Nationalisme catalan

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 Som una nació Manifestation des partis indépendantistes dans les rues de Barcelone en février 2006. L'autonomie étant acquise, les revendications portent sur une amplification des compétences et plus d'équité dans la répartition des ressources entre les communautés.
Som una nació

Manifestation des partis indépendantistes dans les rues de Barcelone en février 2006. L'autonomie étant acquise, les revendications portent sur une amplification des compétences et plus d'équité dans la répartition des ressources entre les communautés.

Le nationalisme catalan ou catalanisme[1] est un mouvement politique et culturel visant la reconnaissance des ambitions nationales de la Catalogne, en Espagne comme en France, et plus généralement dans toutes les régions où est parlé le catalan.

Pris au sens de l'autonomie espagnole, le mouvement est essentiellement ibérique. Cependant, l'historiographie catalane ajoutant certaines parties de la région française du Roussillon parmi les comtés catalans fondateurs de ladite « nation catalane », les revendications nationales de la Catalogne espagnole prônent un rapprochement ténu des relations transfrontalières des deux zones de culture et de langue catalanophones.

Le point de départ de l'identité nationale est la rupture du lien de vassalité avec les seigneurs carolingiens, aux prises avec les maures menaçant la cité de Barcelone, les comtes ne reçoivent pas d'aide par leur seigneur et lige, le roi des Francs alors qu'ils en sont les vassaux. Le lien féal étant brisé, les comtés de Catalogne se libèrent de la vassalité. Mais la raison de cette différenciation doit plus se chercher dans l'histoire de la Catalogne et celle du le royaume d'Aragon. Le comte de Barcelone devenu roi d'Aragon en 1137; les catalans et la langues catalanes joueront un rôle prépondérant dans le royaume. Pendant 3 siècles la catalogne prospéra en Espagne et en méditerranée. De plus le modèle confédéral et décentralisé du royaume permis une coexistence harmonieuse des diverses régions du royaume.

En l'espace de quelques dizaines d'années la Catalogne se retrouva à la périphérie d'un empire espagnol castillan centralisateur. Cette intégration ne pouvait se passer que dans la douleur. A l'instar du Portugal qui a été inclus l'Espagne et qui s'en est libéré, les catalans ont multiplié les révoltes pour conserver leur autonomie.

La fête nationale catalane a lieu le 11 septembre. elle célèbre la résistance, jugée héroïque en Europe, de Barcelone en 1714 face aux armées conjointes de Castille et de France, puisque les Autrichiens avaient signé une paix séparée.

Sommaire

[modifier] Légendes fondatrices

[modifier] Histoire

Les premières traces de nationalisme dans l'Histoire de la Catalogne remontent au XVIIe siècle quand surviennent les premières péripéties au cours desquelles elle doit lutter pour préserver ses intérêts politiques, culturels et économiques face aux intérêt de la Couronne de Castille.

Le catalanisme proprement dit prend sa source dans l'Espagne de la première république, lorsque des intellectuels comme Valentí Almirall crée une nouvelle idéologie politique au XIXe siècle visant à instaurer un gouvernement autonome catalan, ainsi que la reconnaissance du catalan comme langue officielle. La courte vie de la première république espagnole, d'une seule année en 1873, a empêché le développement de les propositions catalanistes pour l'organisation de l'État espagnol.

Les demandes catalanistes continuent à faire partie de la vie politique espagnole pendant tout le règne d'Alphonse XII, notamment avec la présentation par les députés catalans du "Memorial de Greuges" de la Catalogne devant le roi. Ce document exprimait les demandes de la Catalogne vis à vis de l'État central. Cependant, le catalanisme doit attendre le début du XXe siècle pour devenir véritablement un mouvement politique considérable.

[modifier] Antécédents

[modifier] Le XVII° siècle : le soulèvement de 1640.

Malgré l'Union de la Couronne d'Aragon et de Castille, la Catalogne a maintenu ses libertés (comprises comme droits propres au royaume face à l'autorité réelle).

Le courant de pensée qui donne base à l'actuel nationalisme catalan trouve ses origines au XVII° siècle, quand la Principauté de Catalogne se souleva contre Philippe IV. Cette révolte fut due en partie à la conduite de l'armée royale dans les campagnes contre la France durant la guerre de Trente Ans, mais aussi provoquée par les tentatives d'unification du Conde Duque qui prétendit augmenter les prérogatives royales dans tous les territoires de la Couronne afin de rassembler d'avantage d'impôts qui permettraient d'alléger le déficit étatique permanent. Cette conception fédéraliste s'opposait à l'administration confédérale maintenue jusqu'alors, et provoqua un soulèvement fortement appuyé par le peuple, notamment à cause des faibles contreparties offertes par la couronne. A cette époque fut proclamée la république de Catalogne. Devant l'impossibilité de la maintenir, Pau Claris la met sous souveraineté française.

[modifier] Le XVIII° siècle : les décrets de Nueva Planta

Le XVIII° siècle est marqué par la suppression des institutions de la Catalogne par les Décrets de Nueva Planta de Philippe V, comme punition à l'appui de la Catalogne à l'archiduc Charles, prétendant autrichien au trône d'Espagne durant la guerre de succession d'Espagne. Cette suppression se produisit après la guerre civile durant laquelle la Catalogne s'était soulevée et contre qui Philippe V envoya des troupes pour mater l'insurrection. Celle ci prit fin le 11 septembre 1714, jour de l'attaque finale des troupes royales contre la capitale catalane. C'est pourquoi on célèbre le 11 septembre comme Jour national de la Catalogne. Après la déroute fut inaugurée la première étape de la suppression des droits antérieurs, de laquelle les Décrets de Nueva Planta forment le chapitre le plus important. Il fut aussi demandé de détruire une partie de la ville, et d'y construire en ce lieu une citadelle pour prévenir une éventuelle rébellion populaire. L'arsenal de la citadelle est actuellement le siège du parlement catalan.

[modifier] Le XIX° siècle: La Renaixença et la naissance du catalanisme

La lutte pour les libértés catalanes retrouva sa force au XIX° siècle, concrètement dans les années 1830, dans le mouvement Renaixença, en même temps que le Romantisme. La Renaixença fut un courant intellectuel et littéraire qui en principe, n'avait pas de fins politiques et cherchait avant tout la récupération et la reconnaissance de la langue catalane. Parmi les écrivains emblématiques de ce mouvement, on peut citer le prêtre Jacint Verdaguer ou, ultérieurement, le poète Joan Maragall.

[modifier] Naissance et développement

[modifier] Le XXème siècle

Petit monument en l'honneur de Lluis Companys, leader du nationalisme catalan exécuté en 1940.
Petit monument en l'honneur de Lluis Companys, leader du nationalisme catalan exécuté en 1940.

C'est au début du XXe siècle que le nationalisme catalan a commencé a avoir une réelle importance politique avec la victoire électorale en 1901 de la Lliga Regionalista (Ligue Régionaliste), un parti nationaliste conservateur mené par Francesc Cambó, qui sera d'ailleurs ministre du roi Alphonse XIII. la celèbre phrase de Cambó "Monarquia?, República?, Catalunya!" reflète la vision de cet homme politique: peu importe comment soit organisé le pouvoir en Espagne, notre seule préoccupation est la Catalogne. La nationalisme catalan fait son apparition au coeur de la vie politique espagnole, un phénomène que le célèbre intellectuel et philosophe Ortega y Gasset appellera "le problème catalan". Les hommes politiques catalanistes réclament la récupération des institutions perdues lors de la victoire borbonique pendant la guerre de Succession espagnole, en 1714.

En 1906, l'armée espagnole donne l'assaut sur la rédaction d'un journal à tendance catalaniste, provoquant la colère de tous les nationalistes, colère qui se traduit par la création de la formation politique Solidaretat Catalana (Solidarité Catalane), fruit du rassemblement de toutes les composantes du mouvement nationaliste. Lors des élections de 1907 elle obtint 41 des 44 sièges du parlement catalan. La Semaine tragique de Barcelone entraîne sa dissolution.

Cependant, l'influence du catalanisme dans la vie politique espagnole pendant le règne d'Alphonse XIII a des incidences. Le gouvernement conservateur d'Eduardo Dato approuve, en 1913, la création de la Mancomunitat de Catalunya, une sorte de gouvernement autonome qui englobait 4 conseils généraux et dont les idées étaient dans dans la continuité de celles de la Lliga. La Mancomunitat a un pouvoir de décision dans les domaines de l'éducation, la santé ou les infrastructures. Son président fut Enric Prat de la Riba. Pour la première fois depuis 1714, la Catalogne avait une institution propre même si elle avait moins d'attributions que la quasi-souveraine "Generalitat" o "Diputació del General" antérieure aux décrets du roi Philippe V de Bourbon d'annulation des droits catalans.

A partir de 1918, la Lliga est le parti le plus important de Catalogne, même s'il n'obtient jamais la majorité des sièges de la Catalogne aux élections législatives espagnoles[2]. Sa nature conservatrice l'ont amené à participer aux derniers gouvernements du régime de la Restauration et à ne pas s'opposer à la dictature de Primo de Rivera. Cependant, ce dernier mène une politique de lutte contre tous les nationalismes autres que le nationalisme espagnol et l'expérience de la "Mancomunitat" prend vite fin. Son coup d'État en 1923, accepté par le roi, mettra fin à l'institution et, par conséquence, à la période de tolérance vers la langue et la culture catalanes.

C'est toutefois pendant cette même dictature qu'apparaît la Esquerra Republicana de Catalunya (Gauche Républicaine de Catalogne). Pour la première fois, le nationalisme catalan présente une autre facette que celle, conservatrice, qui l'avait caractérisé depuis son apparition. Esquerra obtient un grand pouvoir durant la Seconde République (1931-1936), qui marque un retour du catalanisme dans les institutions: un statut d'autonomie de la Catalogne, qui rétablit le gouvernement régional de Catalogne, est mis en place en 1938. L'année suivante tout était perdu. La victoire franquiste lors de la guerre civile marque le début d'une répression qui, à l'image de celle de Primo de Rivera combattait toute forme de de velléité autonomiste régionale.

Malgré le manque de liberté, dès grèves d'ouvriers commencent à s'organiser dès 1951 puis en 1956, 1971 et 1974. Ces grèves marquent le début d'une mobilisation plus large.

Franco meurt peu après, le 20 novembre 1975. La mort du dictateur ouvre le chemin à la transition démocratique espagnole.

Après une grève importante en 1977 (à la fin du franquisme), la Generalitat de Catalunya est rétablie, avec Josep Tarradellas à sa tête.

Suite à la rédaction de la Constitution espagnole de 1978, qui reconnaît l'Espagne comme un État avec plusieurs nationalités et régions et suite la mise en place d'un gouvernement démocratique, la Catalogne devint une communauté autonome au sein de l'État espagnol le 11 août 1980.

La même année, les élections au Parlement de Catalogne portent au pouvoir Convergència i Unió (Convergence et Union), dirigé par Jordi Pujol, qui resta au pouvoir jusqu'en 2003.

[modifier] XXIème siècle

Convergència i Unió a conservé le pouvoir jusqu'à une défaite électorale le 16 novembre 2003. Le nouveau gouvernement est formé de trois partis : le Parti Socialiste de Catalogne (PSC), Esquerra Republicana de Catalunya (Gauche Républicaine de Catalogne, ERC) et l'Iniciativa per Catalunya Verds (Initiative pour la Catalogne - Les Verts, ICV) avec Pasquall Maragall comme président du Gouvernement autonome. Convergència i Unió conserve le plus grand nombre de député suivi du PSC, de L'ERC, du Parti Populaire (PP) et de l'ICV. Le pacte de gouvernement, premier pacte du genre pour la Gauche en 20 ans a été proposé par l'ERC qui grâce à une augmentation considérable des suffrages en sa faveur s'est érigé comme une des principales forces politiques de Catalogne, récupérant petit à petit la position qui était la sienne du temps de Josep Tarradellas.

Le 30 septembre 2005, après plus de 2 ans de négociations, le Parlement catalan a approuvé à une large majorité un projet de nouveau statut d'autonomie, réalisant ainsi un des principaux objectifs inscrits au programme du gouvernement, même si pour entrer en vigueur, le projet doit attendre d'être approuvé par le Parlement espagnol.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Notes et références

  1. Un catalanisme, selon une acception essentiellement orale liée à la linguistique, correspond également à un usage d'un mot ou d'une structure grammaticale de langue catalane dans un dialogue en castillan qui se déroulent entre deux catalans ; en effet, ils sont tous de culture bilingue et dans la pratique mixent les mots de chaque langue, ce qui est d'autant plus aisé que les mots sont très proches.
  2. La majorité des ouvrier soutenaient les mouvements anarchistes tels la CNT (Confederación Nacional de los Trabajadores, Confédération Nationales des Travailleurs)