Lois raciales fascistes
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Les lois raciales, en italien Leggi razziali, précisent les mesures prises en Italie vers la fin des années trente pendant la période du régime fasciste contre les personnes de religion juive mais aussi d'autres. Mussolini en fait la proclamation le 18 septembre 1938 depuis le balcon de l'hôtel de ville de Trieste devant la foule rassemblée sur la piazza dell'Unità d'Italia.
[modifier] Les prémisses
« Il est temps que les Italiens se proclament franchement racistes.
Toute l'œuvre qui jusqu'à présent a fait le régime en Italie est au fond le racisme.
Dans les discours du Chef, la référence aux concepts de la race a toujours été très fréquente.
La question du racisme en Italie doit être traitée d'un point de vue purement biologique sans intentions philosophiques ou religieuses. »
— De "la défense de la race" (La difesa della razza), diretta da Telesio Interlandi, année I, numero 1, 5 août 1938, p. 2
Les fondements et les prémisses sont basés sur des considérations scientifiques erronées destinées à établir l'existence de la race italienne et son appartenance au groupe des races aryennes.
Après l'entrée en vigueur en 1937 du décret royal, loi n. 880, qui interdisait le concubinage et le mariage entre italiens avec les «sujets des colonies africaines», d'autres lois de type raciste sont promulgués par le parlement italien.
[modifier] Le manifeste de la race
Parmi les divers documents et mesures législatives qui constituent le corps des lois raciales promulguées par le régime fasciste en Italie à partir de 1938, figure le manifeste de la race ou plus exactement le manifeste des scientifiques racistes, publié une première fois de manière anonyme sur le Giornale d'Italia le 15 juillet 1938 avec pour titre « Le fascisme et les problème de la race » republié dans le numéro de La difesa della razza , le 5 août 1938.
Le 25 juillet, depuis le secrétariat du parti national fasciste, après une rencontre entre les dix rédacteurs de la thèse, le ministre de la culture populaire Dino Alfieri, et le secrétaire du parti Achille Starace, un communiqué est publié avec le texte complet et la liste des signataires.
Parmi les adhésions au manifeste se trouve des personnages illustres ou destiné à le devenir tels que Giorgio Almirante, Giorgio Bocca, Galeazzo Ciano, Amintore Fanfani, Père Agostino Gemelli, Giovanni Gentile et Giovanni Guareschi.
Certains soutiennent que Mussolini n'est pas antisémite et Galeazzo Ciano, indique dans son journal personnel le 14 juillet 1938: «Le Duce m'annonce la publication de la part du Giornale d’Italia d'un article sur les questions de la race. Il est indiqué qu'il a été écrit par un groupe de scientifiques sous l'égide du ministère de la culture populaire. Il me dit qu'en réalité, il l'a presque entièrement rédigé lui-même»[1]. Le 15 juillet 1938 l'article apparait en première page.
Le décret royal, loi du 5 septembre 1938 - qui fixe les « mesures pour la défense de la race dans les école fasciste » - et celui du 7 septembre - qui fixe les « mesures à l'encontre des juifs étrangers» - sont suivis le (6 octobre) par une « déclaration sur la race » émise par le grand conseil du fascisme; cette déclaration est par la suite adoptée par l'État toujours par un décret royal en date du 17 novembre.
Entre la fin de l'été et l'automne 1938, il y eut donc plusieurs décrets signés par le chef du gouvernement Benito Mussolini et promulgué par Victor-Emmanuel III qui légitiment une vision raciste de la "question juive". L'ensemble de ces décrets et documents cités constituent l'ensemble des lois raciales.
Certains des scientifiques et intellectuels juifs touchés par les mesures du 5 septembre émigrent aux États-Unis: parmi ceux-ci Emilio Segrè, Achille Viterbi (père de Andrea Viterbi), Enrico Fermi (qui avait épousé une juive), Bruno Pontecorvo, Bruno Rossi et bien d'autres. Ceux qui restent sont obligés d'abandonner leur poste, parmi ceux-ci Tullio Ascarelli, Walter Bigiavi, Mario Camis, Federico Cammeo, Donato Donati, Mario Donati, Marco Fanno, Gino Fano, Federigo Enriques, Giuseppe Levi, Benvenuto Terracini, Tullio Levi-Civita, Rodolofo Mondolfo, Adolfo Ravà, Attilio Momigliano, Gino Luzzatto, Donato Ottolenghi, Tullio Terni et Mario Fubini).
L'enseignement dans les écoles réservés aux juifs n'est pas interdit.
Parmi les démissions de personnages illustres, on compte celle de Albert Einstein en sa qualité de membre de l'académie des Lynx.
[modifier] Les dispositions contre le mouvement pentecôtiste
Une disposition particulière toucha le mouvement pentecôtiste.
Cette disposition (numéro de protocole 600/158, Archive d'État série PS GI enveloppe 26 fascicule 299 1-c-z), remonte au 9 avril 1935 et est signée par le sous-secrétaire à l'intérieur, Buffarini Guidi, contre-signée par le chef de la police Arturo Bocchini, elle interdit le culte pentecôtiste dans tout le royaume en ce que «elle s'exprime et se concrétise dans des pratiques religieuses contraires à l'ordre social et nocives à l'intégrité physique et psychique de la race».
En conséquence de cette circulaire, il y eut beaucoup d'arrestations et de confinements de simples croyants et pasteurs pentecôtiste, un des plus importants, fut Roberto Bracco, arrêté dix sept fois. Deux croyants moururent de leur foi; le premier, Filardo De Simone, qui se trouvait dans la prison romaine de Regina Coeli et pour sa foi pentecôtiste, fut assassiné dans les fosses ardéatines avec trois cent cinquante personnes le 23 mars 1944; l’autre, Antonio Brunetti, fut assassiné dans le camp de concentration de Mauthausen.
En 1953, dix ans après la chute du fascisme et cinq après l'entrée en vigueur de la constitution de la république italienne, le ministre de l'intérieur démocrate-chrétien Mario Scelba affirmait au parlement que «l'exercice du culte pentecôtiste n'est pas admis en Italie».
Cette disposition n'est plus en vigueur depuis le 16 avril 1955.
[modifier] Liste des 10 scientifiques italiens qui ont signé le manifeste de la race
- On. prof. Sabato Visco: directeur de l'institut de physiologie générale de l'université de Rome et directeur de l'institut national de biologie auprès du conseil national de la recherche,
- Dott. Lino Businco: assistant de pathologie générale à l'université de Rome,
- Prof. Lidio Cipriani: chargé d'anthropologie à l'université de Florence,
- Prof. Arturo Donaggio: directeur de la clinique neuropsychiatrique de l'université de Bologne et président de la société italienne de psychiatrie,
- Dott. Leone Franzi: assistant dans la clinique pédiatrique de l'université de Milan,
- Prof. Guido Landra: assistant d'anthropologie à l'université de Rome,
- Sen. Prof. Nicola Pende: directeur de l'institut de pathologie spéciale médicale de l'université de Rome,
- Dott. Marcello Ricci: assistant de zoologie à l'université de Rome
- Prof. Franco Savorgnan: professeur titulaire de démographie à l'université de Rome et président de l'institut central de statistiques,
- Prof. Edoardo Zavattari: directeur de l'institut de zoologie de l'université de Rome.
[modifier] liste des 360 intellectuels et personnalités qui adhérèrent au manifeste
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[modifier] Liste des principaux documents et lois décrets royaux antisémites
- R.D.L. 5 septembre 1938, Mesures pour la défense de la race dans l'école fasciste
- R.D.L. 7 septembre 1938, Mesures à l'encontre des juifs étrangers
- R.D.L. 23 septembre 1938, Istitution d'écoles élémentaires pour les enfants de race juive
- R.D.L. 15 novembre 1938, Intégration et coordination dans un texte unique des normes déjà émises pour la défense de la race dans les écoles italiennes
- R.D.L. 17 novembre 1938, Mesures pour la race italienne
- R.D.L. 29 juin 1939, Discipline pour l'exercice des professions pour les citoyens de race juive
- Manifeste de la race ou manifeste des scientifiques racistes : le texte documenté des deux publications sur les quotidiens italiens
Déclaration sur la race du grand conseil fasciste, 6 octobre 1938
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- le document fut publié par "Foglio d'ordine" du Parti national fasciste le 26 octobre 1938, et par la suite adopté par le décret-loi royal du 17 novembre.
[modifier] Notes
- ↑ Galeazzo Ciano. Diario 1937-1943, Rizzoli 1998, p. 158
[modifier] Bibliographie
- en italien
- Giuseppe Bottai – Diario 1935-1944, Rizzoli, 2001. ISBN 8817866431
- Giovanni Ansaldo, Il giornalista di Ciano - Diari 1932-1943. Il Mulino, 2000. ISBN 8815073477
- Giorgio Israel et Pietro Nastasi, Scienza e razza nell'Italia fascista. Milano, Il Mulino, 1999. ISBN 8815067361
- Alberto Burgio (a cura di) : "Nel nome della Razza - il razzismo nella storia d'Italia 1870-1945"
- Renzo De Felice: "Storia degli ebrei italiani sotto il fascismo"
- Michele Sarfatti: "Gli ebrei nell'Italia Fascista"
- Antonio Spinosa: "Mussolini razzista riluttante"
- Leon Poliakov: "Il mito ariano - le radici del razzismo e dei nazionalismi"
- Angelo Del Boca "Le leggi razziali nell'Impero di Mussolini"- ibidem
[modifier] Liens externes
- (it)Manifeste de la race
- (it)Olokaustus, histoire de l'holocauste de 1933 à 1945