Lucien Léger

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Lucien Léger, né le 30 mars 1937 à Paris, était le plus ancien détenu de France avant d'être libéré le 3 octobre 2005 après 41 ans d'emprisonnement, un record en Europe.

On l'a surnommé l'étrangleur à cause de la signature « L'étrangleur N°1 » apposée au bas des lettres anonymes envoyées à la police.

Sommaire

[modifier] Avant le procès

  • Grandit en banlieue parisienne, dans une famille de sept enfants. Son père est tourneur sur métaux.
  • Effectue son service militaire en Algérie mais réussit à ne pas porter d'arme par conviction philosophique.
  • Épouse Solange, sœur d'un ami avec qui il a fait son service militaire. Elle sera internée à plusieurs reprises en raison de sa psychologie fragile.
  • Travaille d'abord comme magasinier aux Éditions Denoël avant d'être élève infirmier à l'hôpital psychiatrique de Villejuif (choix dicté notamment par l'état de santé de sa femme).

[modifier] Le meurtre, le procès

  • Le 26 mai 1964, en fin d'après-midi, disparition de Luc Taron, un enfant de 11 ans.
  • Le 27 mai 1964, vers 5 heures du matin, découverte du corps de l'enfant, mutilé et étranglé, dans les bois de Verrières-le-Buisson, dans l'Essonne.
  • Dans le mois qui suivit, cinquante-six lettres anonymes furent envoyées à la presse, à la police, au père de la victime et au ministre de l’intérieur, revendiquant être l'auteur du crime et en annonçant d’autres.
  • 5 juillet 1964, arrestation de Lucien Léger. On retrouve chez lui un projet de roman intitulé : Journal d'un assassin.
  • Du 2 au 7 mai 1966 : procès de Lucien Léger. Son avocat est Albert Naud. Bien qu'ayant avoué dans les premiers jours de l'enquête, il clame son innocence. Le meurtrier, un « Monsieur Henri », lui aurait expliqué les circonstances du meurtre, ce serait un ennemi du père de l'enfant.
  • Échappant à la peine de mort, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une durée d'épreuve de quinze ans (la période de sûreté n’existant pas encore à l’époque). Il a 29 ans. Son avocate, Maître Felice, dira plus tard que Lucien Léger serait sorti depuis longtemps s'il avait reconnu le meurtre.

[modifier] Sa détention

  • L'administration le qualifie de « détenu modèle ».
  • Il refuse tout examen psychologique en vue d'une libération conditionnelle, sous prétexte de son « innocence ».
  • Il aida de nombreux prisonniers à reprendre courage et à tenir.
  • Il a forcé l'Administration à appliquer les règlements, par exemple pour obtenir des menus végétariens — il ne consommait pas de viande.
  • Il clame son innocence.
  • En prison, il étudia le droit puis se mit à la philosophie.
  • La durée de son emprisonnement a suscité la création de comités de soutien.
  • Il a été incarcéré dans une quinzaine d'établissements pénitentiaires pour finir par la prison de Bapaume, dans le Pas-de-Calais.
  • Solange, sa femme, décéda en 1970. Lucien Léger n'obtint pas le droit d'assister à son enterrement.
  • Libérable depuis 1979, ses treize demandes de libération conditionnelle et trois demandes de grâce présidentielle avaient été rejetées. Cette réticence trouve sûrement une explication, au moins partielle, dans le fait que Monsieur Yves Taron, père de la victime et fondateur de la Ligue nationale contre le crime et pour l'application de la peine de mort, avait affirmé en 1980 : « Je le tuerai. Pas tout de suite, juste le temps de lui faire éprouver l'angoisse que ma femme et moi avons connu. » Sa libération est d'ailleurs intervenue après la mort d'Yves Taron.
  • La mère du petit Luc Taron, devenue veuve, a simplement fait la demande que Lucien Léger ne publie jamais de livre sur l'affaire.
  • En 2004, il promet à un journaliste : « Si je sors, je sors intact ».
  • Narcissique, d'après les psychiatres, il parle régulièrement de lui à la troisième personne, et se targue d'une jurisprudence le concernant.
  • Il est confronté au père de la victime qui milite ardemment pour qu'il meure en prison et pour le rétablissement de la peine de mort (il avait menacé de le tuer si il était libéré).

[modifier] Sa libération

Depuis sa libération (le 3 octobre 2005, à 68 ans) il a élu domicile à Landas dans le Nord chez un ami, boulanger à la retraite. Il travaille à la Croix-Rouge de Douai pour distribuer des vêtements et de la nourriture aux plus démunis.

Il porte plainte auprès de la Cour européenne contre l’État français pour la violation des deux principaux articles de la Convention européenne des droits de l'homme : « détention arbitraire » et«  torture et peines ou traitements inhumains ou dégradants ».