Nostromo (roman)

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Nostromo est un roman de Joseph Conrad publié en 1904. Il se passe au XIXe siècle dans un pays fictif d'Amérique du Sud, le Costaguana, et principalement dans la ville de Sulaco. Le cœur de l'intrigue de Nostromo est la mine d'argent de San Tomé dont hérite au début du roman Charles Gould, descendant d'une lignée d'Anglais expatriés au Costaguana. Désireux d'établir un règne de justice et de paix dans un pays troublé par des révolutions continuelles, Charles Gould consacre toute son énergie à la prospérité de la mine. Celle-ci semble garantie par le régime d'un président modéré, Ribiera, plus ou moins institué par Gould lui-même. Mais cette stabilité politique s'effondre avec la tentative de prise de pouvoir par les frères Montéro, hommes sans noblesse et brutaux. Après la défaite du parti blanco (parti des notables ralliés à Ribiera) devant Pedro Montéro, le pays tombe dans le chaos. Les notables de la ville confient alors le soin de mettre le trésor de la mine en sûreté à Nostromo, marin italien devenu capitaine des cargadores du port (dockers), accompagné de Martin Decoud, fils d'une famille aristocratique. Nostromo et Decoud parviennent à sauver le trésor du naufrage de leur barque et le cachent sur une île, la Grande Isabelle, sous la garde de Decoud. Nostromo, homme loyal et courageux, réalise par la suite le plan de Decoud : solliciter l'aide d'un général, Barrios, pour reconquérir Sulaco occupée par les partisans de Montéro et proclamer l'indépendance de Sulaco. Des années plus tard, nous retrouvons Sulaco, prospère et stable. C'est alors un second roman qui commence, centré sur la personnalité de Nostromo. Après la suicide de Decoud – dont le pessimisme n'a pas résisté à l'épreuve de la solitude sur la Grande Isabelle – Nostromo s'est emparé de l'argent de la mine. Esclave de son trésor, incapable de réaliser son amour pour une jeune fille, Gisèle, à la sœur de laquelle il est fiancé, Nostromo meurt assasiné par leur père.

Résumer Nostromo est une gageure. D'une part, parce que le roman se déploie comme une toile d'araignée (à la façon de Lord Jim), faite de prolepses, d'analepses, de changements de registres (dialogues, biographies de personnages, récit...). Conrad met en scène un monde total, extrêmement réaliste, et fait vivre toute une galerie de personnages. Même si l'essentiel du roman est consacré à la révolution du Costaguana, l'intrigue est loin d'être linéaire. Le suspense qui intervient d'ailleurs dans la troisième partie (la mine sera-t-elle sauvée ? le trésor sera-t-il retrouvé ?) est brusquement liquidé par Conrad au moyen d'un personnage, Mitchell, qui fait le récit de la défaite de Montéro et du triomphe des intérêts matériels de la mine en quelques pages...

À mesure que l'importance de l'intrigue décroît, la tonalité générale du roman s'affirme et s'amplifie, sous la forme d'un pessimisme radical. Charles Gould l'entreprenant, devenu esclave de sa mine et des intérêts financiers dont il est le serviteur. Sa femme, l'angélique Emily, délaissée. Nostromo, homme valeureux mais plein de vanité, détruit dans l'essence de ses qualités par le trésor qu'il confisque. Linda, la fiancée qu'il a trahie, vouée au délaissement. Decoud, dont le scepticisme brillant mais sans force d'âme le pousse au suicide. Tous les personnages de Nostromo illustrent un pessisme radical : inanité de l'action, qui dévie de son but originel, solitude des êtres, manque de force de l'intelligence humaine, impossibilité pour l'homme de s'en remettre complètement à sa force intérieure, persistance de buts chimériques qui enlèvent à l'homme sa sérénité... Ces personnages brisés proclament le triomphe de puissances sans visage : le destin, qui fait des hommes les simples rouages d'un plan inintelligible, l'argent (véritable moteur de l'idéal du progrès), qui pilote à distance la destinée du Costaguana. Nostromo est une grande œuvre sombre sur la condition humaine.




Nostromo : Liste des 34 personnages


Européens :

Capitaine Joseph Mitchell - Une des voix du récit, meme si sa connaissance des hommes et de l'histoire de Sulaco est bien moins complète qu'il ne le croit.

Charles Gould (don Carlos, El señor administrador, El Rey de Sulaco)- Propriétaire de la mine

Emilia Gould - Epouse de Charles

Henry Gould (don Enrique) - Oncle de Charles. Chef de la province de Sulaco. Fut fusillé par des soldats sous le régime de Guzman Bento.

Harry Gould - Père de Charles. Premier propriétaire de la mine de San Tomé.

Dr Monygham - Médecin-chef de la mine de San Tomé, puis inspecteur des hôpitaux de l'état.

Martin Decoud - Français d'origine costaguanéenne. Revient de Paris avec des munitions pour le parti Blanco. Souhaite proclamer Sulaco République Indépendante.

Giorgio Viola (Garibaldino). Vieil idéaliste Italien habitant entre la ville et le port de Sulaco. Protégé de Mme Gould.

Teresa Viola. Son épouse

Linda Viola. Leur fille ainée. Brune.

Giselle Viola. Leur fille cadette. Blonde.

Sir John - Président du conseil d'administration de la Compagnie des Chemins de Fer. Fait le voyage à Sulaco depuis Londres.

Ingénieur en chef (de la Compagnie des Chemins de Fer)

Hirsch. Marchand de peaux Juif originaire de Hambourg, résidant à Esméralda.

Nord-Américains :

Holroyd. Milliardaire de San Francisco. Financier de la mine

Sud-Américains :

"Ribieristes" :

don Vincente Ribiera. (Excellentissimo señor, Gouverneur légal, Premier magistrat). Président-dictateur porté au pouvoir par les Européens et le parti Blanco. Premier civil nommé chef d'état dans l'histoire de Sulaco. Fuit la capitale au moment des troubles et rejoint Sulaco sur une mule boîteuse.

don José Avellanos. Auteur de "Histoire de 50 ans d'abus". Un des survivants du règne de Guzman Bento. Veuf. Oncle maternel de Gould.

Antonia Avellanos. Fille de don José.

Monseigneur Corbelan

Pablo Barrios

Moraga

Hernandez

"Montéristes" :

Pedro Montero

Pedrito Montero

Fuentes

Gamacho

Sotillo

Divers :

Guzman Bento

Père Beron

Père Roman

Basilio

Ignacio

Leonarda

Bonifacio