Medracen

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Le Medracen (tombeau Imedghassen) est un mausolée numide situé sur la route de Constantine dans la wilaya de Batna, et datant du IIIe siècle av. J.-C. C'est un gigantesque dôme cerclé de colonnes surmontées de chapiteaux de style dorique. C'est le plus ancien mausolée, d'époque préromaine, royal d'Afrique du nord.

Sommaire

[modifier] Description

De l'extérieur, Imedghassen se présente sous la forme d'un socle cylindrique, souvent vu comme typiquement berbère et interprété comme une bazina à degrés, c'est à dire une construction de forme cylindrique surmontée d'un cône formé de gradins, mais à la fois plus grande que les bazinas courantes. D'un diamètre de 59 mètres et 18,50 mètres de haut, le tout en pierre de tailles rendues solidaires par des crampons en bois de cèdre enrobé de plomb...

Habillé d'un décor sobre emprunté à la civilisation hellénistique peut-être à partir d'intermédiaires puniques, 60 colonnes doriques surmontées d'une corniche dont la gorge égyptienne réparties entres de fausses portes, sculptées en trois points équidistants. Une plate forme au sommet supportait peut être une sculpture : lions, chariots, statues ailées ou autre sujet.

Selon Yvon Thébert et Filippo Coarelli, le Medracen doit être daté de la fin du IIIème siècle avant notre ère ou de la première moitié du IIe siècle av. J.-C.[1]. Pour ces deux archéologues et historiens, le Medracen, comme les autres grands mausolées numides, ne doit pas être interprété comme la manifestation de la continuité culturelle locale, par comparaison avec les bazinas, mais par comparaison avec les mausolées hellénistiques comme le signe d'une rupture dans la société numide : les souverains numides adoptent le vocabulaire architectural et funéraire des grands royaumes hellénistiques et manifestent ainsi leur insertion dans le monde méditerranéen et leurs ambitions : "par son tombeau, la nouvelle dynastie proclame que les temps ont changé"[2]. Le Medracen appartiendrait donc à la grande archéologie méditerranéenne de l'époque hellénistique manifestant un goût archaïsant mais aussi un très bonne connaissance du vocabulaire architectural le plus récent comme en témoigne la présence d'une gorge égyptienne[3]. Le Médracen témoignerait donc pleinement de l'hellénisation choisie et active de l'aristocratie numide et de son insertion dans les puissances politiques méditerranéennes, hellénisation attestée aussi par les sources numismatiques et épigraphiques.

Le Mausolée Royal de Maurétanie, souvent nommé Tombeau de la Chrétienne est un monument similaire mais un peu plus tardif. Quant aux Djeddars, ils seraient plutôt dérivés des tumulus.

[modifier] Les sources écrites

Les archéologues du XIXe siècle n'ont rien trouvé du tout, des restes du défunt ni du mobilier funéraire qui devait l'accompagner. Des générations de pillards avaient déjà tout emporté, surtout à l'époque turque. Le sommet du monument, incomplet devait être occupé par un édicule, qui a disparu lui aussi.

L'historien égyptien du IXe siècle Al Bakri était le premier a donner un peu plus de détails dans sa description de l'Afrique septentrionale en rappelant que Madghis était un roi du pays et que dans le passé, un ordre donné a un grand nombre d'individus pour détruire le monument mais le résultat est resté sans successif. Al Bakri parla aussi de beaux bas reliefs qui décoraient le mausolée représentant des animaux divers et couronné d'un arbre ou une structure. Hélas rien n'a été conservé.

Ibn Khaldoun rapporte que selon les références d'historiens berbères, Madghis serait l'ancêtre des numides.

[modifier] Notes

  1. Thébert et Coarelli, p. 765
  2. Thébert et Coarelli, p. 800
  3. Thébert et Coarelli, p. 776

[modifier] Bibliographie

  • "Architecture funéraire et pouvoir : réflexions sur l'hellénisme numide", Filippo Coarelli et Yvon Thébert
  • Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, Année 1988, 2, pp. 761-818 *[1]