Obéron (personnage)

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La querelle d'Oberon et de TitaniaÉtude de Joseph Noel Paton (v. 1849)
La querelle d'Oberon et de Titania
Étude de Joseph Noel Paton (v. 1849)

Obéron, ou Aubéron est le roi des Fées, selon de nombreuses légendes. Il apparaît dans la littérature dès le haut Moyen Âge (Huon de Bordeaux), et il est particulièrement connu comme personnage de William Shakespeare, dans Le Songe d'une nuit d'été (vers 1590).

Obéron apparaît dans de nombreuses autres œuvres, anciennes (Chaucer, Spenser, Wieland) ou modernes.


Sommaire

[modifier] Légende mérovingienne

Le statut d'Obéron comme roi des elfes provient du personnage d'Alberich (elbe pour elfe, reix,rex pour « roi »), un sorcier dans l'histoire légendaire de la dynastie Mérovingienne. Dans cette légende, il est le « frère » dans l'Autre Monde de Merowech, dont le nom est l'éponyme des Mérovingiens. Alberich gagne pour son fils aîné Walbert la main d'une princesse de Constantinople. Dans l'épopée Nibelungenlied, Alberich garde le trésor des Nibelungen, mais est vaincu par Siegfried.

[modifier] Geste française

Morgan Le Fay, 1864, Anthony Frederick Sandys (Birmingham Art Gallery)
Morgan Le Fay, 1864, Anthony Frederick Sandys (Birmingham Art Gallery)

Le nom Obéron est mentionné dans la littéraire française dès la première moitié du XIIIe siècle, comme nain féerique qui aide le héros, dans la chanson de geste Les Prouesses et faitz du noble Huon de Bordeaux.

Quand Huon, fils du comte Seguin de Bordeaux, traverse la forêt où il vit, il est mis en garde contre Obéron par un hermite, mais sa courtoisie l'amène finalement à recevoir les salutations d'Obéron, et ainsi obtenir l'aide de ce dernier dans sa quête. Ayant tué Charlot, le fils de l'empereur (par auto-défense), Huon doit visiter la cour de l'amir de Babylone et exécuter divers exploits pour gagner le pardon. C'est seulement grâce à l'aide d'Obéron, qu'il y réussit.

Cet elfe apparaît avec une taille de nain, mais très beau ; Obéron explique que lors de son baptême, une fée offensée l'a maudit à cette taille — première mention d'une mauvaise marraine-fée). Mais radoucie, celle-ci lui aurait ensuite donné en compensation une grande beauté. Cet aspect singulier, issu de l'Alberich de Nibelungen, la taille de nain, trouvait ainsi une explication. [1]

Le véritable Seguin était comte de Bordeaux sous Louis le Pieux en 839, et mourut en combattant les Normands en 845. Charles l'Enfant, fils de Charles le Chauve, mourut en 866 des blessures infligées par un certain « Aubouin », dans des circonstances similaires à celles du Charlot de l'histoire — un guet-apens. Obéron apparaît donc dans l'imaginaire courtois français du XIIIe siècle, d'après une interprétation de faits historiques datant du IXe.

À ce personnage légendaire, il est donné quelques artefacts celtiques, telle une coupe magique (comparable au Saint Graal) qui reste toujours pleine pour le vertueux : « La coupe magique fournissait leur repas du soir ; son pouvoir était tel, qu'elle proposait non seulement du vin, mais aussi des aliments plus solides quand désirés[2] » selon Thomas Bulfinch. Dans cette histoire, Obéron est également présenté comme l'enfant de la fée Morgane et de Jules César.

Un manuscrit du roman dans la ville de Turin[réf. nécessaire] contient un prologue à l'histoire Huon de Bordeaux, sous la forme d'un roman séparé (dédié au personnage d'Auberon), et quatre suites. Il y eut plus tard des versions françaises[réf. nécessaire].

[modifier] Shakespeare

Shakespeare vraisemblablement lut ou entendit cette chanson de geste, dans la traduction faite vers 1540 par Lord John Bourchier Berners, intitulée Huon de Burdeuxe. Dans son journal intime, Philip Henslowe nota qu'une représentation de la pièce Hewen de Burdocize eut lieu le 28 décembre 1593.

C'est vers cette même période que Shakespeare écrivit sa pièce de théâtre A Midsummer Night's Dream.

Voir l'article : Le Songe d'une nuit d'été

[modifier] Autres références historiques

Royal Opera House (Covent Garden), vers 1809
Royal Opera House (Covent Garden), vers 1809

Obéron est un personnage dans The Scottish History of James IV (« L'Histoire écossaise de James IV »), une pièce écrite vers 1590 par Robert Greene.

En 1610, Ben Jonson a écrit une Mascarade : Oberon, the Fairy Prince (« Obéron, le Prince féerique »). Il a été représenté par Henry Frederick Stuart, le prince de Galles, à la cours anglaise le jour du nouvel an 1611.

Obéron fait également partie du semi-opéra de Henry Purcell The Fairy Queen (1692), adapation musicale de Le Songe d'une nuit d'été.

En 1826, l'opéra Oberon de Carl Maria von Weber (écrit d'après un poème de Christoph Martin Wieland) fut joué au Covent Garden de Londres.

Le nom Obéron fut choisi pour nommer le satellite de la planète Uranus en 1847, comme hommage à William Shakespeare et son personnage littéraire.

[modifier] Références modernes

Obéron, lune d'Uranus
Obéron, lune d'Uranus

Le personnage du roi Obéron a été transposé dans de nombreuses œuvres fantastiques, notamment en langue anglaise ; romans , bande-dessinées, dessin-animés, films...

[modifier] Références et notes

  1. Katharine Briggs, An Encyclopedia of Fairies, Hobgoblins, Brownies, Boogies, and Other Supernatural Creatures, chap. « Huon de Bordeaux », p. 227 — ISBN 0-394-73467-X
  2. « The magic cup supplied their evening meal; for such was its virtue that it afforded not only wine, but more solid fare when desired »Thomas Bulfinch.

[modifier] Liens externes