Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues

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Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues, (6 août 171528 mai 1747) est un écrivain français, moraliste et essayiste.

Sommaire

[modifier] Vie

Il naquit à Aix-en-Provence, d'une famille noble aux revenus modestes. Au cours de ses études au collège d'Aix il n'étudia ni le latin ni le grec, mais devint un grand admirateur de Plutarque qu'il avait lu en traduction.

Il s'engagea dans l'armée et y servit pendant dix ans, prenant part à la guerre de succession de Pologne, à la campagne d'Italie du Maréchal Villars en 1733, et à la désastreuse expédition en Bohême pour soutenir les ambitions de Frédéric II de Prusse sur la Silésie, dans laquelle les français furent délaissés par leurs alliés. Vauvenargues prit part à la retraite du Maréchal de Belle-Isle de Prague. Il eut la jambe glacée, et malgré un long séjour à l'hôpital de Nancy, ne s'en remis jamais tout à fait. Il était à la bataille de Dettingen, et de retour en France, fut en garnison à Arras. Fin de sa carrière militaire.

Son ami le marquis de Mirabeau, auteur de L'Ami des Hommes et père de l'homme politique, le poussa à se tourner vers la littérature, mais il était trop pauvre pour monter à Paris. Il chercha en vain à entrer dans le service diplomatique. Une attaque de variole mit d'ailleurs fin à cette possibilité de carrière.

Vauvenargues s'installa à Paris en 1745 et y mena une vie retirée, ne fréquentant que quelques amis dont Jean-François Marmontel et Voltaire. Il avait parmi ses correspondants l'archéologue Fauris de Saint-Vincens. Sur les conseils de Voltaire et les exhortations de Mirabeau, il passa outre aux objections de son père et se lança dans l'écriture. Il reprit les observations et notes de tout ordre jetées naguère sur le papier et publia en 1746 , sous le voile de l'anonymat, une Introduction à la connaissance de l'esprit humain, suivie de quelques Réflexions et Maximes. Le livre ne passa pas totalement inaperçu, mais l'accueil ne fut pas très chaleureux. Voltaire qui n'avait jamais douté de son talent, incita Vauvenargues à reprendre son ouvrage pour rendre le livre excellent d'un bout à l'autre en vue d'une seconde édition. Il suivit les conseils de Voltaire, retoucha le style en maints endroits et supprima plus de deux cents pensées. Cette édition, publiée en 1747, après la mort de Vauvenargues par les abbés Trublet et Séguy, est la plus fidèle aux idées du moraliste.

Vauvenargues eût peut-être complété son Introduction à la connaissance de l'esprit humain, si la mort ne l'avait subitement brisé.

Il mourut à Paris le 28 mai 1747. Il n'avait que trente-deux ans. Au travers de différents portraits, on découvre une âme pure et fière, généreuse et tendre, éprise d'idéal. Un homme au jugement ferme, lucide et pondéré, non dénué de finesse.

[modifier] Critique de son œuvre

Il a laissé peu d'écrits mais leur intérêt est considérable. Dans l'Introduction, les Réflexions et d'autres fragments mineurs, il émet des pensées fragmentaires sur des questions de philosophie morale et de critique littéraire — mais ces dernières considérations n'ont rien d'original.

Il est meilleur en tant qu'écrivain, quoique son style ne soit pas toujours correct d'un point de vue strictement académique, et que ses rares incursions dans la rhétorique aient les défauts d'artificialité et d'affectation de son siècle.

Il brille surtout en tant que moraliste. Son vocabulaire est populaire et relaché, et ses idées s'organiseraient mal en système. Sa véritable force est d'exprimer dans un langage assez épigrammatique les résultats de son observation attentive des comportements et des motivations des hommes, une observation à laquelle il eût tout loisir de s'adonner au cours de ses campagnes.

La principale différence entre Vauvenargues et son fameux prédécesseur La Rochefoucauld est que Vauvenargues a une noble idée de l'Homme, et qu'il est aussi plus enclin au stoïcisme qu'aux théories épicuriennes. On l'a qualifié de stoïque moderne.

[modifier] Œuvres de Vauvenargues

  • Introduction à la connaissance de l'esprit humain.
  • Réflexions sur divers sujets; fragments dans le seconde édition.
  • Conseil à un jeune homme. (adressés à Hippolyte de Seytres).
  • Discours sur la gloire.
  • Traité du libre arbitre.
  • Imitation de Pascal; Méditation sur la Foi.
  • Réflexions critiques sur quelques poètes.
  • Fragments.
  • sur quelques caractères.
  • Réflexions et maximes.
  • Correspondance avec Voltaire (établie en 2006)

[modifier] Bibliographie

  • Vauvenargues, Réflexions et maximes, édition intégrale, avec introduction, notes critiques et variantes, par J-Roger Charbonnel Librairie Croville Paris 1934

[modifier] Citations

  • « Le monde est un grand bal où chacun est masqué. »
  • « Le courage est la lumière de l'adversité. »
  • « C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres. »
  • « Il est difficile d'estimer quelqu'un comme il veut l'être. »
  • « L'incrédulité a ses enthousiastes, ainsi que la superstition. »
  • « La guerre n'est pas si onéreuse que la servitude. »
  • « La servitude abaisse les hommes jusqu'à s'en faire aimer. »
  • « Le prétexte ordinaire de ceux qui font le malheur des autres est qu'ils veulent leur bien. »
  • « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil de l'hiver. »
  • « Nous n'avons ni la force ni les occasions d'exécuter tout le bien et tout le mal que nous projetons. »
  • « Nous n'avons pas assez d'amour-propre pour dédaigner le mépris d'autrui. »
  • « Quand on sent qu'on n'a pas de quoi se faire estimer de quelqu'un, on est bien près de le haïr. »
  • « Il est plus aisé de dire des choses nouvelles que de concilier celles qui ont été dites. »
  • « Qui sait souffrir peut tout oser. »
  • « La nécessité nous délivre de l'embarras du choix. »
  • « Ceux qui méprisent l'homme ne sont pas de grands hommes. »
  • « Pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devait jamais mourir. »
  • « Nous ne passons les peuples qu'on nomme barbares ni en courage, ni en humanité, ni en santé, ni en plaisirs ; et, n'étant ainsi ni plus vertueux, ni plus heureux, nous ne laissons pas de nous croire bien plus sages. L'énorme différence que nous remarquons entre les sauvages et nous ne consiste qu'en ce que nous sommes un peu moins ignorants. »
  • « Il est faux que l'égalité soit une loi de la nature. La nature n'a rien fait d'égal, sa loi souveraine est la subordination et la dépendance. »
  • « Les maximes des hommes décèlent leur cœur. »
  • « C'est une grande preuve de médiocrité que d'admirer modérémment. »