Nicolas de France

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Nicolas de France né le 16 avril 1607 et mort en 1611, est le second fils de Henri IV et de Marie de Médicis.

[modifier] Un prince sans nom

La tradition veut déjà au début du XVIIe siècle que le second fils du roi reçoive l’Orléanais en apanage, le troisième fils l’Anjou ; cependant la chose ne s’est pas faite naturellement avec les fils de Henri IV, ce que l'on apprend grâce à Malherbe.
Ce dernier indique que « monsieur d’Orléans a cuidé n’être que Monsieur sans queue, le roi ayant dit aussitôt qu’il fut né qu’il ne voulait point qu’il eût plus de 10 000 Lt de rente en fonds de terre et que, s’il servait bien son frère, il lui donnerait des pensions. Toutefois hier matin, il dit qu’il voyait bien que ce nom de Monsieur d’Orléans était déjà tellement publié au dehors et au dedans du royaume, par les dépêches qui avaient été faites, qu’il n’y avait plus d’ordre de le supprimer ; si bien que ce sera Monsieur d’Orléans, mais titulairement et non autrement »
(Fr. Malherbe., Lettres à Peiresc, éd. de La Pléiade, p. 378).

Cet usage est bien commode, puisqu’il permet de désigner précisément les enfants, surtout tant qu’ils n’ont pas reçu le baptême entier mais qu’ils ont été seulement ondoyés, puisqu’il était fréquent que l’on attende jusqu’au baptême complet pour leur donner un prénom. Tel est le cas du duc d’Orléans, second fils du couple royal. Il n’avait pas encore reçu le baptême complet, donc aucun prénom ne lui a été donné. Plusieurs biographes ont avancé, en se recopiant probablement les uns sur les autres, d’où cette erreur, celui de Nicolas. Louise Bourgeois, sage-femme de la reine Marie de Médicis, affirme que le duc « n’a point eu de nom ».

[modifier] Un enfant chétif

D’après L. Batiffol, biographe de Marie de Médicis, qui s’appuie sur les récits de l’époque, l’enfant est malingre, chétif, « doué d’une tête énorme sur un corps de squelette (...) il (...) traîna, constamment souffrant ». A sa mort en 1611, « on lui ouvrit le crâne, il avait le cerveau rempli de catarrhes et tout gâté, plein d’eau noire et le cervelet qui s’émiait aux doigts en le maniant ».

[modifier] "Une si belle âme"

Pour finir, évoquons le récit de Tristan L’Hermite, qui, ayant vécu en compagnie des enfants de France, nous permet de faire connaissance d'une toute autre façon de cet enfant. Dans Le page disgrâcié, il raconte la vivacité d’esprit du petit duc, qui n’est pas seulement l’enfant malingre et souffrant que décrit L. Batiffol.

Réputé pour son talent de conteur, Tristan L'Hermite, encore enfant, racontait fréquemment des histoires aux enfants, et notamment au Duc d'Orléans. Mais auparavant, il en fait un portrait des plus flatteurs :

« Ce jeune soleil entre nos princes n’avait pas encore atteint un lustre, et donnait de si grandes espérances de ses divines qualités, que c’était une merveille incomparable. Il était extrêmement beau de visage, mais il était encore plus avantagé pour l’esprit et le jugement, et disait presque toujours des choses si raisonnables et si sensées qu’il ravissait en admiration tout ce qui était près de lui.
(…) je remarquerai seulement ici un trait enfantin de son naturel enclin à la miséricorde. Un soir qu’il avait quelque petite indisposition, sa gouvernante, dame sage et prudente, et qui rendit son nom célèbre par sa vertu, s’avisa de m’envoyer quérir pour le divertir quelques heures avec mes histoires fabuleuses ; (…) j’eu recours aux fables d’Ésope (…) sa santé demandant qu’il demeurât quelque jour en repos, j’eu l’honneur de l’entretenir plusieurs fois (…) Je vins à lui conter une certaine aventure d’un loup et d’un agneau qui buvaient ensemble au courant d’une fontaine ».

Suit le récit de cette fable bien connue, comment le loup accuse l’agneau d’une certaine faute, « comme l’agneau repartit que cela ne pouvait être lui, puisqu’il était né que depuis deux mois. Là-dessus, ce jeune prince, voyant où tendait la chose, tira vivement ses petits bras hors de son lit, et me cria d’une voix craintive, ayant presque les larmes aux yeux : « A ! petit page, je vois bien que vous allez dire que le loup mangea l’agneau. Je vous prie de dire qu’il ne le mangea pas ». Ce trait de pitié fut exprimé si tendrement et d’une façon si fort agréable qu’il ravit en admiration toutes les personnes qui l’observèrent, et pour moi, j’en fus si sensiblement touché que cette considération me fit changer sur-le-champ la fin de ma fable au gré des sentiments de cette petite merveille. (…)

Cette divine fleur [ le prince] ne fut pas de ces fleurs qu’on nomme éternelles, ce fut un lis qui ne dura guère de matins. La terre la rendit au Ciel, avant qu’elle l’eût gardé plus d’un lustre. Et l’Europe perdit par sa mort de grandes espérances et de grandes craintes. Les plus excellents médecins furent appelés à sa maladie ; et comme ceux de cette profession ne s’accordent jamais guère en leurs jugements, ils donnèrent différents avis sur la manière de le traiter durant son mal, et ne cessèrent pas leur dispute après qu’il eut cessé de vivre. Cependant ils furent tous contraints d’avouer qu’il y avait quelque mauvais principe en la constitution du corps de ce jeune prince, qui l’empêchait de retenir plus longtemps sa belle âme, qui fit connaître, peu devant que d’aller là-haut, qu’elle était toute lumineuse. Toute la cour en prit le deuil. »

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