Hébreux

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Les Hébreux (du latin Hebraei, du grec ancien Ἑϐραῖοι / Hebraioi, lui-même issu de l'hébreu Ivri עברי) sont un ancien peuple sémitique du Proche-Orient.

Sommaire

[modifier] D'après la Bible

Selon la Bible et les traditions hébraïques, les Hébreux sont originaires de la Mésopotamie, d'Ur en Chaldée, ce sont des nomades, vivant dans des tentes, élevant des troupeaux de chèvres et de moutons, utilisant des ânes, des mulets et des chameaux comme porteurs. Une crise économique a pu pousser Terah, père d'Abraham, à quitter la ville pour celle d'Harran, dans le Haut-Euphrate. De là, certains d'entre eux migrent vers le pays de Canaan, promis par Dieu, selon la Bible, à la postérité du patriarche Abraham (v. 1750 av. J.-C.). Les tablettes découvertes à Mari attestent de fréquentes migrations dans ces régions.

Abraham, qui a vécu au XIXe siècle avant JC, et les siens s'installent dans le Pays de Canaan : à Sichem (actuelle Naplouse), Beer-Sheva ou encore Hébron. Peu à peu, ils se mêlent aux populations locales, et deviennent agriculteurs sédentaires vers le XIIe siècle av. J.-C.. Des premiers patriarches hébreux sont issus entre autres, toujours selon la Bible : les Édomites, les Moabites, les Ammonites, Ismaélites (tribus arabes arabisants, dits mustaʿribah) et le peuple d'Israël .La tradition biblique présente les Hébreux de l'époque patriarcale comme des « étrangers » (gérim) par rapport à la population locale, des pasteurs semi-nomades en voie de sédentarisation, à la recherche de pâturages. Ils s'installent près des villes et entretiennent généralement de bons rapports avec la population locale. Ils vivent en autarcie et refusent de se marier « avec les filles des Cananéens ». Ils sont groupés en familles élargies (bêyt'âb) ou en clan (mishpâhâh), qui gardent leur identité et leurs traditions propres (culte du dieu de leurs pères).

Selon la Bible, une famine les aurait poussés à partir vers l'Egypte pour travailler aux grands travaux publics. Le temps passant, ils devinrent esclaves (selon la Bible), mais il est en effet fort probable qu'ils furent opprimés. Moïse les aurait aidés à s'enfuir d'Egypte grâce à une intervention divine (traversée de la Mer Rouge et Exode vers 1250 avant J-C). Après avoir reçu les Tables de la Loi sur le Mont Sinaï, Moïse conduit les Hébreux à travers le désert pendant 40 ans. Après cette errance, et toujours selon la Bible, ils revinrent en Canaan, occupée par les Philistins. Ce serait la victoire de David, roi d'Israël, contre Goliath, champion des Philistins, qui leur aurait permis de regagner la terre de Canaan. C'est le début des royaumes, celui de Salomon de 970 à 931 avant J-C avec pour capitale Jérusalem, où Salomon aurait fait batir un temple renfermant l'arche d'Alliance, puis sa division en 2 avec le royaume de Juda qui survécut jusqu'en 587 avant J-C, et celui d'Israël jusqu'en 722 avant J-C. Victime de sa division, le peuple hébreu affaibli subit plusieurs invasions, perse, grecque et romaine, dont la dernière dirigée par Titus en 70 de notre ère provoqua la seconde Diaspora (dispersion du peuple juif autour du bassin méditerranéen).

[modifier] D'après les archéologues

De récentes découvertes archéologiques remettent en cause en profondeur la version biblique :

  • - le terme "hébreux", qui signifie littéralement "ceux qui passent" (les errants, les nomades) n'existe que dans la Bible. Seul un terme à consonance approchante, "Apirou", est mentionné ailleurs. Ce terme, qui s'écrit aussi Hapirou ou Habirou, apparaît depuis le Dynastique archaïque jusqu'à la fin de l'Âge du Bronze. On le rencontre de la Mésopotamie à l'Anatolie et à l'Égypte. Il désigne principalement des marginaux vagabonds, parfois mercenaires et plus ou moins brigands. On sait maintenant que les Apirou portent des noms d'origines ethniques variées : ils ne sont pas considérés comme une ethnie unique, mais comme un groupe socio-économique comportant plusieurs ethnies. Les hébreux mentionnés par la Bible pourraient donc être l'une des nombreuses ethnies errantes exogènes regroupées sous le nom commun d'Apirou. Selon Olivier Rouault, « Le terme de Hapirou/Habirou a fait couler beaucoup d'encre, en partie en raison de sa ressemblance avec le nom des Hébreux, avec lequel il semble finalement n'avoir qu'un rapport lointain »[1] (voir l'article Shasou et Apirou dans les documents égyptiens). Que le terme générique Apirou désignant tous les vagabonds étrangers ne soit pas directement lié au terme biblique spécifique Hébreux désignant les nomades errants issus du patriarche Héber ne remet pas en question l'existence d'une ethnie hébraïque antérieure au texte écrit dans le Tanakh.
  • - de rares textes extra-bibliques, comme la Stèle de Mérenptah, désignent ce peuple par le nom d'Israël, nom donné par ailleurs dans la Genèse au patriarche hébreu Jacob, puis à sa lignée désignée comme les douze tribus d'Israël. Les historiens utilisent les termes de "premiers israélites" ou "protoisraélistes" (voir Données archéologiques sur les premiers Israélites). Mais le terme "hébreux" n'en désigne pas moins les ancêtres d'Abraham à partir de l'éponyme Héber d'une part, et les descendants d'Abraham et de son fils Isaac par le lignée d'Esaü frère de Jacob-Israël d'autre part, qui ne sont ni israélites ni protoisraélites.
  • - Il n’y a jamais eu aucune invasion militaire du territoire de Palestine par une armée d'hébreux organisée sur le modèle des armées égyptiennes ou mésopotamiennes (voir Données archéologiques sur l'Exode et Moïse). Ce qui n'exclut pas une infiltration progressive d'immigrés non cananéens en Canaan par "coups de mains" successifs de village en village et de colline en colline à partir de Josué jusqu'au roi Saül intronisé par le prophète Samuel.

Les versions biblique et historiques se recoupent un peu à partir du 10ème siècle avant JC car les historiens confirment l'existence des deux royaumes d'Israël et de Juda. Avec toute fois une différence fondamentale : comme le disent Thomas Römer et Dominique Jaillard, il faut « insister sur une différence fondamentale entre la Bible hébraïque et les textes du Proche-Orient ancien dans la mesure où la Bible confesse un Dieu unique, donc un monothéisme face au polythéisme de ses voisins », alors que «  les royaumes d’Israel et de Juda sont polythéistes comme leur voisins » [2] L'étude de cette dernière assertion demanderait cependant une confirmation nuancée avant d'être envisagée sérieusement.

[modifier] Notes et références

  1. Olivier Rouault, p. 1026 du Dictionnaire de l'Antiquité, direction Jean Leclant, édition PUF, 2005
  2. Homre et la Bible

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Jacques Briend et Marie-Josèphe Seux, Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël Cerf, 1978 (ISBN 220401169X) ;
  • Richard Lebeau, Une histoire des Hébreux : De Moïse à Jésus, Tallandier, coll. « Documents d'histoire », 1998 (ASIN 2235021646) ;
  • Richard Lebeau et Claire Levasseur, Atlas des Hébreux. La Bible face à l'histoire, 1200 av. J.-C.–135 ap. J.-C., Autrement, coll. « Atlas/Mémoires », 2003 (ISBN 2-7467-0386-6) ;
  • Gérard Nahon, « Les Hébreux », De la Mésopotamie à la Perse, Encyclopædia Universalis et le Grand Livre du Mois, coll. « La grande histoire des civilisations », Paris, 1999 (ISBN 2-7028-3080-3).
  • William G. Dever Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit vrai Bayard 2005