Notre maison brûle et nous regardons ailleurs

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L'incendie de maisons de fortune en Afrique du Sud.
L'incendie de maisons de fortune en Afrique du Sud.

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » est une courte phrase que prononça le Président de la République française Jacques Chirac dans le discours qu'il fit devant l'assemblée plénière du IIIe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud, et qui sert à présent à désigner cette prise de parole. En se référant en particulier au réchauffement climatique, la déclaration du chef de l'État français fait à la fois le constat de la destruction de la Nature et la critique de l'indifférence des habitants de la Terre face à cette catastrophe qui mettrait pourtant à l'épreuve et en danger l'espèce humaine toute entière. Selon les commentateurs, qui apprécièrent les intentions de l'orateur, mais qui regrettèrent aussi sa prise de conscience tardive, elle ne fut que très peu suivie d'effet de la part de ce dernier, de son audience et de ses cibles, et elle constitue à ce titre une prophétie auto-réalisatrice.

Sommaire

[modifier] Contexte

Le discours de Jacques Chirac a lieu le lundi 2 septembre devant l'assemblée plénière de la troisième édition de ce que l'on nomme communément les Sommets de la Terre, laquelle a commencé le lundi 26 août et doit s'achever le mercredi 4 septembre. L'homme s'exprime à la tribune alors qu'il vient d'être réélu Président de la République française le 5 mai précédent au terme d'une élection durant laquelle l'environnement n'a tenu qu'une place secondaire et qui est surtout marquée par la présence du candidat d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen au second tour, ce sur quoi se focalisent les médias nationaux durant les semaines qui suivent.

En route pour le sommet, Jacques Chirac s'arrête à Ndjamena, au Tchad, le dimanche 1er septembre. Il rencontre Idriss Déby Itno et s'entretient avec lui de la situation régionale et des relations bilatérales avant de l'inviter en France et de reprendre l'avion pour le sommet[1]. L'Airbus présidentiel atterrit sur la base aérienne de Waterkloof aux alentours de 21 heures 30, et le Président s'installe à l'hôtel Sandton Hilton une demi-heure plus tard[2].

Ce n'est pas la première fois que Jacques Chirac se retrouve en Afrique du Sud en tant que chef de l'État français : en juin 1998, il a effectué une visite d'État de deux jours dans ce pays du 26 au 28. Cependant, s'il a rencontré Nelson Mandela à cette occasion, il n'a pas visité Johannesburg[3], où a lieu le sommet.

[modifier] Contenu

Le passage le plus célèbre du discours de Jacques Chirac est constitué par les quelques phrases liminaires :

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l'humanité sont en péril, et nous en sommes tous responsables. »

Il énumère ensuite les grands problèmes environnementaux et de développement humain qui se posent continent par continent. Citée la première, l'Europe serait frappée par des catastrophes naturelles et des crises sanitaires. En Amérique du Nord, l'économie américaine serait souvent « boulimique en ressources naturelles » et semblerait « atteinte d'une crise de confiance dans ses modes de régulation ». L'Amérique latine verrait resurgir « la crise financière » et ses contrecoups sociaux. De son côté, l'Asie serait menacée d'empoisonnement par une pollution qui s'étend et menace, ce dont témoignerait, selon Jacques Chirac, « le nuage brun ». L'Afrique serait quant à elle « accablée par les conflits, le sida, la désertification, la famine ». Pour finir, certains États insulaires seraient menacés de disparition du fait du réchauffement climatique, ce qui sous-entend que Jacques Chirac croit à l'augmentation du niveau de la mer[4].

[modifier] Commentaires et analyses

Jacques Chirac (à droite) en 2002 avec George W. Bush (à gauche), une cible indirecte de son discours de Johannesburg.
Jacques Chirac (à droite) en 2002 avec George W. Bush (à gauche), une cible indirecte de son discours de Johannesburg.

Les commentateurs du discours considèrent généralement qu'il constitue une description exacte de la situation en cours en matière d'environnement. Pourtant opposé à Jacques Chirac sur de nombreuses questions, le Parti communiste français estime par exemple que par son biais la France a eu raison, a trouvé « les mots justes »[5].

Cependant, les raisons qui poussent les uns et les autres à juger le contenu du discours positivement divergent, et le PCF y voit par exemple un véritable diagnostic porté par la France dans « une arène onusienne » et qui « tranchait avec la suffisance des USA, champions toutes catégories en matière de pollution mais refusant de ratifier le protocole de Kyoto »[5].

[modifier] Conséquences

Après coup, plusieurs commentateurs soulignent que ni Jacques Chirac, ni les personnes qui l'écoutaient ou qu'ils visaient implicitement n'ont procédé à des mesures drastiques en faveur de l'environnement. Aussi, ils écrivent plusieurs textes en détournant la formule pour indiquer que le feu brûle toujours et/ou qu'untel ou untel regarde toujours ailleurs. Selon le Parti communiste français, ainsi, « la formule de Jacques Chirac au Sommet de la Terre est entrée dans le triste placard des phrases sans lendemains et des occasions perdues »[5].

De fait, peu après le sommet, Jacques Chirac avait déjà déclaré qu'il savait que l'impact de la rencontre internationale serait réduit, si ce n'est en matière de sensibilisation : « les textes du sommet sont ce qu'ils sont. Ils ont une portée limitée, peut-être, mais incontestablement ils sont un moment de prise de conscience et une avancée. C'est bien ce que l'on attendait de ce sommet difficile. »[6]

[modifier] Références

  1. « Entretien avec le Président du Tchad », Présidence de la République française.
  2. « Programme du Sommet de Johannesburg », Présidence de la République française.
  3. « Visite d'État en Afrique du Sud », Présidence de la République française.
  4. « Discours de M. Jacques Chirac, Président de la République, devant l'Assemblée plénière du Sommet mondial du développement durable », Présidence de la République française.
  5. abc « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. », Parti communiste français, 6 novembre 2006.
  6. « Notre maison brûle. Où sont passés les pompiers ? », Michel Giran.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie