
  8. Nelson, J.B. (1978). The gannet. Poyser, Berkhamsted : p.222.
  9. Burger A.E. & Simpson M. (1986). Diving depths of Atlantic puffins and common murres. Auk 103:828–830.
  10. Wilson, R.P., Grémillet, D., Syder, J., Kierspel, M.A.M., Garthe, S., Weimerskirch, H., Schäfer-Neth, C., Scolaro, J.A., Bost, C.-A., Plötz, J. & Nel, D. (2002). Remote-sensing systems and seabirds: their use, abuse and potential for measuring marine environmental variables. Marine Ecology Progress Series, 228 : 241–261.
  11. Antoine Morin, « Les Oiseaux », Université d'Ottawa

[modifier] Bibliographie

  • Cadiou, B., Pons, J.M., Yésou, P., 2004. Oiseaux marins nicheurs de France métropolitaine (1960-2000). Éditions Biotope, Mèze, 218 p.

[modifier] Liens externes