Massacre du 5 juillet 1962

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Le massacre du 5 juillet 1962 (ou Massacre d'Oran) se déroula à Oran, en Algérie, le 5 juillet 1962, trois jour après le référendum consacrant l'indépendance de l'Algérie. Oran, grande ville de 400 000 habitants, était la seule à majorité européenne. Ce massacre s'inscrit après la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962).

Sommaire

[modifier] Contexte

Le 5 juillet 1962 était le 132e anniversaire de la prise d'Alger les Français ayant débarqué le 14 juin 1830 sur la plage de Sidi-Ferruch à l'ouest de la ville.

Avant le réferendum sur l'indépendance, et les accords d'Evian, qui garantissent les droits et la sécurité des Européens sous l'éxecutif provisoire, l'OAS opposée à l'indépendance avait menée un combat qui l'avait conduit à s'opposer aux forces de l'ordre françaises et au FLN jusqu'au milieu du mois de juin 1962[1]. Néanmoins, à Oran, un comité de réconciliation avait été créé[2].

[modifier] Le massacre

Le 5 juillet 1962, la radio donne l'ordre aux habitants de reprendre le travail. Mais une énorme foule de manifestants algériens célèbre l'indépendance. Ils vont de la place Kargentah vers la Place d'Armes, des quartiers musulmans aux quartiers européens. À 11 heures 15[3], un coup de feu est entendu sur la place d'Armes, il s'agit sans doute d'un signal. Un scout musulman est tué, d'autres sont blessés. Certains crient « L'OAS nous tire dessus ». C'est le début de la tragédie : une chasse à l'homme s'organise. Des hommes armés agressent et tuent des civils dans un déchaînement meurtrier qui ne cessa qu'au bout de 48 heures, accompagné de scènes de lynchage et d'actes de torture.

Les auxiliaires de l'ALN conduisent des Européens par cortège au commissariat central ou vers le Petit Lac, ou encore vers la Ville Nouvelle. Certains sont tués, d'autres sauvés par des musulmans.

[modifier] Réaction

Le général Joseph Katz, à la tete des 18 000 soldats français présents à Oran[4], téléphone au général de Gaulle pour l’informer du massacre et pour demander si la « légitime défense[5] » s'applique. « Ne bougez pas ! » lui est-il ordonné. Les soldats restent dans les casernes. Il est convenu d'attendre 17 heures pour voir. Il faut tout de même signaler une initiative « humanitaire » : celle du lieutenant Khéliff qui intervint avec son unité loin de sa base.

Les gendarmes français sortent à 17 heures, alors que le calme est revenu. Des charniers sont utilisés, et notamment au Petit Lac[6]. On ne connaît pas alors le bilan exact du massacre.

Ce massacre visant des innocents au hasard terrorisa la population civile européenne. Il montra combien elle était privée de toute protection et la fragilité de son statut élaboré par les Accords d'Evian signés entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire algérien du FLN le 19 mars 1962. Il suscita terreur et désespoir chez les Européens qui ne pensèrent plus qu'à fuir ce pays. Fin 1962, il ne restait plus en Algérie que 100 000 Européens sur près d'un million.

[modifier] Nombre de victimes

Au sujet des victimes, il a été signalé 440 plaintes au consulat d’Oran, en sachant qu’une plainte pouvait recouvrer plusieurs personnes d’une même famille et que de nombreux hommes isolés (leurs familles étant déjà parties) n’ont pas été signalés à Oran. 44 ans plus tard, la très grande majorité en est toujours considérée comme disparues.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Benjamin Stora, Histoire de la guerre d'Algérie, ed la Découverte
  2. Jean-François PAYA, Oran 5 juillet 62 : Les causes du massacre, les cahiers secrets de l'histoire n° 42, (Sept 2002)
  3. témoignage du commandant du service social des Armées Bdv Joffre
  4. 12 000 militaires Français intra-muros plus les garnisons extérieures Marine et Air
  5. Note aux chefs de Corps n°99 /saor/3/ope du 20 juin signée général Katz qui prévoit l'usage de la « légitime défense » y compris pour les ressortissants français après le 3 juillet.
  6. Bulletin de renseignement n° 1512 du 12/7/62 classé secret révélant enfouissement de cadavres au bull-dozer avec photos d'hélicoptère zone du petit lac sud-est d'Oran.

[modifier] Bibliographie

  • Geneviève de Ternant, L'agonie d'Oran (3 volumes), édition Gandini, Nice, 2001
  • Jean Monneret, La tragédie dissimulée: Oran, 5 juillet 1962, édition Michalon, 2006

[modifier] Articles connexes

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