Minuit Chrétiens

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Minuit Chrétiens est un cantique traditionnellement chanté par baryton ou un ténor solo lors de la messe de minuit de Noël dans la liturgie catholique.

Ce chant a été composé aux alentours de 1843 par Placide Cappeau; négociant en vin et poète, résidant à Roquemaure dans le Gard. La musique est de Adolphe Adam.

Sommaire

[modifier] La création du « Minuit chrétiens… »

S’il est un chant de Noël indissociable de Roquemaure c’est bien le « Minuit chrétiens… ». Dans son livre « Le château de Roquemaure », l’auteur des paroles, Placide Cappeau, donne peu de précisions sur les circonstances de la création du célèbre cantique, tant et si bien que chacun a raconté l’histoire à sa façon sans vérifier son authenticité.

La découverte récente d’une abondante correspondance entre Placide Cappeau et son associé Guillaume Clerc, maire de Roquemaure, permet de rétablir les faits. Dans une de ces lettres en effet, Placide Cappeau évoque ce chant de Noël interprété en sa présence par Mme Laurey dans le salon de la Comtesse B… à Paris.

Les mélomanes ont reconnu en cette comtesse une princesse italienne réfugiée en France qui tenait le salon de musique le plus renommé de la capitale : la comtesse Belgiojoso. C’était au cours de l’hiver 1844 – 1845 ; Placide Cappeau, qui souhaitait mettre fin à son célibat, avait jeté son dévolu sur la nièce de la comtesse, mais, refusant de s’engager avant 1846, date du renouvellement du contrat qui le liait à ses associés, ce parti lui échappa.

C’est par une indiscrétion de Monsieur Laurey que Guillaume Clerc apprendra ce détail en 1844. Contrarié, Cappeau décide de justifier sa conduite et précise dans cette lettre de sept pages que c’est en entendant le « Noël » chanté par Mme Laurey que la comtesse « lui témoigne un grand intérêt ».

Ce document prouve que le « Minuit chrétiens… » a été composé avant 1847, alors que la paroisse est dirigée par l’abbé Marie Joseph Gilles. En recoupant cette correspondance avec d’autres lettres de l’abbé Gilles et de Monsieur Laurey, on a pu reconstituer l’histoire de la création du célèbre cantique :

  • En 1820, l’abbé Marie Joseph Gilles est nommé à Roquemaure. Dans un premier temps, il fait construire la voûte maçonnée de l’église, un chantier qui se termine en 1824 comme l’atteste le reçu délivré par Monsieur Gallizia, plâtrier.
  • En 1840, l’abbé Gilles fait renouveler et rehausser le pavé de la collégiale ce qui entraîne la modification de la porte d’entrée et la suppression de deux voussures.
  • En 1843, après la visite de Monseigneur de Prilly, évêque de Châlon qui revenait d’Hippone (Bône) où il avait assisté à la translation des reliques de Saint-Augustin, il décide de faire restaurer l’orgue estimant «  que c’était un devoir de conscience de ne pas laisser plus longtemps dépérir un objet si précieux et de grande valeur… » (Le prélat aurait-il attiré l’attention du curé sur cet instrument ? l’abbé Gilles ne le précise pas dans la relation de cette visite). Il connaît suffisamment Placide Cappeau pour lui demander de composer un chant de noël afin de célébrer dignement la restauration de l’orgue.
  • Depuis septembre 1842, Monsieur Laurey, qui est chargé de mener à terme le chantier de construction du pont sur le Rhône, séjourne à Roquemaure avec son épouse, amie intime de Madame Adolphe Adam. Elle propose de demander au compositeur d’écrire une musique sur le texte de Placide Cappeau et se propose de le chanter lors de son prochain retour à Roquemaure prévu pour la fin de l’année 1843. En juillet 1843, Mme Laurey accouche d’une petite fille prénommée Adeline et ne peut effectuer le voyage. Invité par Guillaume Clerc à plusieurs reprises, Pierre Laurey décline ces invitations au motif que, en 1844 et en 1845, les médecins déconseillent ce voyage à son épouse. Le 18 octobre 1846, à 9h du matin, l’abbé Gilles décède, et son successeur, l’abbé Eugène Nicolas Petitjean est installé à la cure de Roquemaure le 10 janvier 1847. Placide Cappeau ne peut le connaître, étant parti dès le 5 décembre pour la capitale, où il se marie le 5 avril 1847.

À la suite de difficultés sur le chantier de construction du Pont, Pierre Laurey et son épouse reviennent à Roquemaure le 5 mai. Placide Cappeau et son épouse arrivent le 15 juillet. C’est ainsi que, le 25 décembre 1847, Mme Laurey peut enfin interpréter, avec sans doute l’autorisation de l’abbé Petitjean, le « Minuit chrétiens… » promis à l’abbé Marie Joseph Gilles.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Bibliographie

  • Claude Nova, Histoire du Minuit chrétiens