Ligue de l'enseignement

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La Ligue de l'Enseignement est une confédération d'associations françaises d'éducation populaire et laïque.

Près de 30 000 associations y sont affiliées. Le centre confédéral et ses associations (qui comptent plusieurs milliers de salariés et des centaines de milliers de bénévoles) œuvrent sur les terrains de :

  • l'éducation
  • des pratiques artistiques et culturelles
  • des activités sportives
  • des vacances et des loisirs
  • de la formation professionnelle
  • de l'intervention sociale et de la solidarité
  • de l'environnement et du développement durable

Sommaire

[modifier] Actualité

Aujourd'hui, la Ligue de l'Enseignement est la première coordination associative française avec près de 2 000 000 d'adhérents indirects[1], via ses structures départementales, généralement nommées Fédération des Œuvres Laïques (FOL), ou spécialisées, notamment sportives (USEP, UFOLEP) ou son réseau de centres de vacances, Vacances pour tous.

La Ligue de l'Enseignement est organisatrice du Salon de l'Education, et des opérations "Quinzaine de l'Ecole publique", "Demain en France", elle est partenaire de "Lire et Faire Lire", l'association d'Alexandre Jardin qu'elle anime.

Elle est membre fondatrice du Cidem (Civisme et démocratie), de l'Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes), du Réseau National des Juniors Associations, de l'association étudiante Animafac et est membre de la CPCA (Coordination Permanente des Coordinations associatives).

La Ligue l'Enseignement se distingue notamment par ses positions engagées dans les domaines de l'enseignement complémentaire, de la Laïcité et du dialogue civil.


Jean-Marc Roirant, né en 1952, est secrétaire général de la confédération depuis 1993, après avoir dirigé la Fédération départementale de Charente-Maritime de 1983 à 1993. Il est également président de la fédération de Paris depuis 1998. Par ailleurs, il préside le Cidem, ainsi que la plateforme européenne "Education et formation tout au long de la vie" (EUCIS-LLL) au Parlement européen. En outre, il siège au Conseil économique et social où il a été élu en 2004 président du groupe des associations.

Pierre Tournemire , né en 1948, secrétaire général adjoint du mouvement depuis 1992, est l'auteur de plusieurs publications, notamment sur les questions laïques. En 2003, il avait exprimé le désaccord de la Ligue avec une nouvelle loi sur la laïcité[2] à l'époque de la polémique sur le voile à l'école.

[modifier] Histoire

Le mouvement créé en 1866 par Jean Macé a inspiré les lois sur l'école "gratuite, obligatoire et laïque" à la fin du XIXe siècle.

[modifier] Ce qu’un professeur de demoiselles a pu faire

Avec la révolution de 1848, le suffrage universel est institué. Louis Napoléon Bonaparte est élu Président de la République. Toutefois, après le coup d’état du 2 décembre 1851, il est clair que la belle avancée démocratique a fait le jeu du dictateur. Un journaliste républicain, Jean Macé, convaincu de la nécessité d’instruire les hommes pour qu’ils puissent être des citoyens responsables, estime que « Avant d’instituer le suffrage universel, il aurait fallu trente ans d’instruction obligatoire … ». Il est contraint à l’exil en Alsace où il crée en 1863 la Société des bibliothèques populaires du Haut-Rhin, initiative qui s‘étend rapidement à la France entière. L’année suivante, avec Jules Verne, il fonde un journal « le Magasin d’éducation et de récréation » pour associer éducation et divertissement, avant de lancer un appel « au rassemblement de tous ceux qui désirent contribuer au développement de l’instruction dans leur pays ». Le 15 novembre 1866, Jean Macé annonce officiellement la naissance de la Ligue française de l’enseignement.

[modifier] Pour une instruction publique, obligatoire, gratuite et laïque

L’idée d’une pétition pour une instruction publique, gratuite, obligatoire et laïque se fait jour et avec l’aide de la presse libérale, elle connaît un très grand succès. Le « Mouvement national du sou contre l’ignorance » lancé en septembre 1871 permet de recueillir en quinze mois plus de 1.300.000 de signatures remises à l’Assemblée nationale. En novembre 1872, une nouvelle campagne est lancée auprès des élus locaux sur la question de la laïcité, c’est-à-dire de « la neutralité de l’école publique subventionnée par l’État ou la commune ».

[modifier] Pour la patrie, par le livre et l’épée

Face à « l’ordre moral » imposé en 1873 par le gouvernement du Duc Albert de Broglie, la Ligue se rapproche de l’armée par le biais des bibliothèques régimentaires. « Pour la patrie, par le livre et l’épée » est alors sa devise.

[modifier] La République reconnaissante

Les partis républicains sont au gouvernement. Pour les ligueurs, le temps de la victoire est venu. Jules Ferry est ministre de l’instruction publique et des Beaux -Arts, et sous l’influence d’autres ligueurs, Ferdinand Buisson, Paul Bert, René Goblet, le Parlement va voter les lois scolaires : gratuité de l’enseignement primaire le 16 juin 1881, obligation et laïcité le 28 mars 1882.

Dissous sous le régime de Mac-Mahon, les Cercles de la Ligue renaissent sous forme de Sociétés républicaines d’instruction et le Cercle parisien est reconnu d’utilité publique Le congrès convoqué à cet effet se déroule les 18, 19, 20 avril 1881 dans les locaux du Grand orient de France en vue de donner à la Ligue sa forme fédérale. Le 21 avril, au Trocadéro, la Ligue est consacrée « organisation républicaine » par Léon Gambetta.

[modifier] Les œuvres laïques ou « La République en action »

Si en 1886, plus du tiers des députés et des sénateurs sont membres de la Ligue, les lois scolaires ne sont pas toujours respectées.

[modifier] Contre les moines ligueurs et les moines d’affaires

Sous la présidence de Léon Bourgeois, la Ligue appelle au développement des œuvres post et péri-scolaires afin d’implanter en tout homme « les solides principes indispensables aux citoyens d’une démocratie ». Soutenus par les pouvoirs publics, patronages, amicales d’anciens élèves, mutuelles, coopératives voient le jour sur tout le territoire et connaissent un grand succès qui inspire au gouvernement la loi de 1901 sur les associations.

[modifier] Une trêve au temps de « la grande guerre »

La Ligue rejoint "l'Union sacrée", et Léon Robelin, son secrétaire général, appelle toutes les sociétés adhérentes à aider la défense nationale.

[modifier] 1925, la Seconde naissance

Aux lendemains de la guerre, la Ligue se trouve très affaiblie. De nombreux militants sont morts dans les tranchées et son militantisme est altéré par « l’Union sacrée ». Ses congrès sont désertés alors que, dans certains départements, les associations locales regroupées en fédérations veulent créer une Confédération nationale des œuvres laïques. Lors du congrès que ces fédérations tiennent à Saint-Étienne au début de 1925, grâce à Joseph Brénier, les délégués de la Ligue réussissent à convaincre les participants que celle-ci avec son glorieux passé a vocation à être cette confédération.

En décembre 1925, au cours d’une « assemblée constituante de la Ligue régénérée », elle modifie ses structures, se décentralise et devient la « Confédération générale des œuvres laïques scolaires, postscolaires, d’éducation et de solidarité sociale » qui sera reconnue d’utilité publique par le décret du 31 mai 1930.

Avec le souci de mettre l’art, les techniques, les disciplines sportives au service de tous, elle crée des sections spécialisées, les U.F.O. La première, en 1928, l’UFOLEP (Union française des œuvres laïques d’éducation physique) et sa filiale, l’USEP,(Union sportive de l’enseignement primaire), créée en 1939, permet à des centaines de milliers d’enfants la pratique du sport.

En 1933, ce sont la chorale, la danse, le théâtre, la musique la photo, la peinture, la sculpture, le folklore qui grâce à l’U.F.O.L.E.A (Union française des œuvres laïques d’éducation artistique) deviennent accessibles au grand nombre, ainsi que le cinéma, grâce à l’U.F.O.C.E.L (devenue plus tard l’U.F.O.L.E.I.S : Union française des œuvres laïques pour l’éducation par l’image et le son). En 1934,dans le cadre de l’U.F.O.V.A.L, elle s’attache à développer les colonies de vacances et les centres d’adolescents. Avec le C.L.A.P (Centre laïque d’aviation populaire), elle se soucie aussi de l’aviation populaire : modèles réduits pour les jeunes, aviation sportive pour les adultes.

[modifier] Le Front populaire ou le second souffle

"La plus grande organisation culturelle française" est dissoute en avril 1942 sous le gouvernement de Vichy.

[modifier] Honneur à la Ligue de l’Enseignement

Après la guerre, la Ligue se reconstitue peu à peu. Le Général de Gaulle participe à son Congrès de refondation et déclare : "Honneur à la Ligue de l'Enseignement". Plus tard, la confédaration approuve le « plan Langevin–Wallon » pour une réforme démocratique du système éducatif. Elle participe avec le SNI (Syndicat National des Instituteurs) à la création du Cartel d’action laïque, présidé par Albert Bayet.

[modifier] Des batailles perdues

La Ligue, aidée par la Fédération nationale des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE), devient véritablement un bras militant prolongeant l’action du Ministère de l’éducation nationale afin d’assurer le rayonnement de l’école publique.

[modifier] Un nouveau cap

Prend forme alors l’idée d’éducation permanente. Les congrès de Lille en 1959 et de Toulouse en 1961 vont mettre en place les réformes de structures nécessaires à ce changement d’orientation. Dans son assemblée générale du 11 juillet 1967, juste après l’année de son centenaire, une réforme des statuts est adoptée. La Ligue prend le nom de « Ligue française de l’enseignement et de l’éducation permanente, Confédération générale des œuvres laïques ».

[modifier] Hors du « ghetto » scolaire

Avec le Comité National d’Action Laïque, elle s’applique à penser un grand service public de l’Éducation nationale et préconise l’instauration, sur tout le territoire, d’une seule école publique gérée démocratiquement par les représentants de l’État, des enseignants et des usagers.

[modifier] Pour l’éducation populaire

[modifier] La Ligue s’empare de la ville

En 1972, ses activités sont nombreuses et ses publications contribuent à son rayonnement. Mais elle prend conscience d’une implantation essentiellement rurale à l’heure d’une urbanisation galopante. Dans le même temps, la Ligue qui « en 1880 participait à la construction de l’unité nationale par l’éradication des cultures minoritaires s’impose un siècle plus tard une réflexion sur la place des minorités…la gestion du pluralisme dans les sociétés contemporaines, et les conditions d’un multiculturalisme compatible avec la République ». Les militants de la Ligue s’interrogent sur le sens de leurs interventions : n’ont-elles pas pour premier effet de rendre l’intolérable supportable ? Après des débats animés, lors de son congrès de Nîmes en 1975, elle se déclare solidaire de tous ceux qui luttent pour la construction d’une société de type socialiste.

[modifier] Des effets pervers du succès

Les évolutions sociales dans un pays qui rentre dans une crise durable vont profondément modifier le fonctionnement associatif. Du fait de l’importance des attentes qu’elles suscitaient, les associations vont remplacer les bénévoles par des professionnels, privilégiant la qualité du service proposé à la dimension militante. A la faveur des élections municipales en 1977, de nombreux responsables associatifs ont pris des fonctions électives mais, loin de favoriser l’autonomie de la vie associative, ils vont développer la « municipalisation » de nombreuses activités de loisirs. La rationalisation gestionnaire du secteur de l’animation socioculturelle est devenue la préoccupation dominante, même si la Ligue maintient dans ses discours de congrès un style contestataire.

[modifier] Le grand espoir vain de 1981

La loi Debré du 31 décembre 1959 avait mis en place un système contractuel assurant aux établissements privés un financement public tout en reconnaissant leur caractère propre. En octobre 1977, la loi Guermeur est venue la compléter en sollicitant les communes pour financer l’école privée dont les enseignants jouiront des mêmes avantages de carrière que ceux du public. Les protestations du Comité national d’action laïque sont demeurées vaines et le dualisme scolaire semble acquis, ce que manifeste très clairement en 1984 l’échec d’intégrer le privé dans « un grand service public unifié et laïque ». dès 1982, en son assemblée générale de Montpellier, deux propositions très « innovantes » avaient été formulées. Au nom « d’une école de l’éducation permanente plus ouverte », il s’agissait de mettre en place un enseignement de l’histoire des religions à l’école. « Sortir l’esprit critique de son engourdissement » . A la fin des années 1980, elle s’applique à penser son articulation à la réalité nouvelle résultant de l’accroissement des courants migratoires et de l’avènement en France d’une société multiculturelle, porteuse de possibles ghettos. Dès lors, pour elle, « la volonté de vivre ensemble ses différences est à la base de tout projet inspiré par la laïcité ». En janvier 1987 sont créés les Cercles Condorcet afin de « ne pas subir passivement, mais tout au contraire anticiper, comprendre et accompagner les mutations parfois brutales qui ébranlent la société.»

[modifier] Le 87e congrès (Toulouse 2 - 8 juillet 1989) ou les effets de l’auto-analyse

« Après une laïcité pour l’an 2000, construisons la Ligue pour l’an 2000 » Dans une double fidélité à Condorcet et à Jean Jaurès, 85% des 600 délégués des fédérations départementales des Oeuvres laïques qui les représentent, ratifient les résolutions qui ouvrent la voie d’une nouvelle approche de la laïcité. Parce que « les sermons de carême sont moins dangereux que les cours de la Bourse », parce que « de nouveaux ennemis ont pris le pouvoir dans la société avec au premier rang, l’argent et l’image dont l’alliance a remplacé celle du trône et de l’autel », la Ligue a dû prendre un nouveau chemin pour sauvegarder la liberté du citoyen de pouvoir organiser une société pluriculturelle. La résolution « laïcité 2000 » est essentielle à ce cheminement vers ce qui en 1990 sera nommé, non sans faire scandale, « laïcité plurielle ».

[modifier] L’effort de guerre de la Ligue

[modifier] La Ligue doit dépasser la Ligue…

Mettre la société en mouvement pour un avenir solidaire était l’ambition affichée dès le congrès de Nantes en 1992. Trois ans plus tard, à Clermont-Ferrand, la Ligue vise à « reprendre le premier combat républicain, celui de la justice ». « Ni parti politique, ni syndicat, elle entend mobiliser sur les trois chantiers de la solidarité, de l’engagement civique et de l’éducation, non seulement ses adhérents, mais aussi tous les acteurs de la vie locale engagés dans un projet de transformation sociale ». La Ligue entretient aussi des partenariats avec des associations à l’étranger, organise des échanges de jeunes, soutient des projets de développement en Afrique. Au sein de SOLIDAR, fédération européenne dont elle est membre, elle travaille à l’inscription d’une dimension sociale et civique dans la construction de l’Europe. Elle ouvre courageusement un chantier de réflexion sur l’école, en se faisant le moteur « d’un troisième espace éducatif »,

[modifier] Lier étroitement pensée et action

l’université d’été de l’UFOLEP/USEP, de l’université de la communication d’Hourtin, du forum de la citoyenneté associative, des rencontres éducatives de Rennes ou des colloques sur la citoyenneté, l’accès aux vacances, la formation professionnelle …

[modifier] Le grand chantier des moyens d’une nouvelle ambition

« Fédérer autrement » devient le mot d’ordre. « Associés pour quoi faire ? » est la question de congrès pour 2001. C’est au congrès de Bordeaux en mai 2001, année de la commémoration de la loi permettant la liberté essentielle de s’associer,

[modifier] Pendant ce temps…

le 92e congrès qui se tient à Lyon du 20 au 23 mai 2004 a fait de « l’Europe que nous voulons » sa question de congrès.

[modifier] Imaginons…

« Imaginons un monde…imaginons une Europe…Imaginons une société… Imaginons… » Ce sont les mots retenus pour appeler à l’adhésion de tous ceux qui « prendrait l’homme comme la fin unique » et qui savent comme l’a dit Castoriadis qu’il n’est de monde humain que par « institution imaginaire de la société ».

[modifier] Présidents

Nom Mandat Commentaire
Jean-Michel Ducomte 2003 - aujourd'hui
Jacqueline Costa-Lascoux. 2001 - 2003
Roger Lesgards 1998 - 2001
Claude Julien 1991 - 1998 fondateur des Cercles Condorcet
Pierre Delfaud 1981 - 1991
Paul Fahy
Jean Debiesse
Albert Bayet
François Albert ministre de l'Éducation nationale
Ferdinand Buisson fondateur et président de la Ligue des droits de l'homme, prix Nobel de la paix en 1927
Léon Bourgeois 1894 - 1898 théoricien du Parti Radical, président du Conseil (1895-1896), premier président de la Société des Nations (1919), prix Nobel de la paix en 1920
En 1881, Léon Gambetta consacre la Ligue "organisation républicaine".
Jean Macé 1866 - 1894

[modifier] Bibliographie

  • La Ligue de l'Enseignement, Pierre Tournemire, Ed. Milan, Les essentiels, 2000. ISBN: 978-2745901231

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente, Institut National de Recherche Pédagogique. Consulté le 13 avril 2007
  2. Laicité : Une loi qui serait inopportune