Rojo amanecer

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Rojo amanecer (Aube rouge) est un film mexicain réalisé par Jorge Fons sorti en 1989. Il raconte la soirée et la nuit du massacre de Tlatelolco le 2 octobre 1968 à Mexico, vécu par une famille mexicaine moyenne. Il a remporté neuf Ariels et le Prix Spécial du Jury du Festival de San Sebastián.

Sommaire

[modifier] Synopsis

L'action se déroule dans l'aile baptisée Chihuahua d'un immeuble résidentiel du quartier de Tlatelolco, à Mexico, donnant sur la place des Trois-Cultures. La matin du 2 octobre 1968, une famille de classe moyenne mexicaine prend son petit déjeuner : le père, fonctionnaire autoritaire, la mère de famille, femme au foyer, le grand-père, vétéran de la révolution mexicaine et nostalgique d'une époque où la jeunesse n'était pas pervertie, et les quatre enfants. Pendant que le plus jeune, Carlitos, ne pense qu'à s'amuser, et la sœur cadette à étudier, les deux ainés entament une discussion passionnée sur le mouvement étudiant qui est en pleine effervescence : à dix jours des jeux olympiques, ils réclament la liberté d'expression et la diversité politique. Contre l'avis de leur père, les deux étudiants assisteront au meeting qui se tient le soir même sur la place.

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Durant la journée, l'électricité est coupée, puis le téléphone, privant l'immeuble de de tout contact avec l'extérieur. Lorsque le meeting commence, Carlitos y assiste par la fenêtre. Il remarque une forte présence militaire, et plusieurs personnes portant un mouchoir blanc à la main. À la fin du meeting, vers 18 heures 30, les militaires se mettent à tirer dans la foule : c'est le massacre de Tlatelolco qui débute. Peu après, les deux frères reviennent, accompagnés de plusieurs étudiants dont un grièvement blessé. La mère accepte de les cacher pour la nuit. Dans la soirée, toute la famille se retrouve au complet, et décide de garder le silence pendant que les militaires contrôlent chaque appartement. La position professionelle du père et les antécédents militaires du grand-père leur permettent de passer au travers. Par précaution, ils brûlent les cartes d'étudiants et les manifestes propagandistes.

Au petit matin suivant, trois hommes armés pénètrent dans l'appartement. Carlitos s'enferme dans la salle de bain avec les jeunes recherchés. Les frères ainés nient être étudiants, mais un portrait du Che Guevara et un manifeste du parti communiste les trahissent, avant que les miliciens ne découvrent des taches de sang dans la chambre. Ils demandent à entrer dans la salle de bain, en menaçant d'une arme le père de famille. Les étudiants, découverts, cherchent à désarmer les miliciens, qui se défendent. La famille est sauvagement assassinée dans un bain de sang. Seul Carlitos survit à la tuerie. Dans la dernière séquence du film, on le voit quitter l'appartement lentement, puis l'immeuble, en s'arrêtant un instant sur chacun des cadavres de sa famille.

[modifier] Fiche technique

  • Titre original : Rojo amanecer
  • Pays : Mexique;
  • Année : 1989;
  • Durée : 96 min.;
  • Genre : Drame politique historique;
  • Production : Cinematográfica Sol, Valentín Trujillo et Héctor Bonilla;
  • Direction : Jorge Fons del Toro;
  • Scénario : Xavier Robles et Guadalupe Ortega;
  • Photographie : Miguel Garzón ;
  • Son : Martha García et Marithé Chico;
  • Musique : Eduardo Roel et Karen Roel;
  • Effets spéciaux : Raúl Gutiérrez;
  • Montage : Sigfrido García Jr.;

[modifier] Distribution

  • Héctor Bonilla : Humberto
  • María Rojo : Alicia
  • Jorge Fegan : Don Roque
  • Ademar Arau Fils : Carlitos
  • Demián Bichir : Jorge
  • Bruno Bichir : Sergio
  • Marta Aura : La voisine
  • Eduardo Palomo : L'étudiant blessé
  • Carlos Cardán : Le sous-lieutenant
  • Paloma Robles : Graciela

[modifier] Autour du film

Les évènements de la « Noche Triste » sont longtemps restés tabous au Mexique. On ignore encore à ce jour d'où est venu l'ordre de perpétrer le massacre, qui a enrôlé la milice et le nombre de morts, même approximatif. Avec Rojo amanecer, Jorge Fons livre vingt ans après les faits un film audacieux, le premier à aborder le sujet, plaie encore ouverte de l'histoire politique du pays. Loin d'être une critique ou une analyse du massacre, le film est un témoignage de l'impact des mouvements étudiants sur les consciences politiques et du choc de son issue sanglante sur une population dont le silence fut acheté par la force.

L'ambiance du film est angoissante, ce qui est entretenu par un huis clos permanent — on ne voit l'extérieur de l'immeuble que sur deux plans très courts, et Fons évite le piège des stock-shots de meeting — et une musique au synthétiseur de circonstance. La scène finale, où Carlitos sort lentement de l'appartement puis de l'immeuble, est marquante et symbolique du choc.

[modifier] Distinctions

[modifier] Récompenses

[modifier] Nomination

[modifier] Liens externes