Louis Deibler

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Louis Antoine Stanislas Deibler, né le 12 février 1823 à Dijon et décédé le 6 septembre 1904 à Paris, fut un bourreau français, 3e de la profession à exercer la fonction d'exécuteur en chef de France métropolitaine.

Descendant d'une lignée allemande, "Scharfrichter" du Wurtemberg depuis 1694, Josef Anton Deubler, né en 1789, s'installe dans l'Ain en 1815 où il devient tenancier d'un café. Il y fera deux rencontres importantes : la jeune Marguerite Boyer, qui deviendra bientôt son épouse, et celle d'un client qui n'est autre que le bourreau de Lyon. Celui-ci, apprenant dans la conversation que Joseph Deibler ("Deubler" a francisé son identité) est enfant de bourreau, lui conseille de se rendre à Dijon prêter main-forte à l'exécuteur local, Louis Antoine Stanislas Desmorest. Les Deibler s'installent donc en Côte d'Or, et la bienveillance de Desmorest à leur égard fera que leur premier héritier mâle, né à Dijon le 12 février 1823, portera les mêmes prénoms : Louis Antoine Stanislas. Joseph Deibler continuera par la suite à voyager à travers la France, successivement exécuteur à Saintes, puis à Saint-Flour, dans le Cantal, puis exécuteur de Bretagne à Rennes en 1853. À la retraite, il mourra chez lui, à Rennes, le 9 avril 1874, âgé de 81 ans.

Entre-temps, Louis, devenu un jeune homme robuste mais boîteux, a très tôt commencé à assister son père. Il a également, pendant qu'il vivait à St-Flour, appris la menuiserie. Mais la vocation exécutrice est plus importante : il quitte la France et devient aide à Alger en 1853 avant d'épouser la fille de son patron, Zoé Rasseneux, le 6 novembre 1858. Deux enfants, Berthe-Hélène en 1861 et Anatole en 1863 agrandiront la famille (les trois enfants suivants ne survécurent pas). Louis est nommé à la place de son père à Rennes en 1863, puis devient aide à Paris le 24 juillet 1871, sa candidature ayant été retenue grâce à son expérience et à son attitude sans taches.

Après avoir officié sous les ordres de Jean-François Heidenreich, puis de Nicolas Roch (dont il est premier adjoint), Louis devient exécuteur en chef le 15 mai 1879, et il exécute son premier condamné (le parricide Laprade à Agen) à peine quatre jours après. On remarque son extrême lenteur, qui contraste énormément avec la rapidité brusque de Nicolas Roch.

Durant sa carrière, il exécutera des assassins tels que Prévost, Campi, Pranzini, Eyraud, et également les anarchistes Ravachol, Vaillant, Henry et Caserio. En 1890, il accueille au sein de l'équipe son fils Anatole. En 1897, un incident se produit : la maladresse d'un aide fait que Louis est aspergé de sang. Dès l'exécution suivante, Louis Deibler demande de l'eau pour nettoyer le sang dont il est recouvert. Cette fois, il s'agit d'une hallucination. Louis Deibler vient de subir sa première crise d'hématophobie, et celles-ci vont en s'accentuant. De plus en plus mal à l'aise, il remet sa démission le 28 décembre 1898, mais on n'arrête pas l'administration comme cela, et Louis sera forcé d'aller décapiter Joseph Vacher à Bourg-en-Bresse le 31 décembre 1898. Sa démission devient effective le 2 janvier suivant. Installé chez son fils Anatole, devenu son successeur, il meurt le 6 septembre 1904, et est inhumé au cimetière de Boulogne.

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