Massacre de Tlatelolco

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Place des Trois Cultures à Mexico, scène du massacre du 2 octobre 1968.
Place des Trois Cultures à Mexico, scène du massacre du 2 octobre 1968.

Le massacre de Tlatelolco, aussi connu comme la nuit de Tlatelolco (d'après le livre de l'écrivaine mexicaine Elena Poniatowska), a eu lieu dans l'après-midi et la nuit du 2 octobre 1968, dans la place des trois cultures dans la section de Tlatelolco de la ville de Mexico, dix jours avant la célébration des jeux olympiques d'été de Mexico. Le nombre de morts est sujet à controverse : certains estiment qu'il y a eu des milliers de morts, mais certaines sources rapportent entre 200 et 300 morts. Les sources gouvernementales indiquent "4 morts, 20 blessés". Le nombre exact d'arrestation est aussi controversé.

Sommaire

[modifier] Massacre

1968 fut une année de troubles mondiaux, mais son dénouement prit au Mexique un tour tragique. Le 2 octobre 1968, en début de soirée, l'armée mexicaine a ouvert le feu sur des étudiants rassemblés sur la place des Trois Cultures de Tlatelolco à Mexico. Le nombre exact de victimes n'est toujours pas connu précisément, mais cet évènement mit fin brutalement à plus de trois mois de contestation estudiantine.

À quelques jours de l'ouverture des Jeux Olympiques organisés en 1968 au Mexique, le gouvernement du président Gustavo Díaz Ordaz décida d'acheter dans le sang la pax olimpica. Le bilan communément admis évoque plus de 300 morts, thèse relayée par l'écrivain Octavio Paz dans Le Labyrinthe de la solitude. Cependant il n'a jamais été possible de connaître le nombre exact de victimes, celles-ci ayant été transportées dans des camps militaires après la tuerie. Des témoins de l'époque rapportent que la fusillade aurait été provoquée par des membres des forces de l'ordre, disséminés au sein des centaines d'étudiants rassemblés à l'initiative du CNH — Consejo Nacional de Huelga. Portant un foulard blanc à la main pour éviter d'être pris pour cibles, ces policiers auraient ouvert le feu sur l'armée qui encadrait le meeting afin de faire dégénérer cette manifestation et de donner au régime l'occasion d'en finir avec les revendications étudiantes. En effet, si cette réunion publique était de caractère pacifique, de nombreux affrontements violents avaient déjà eu lieu auparavant entre le monde universitaire et les forces de l'ordre. Un flou entoure encore aujourd'hui les responsabilités des personnalités de l'époque quant à savoir d'où est venu l'ordre. Un ex-agent secret de la CIA, Philip Agee, accusa a posteriori la CIA d'être impliquée dans ce massacre, ce qui l'aurait poussé à démissionner[réf. nécessaire].

[modifier] Conséquences

La Noche Triste, comme l'appellent les Mexicains, fut le point d'orgue d'un mouvement entamé trois mois auparavant. La contestation fut principalement le fait des étudiants, bien que ceux-ci aient été supportés très largement par les nouvelles classes moyennes du pays. L'influence de mai 68 en France sur les évènements mexicains est évidente, comme le montre un slogan de l'époque « Il est interdit d'interdire », formule phare des révoltes parisiennes.

Beaucoup d'experts s'accordent à dire que 1968 fut également au Mexique le début de la remise en cause du régime à parti unique — PRI, Partido Revolucionario Institucional (membre de l'Internationale socialiste) — en place depuis 1929. La croissance économique dont bénéficia le pays à partir de 1945 ne s'est pas accompagnée en parallèle de mesures d'ouverture politique, installant un malaise croissant dans la société mexicaine. Cette remise en cause culmina en 2000, avec la première alternance politique depuis 71 ans, acquise par le président Vicente Fox — PAN, Partido Acción Nacional, (droite libérale) La Noche de Tlatelolco, titre du livre de la journaliste Elena Poniatowska, reste encore aujourd'hui le symbole de la répression exercée par le PRI durant ces nombreuses années.

[modifier] Voir aussi

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