Leyla Zana

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Leyla Zana, née le 3 mai 1961, est une femme politique kurde de Turquie, emprisonnée après avoir été accusée de complicité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation classée comme terroriste par la Turquie et le Département d'État des États-Unis. Cette condamnation fit d'elle un symbole des revendications séparatistes kurdes.

Sommaire

[modifier] Biographie

Zana naît à Silvan, près de Diyarbakır. Elle épouse à 14 ans Mehdi Zana, qui sera élu maire de Diyarbakir en 1977 puis fait prisonnier politique et torturé après le coup d'État militaire du 12 septembre 1980 en Turquie.

Revendiquant l'héritage politique de son mari vivant à l'étranger, elle est élue au Parlement turc, dans la circonscription de Diyarbakır lors des élections du 20 octobre 1991. Elle fait scandale au parlement lors de la cérémonie de prestation de serment car elle prononce : « Vive la paix entre les peuples kurde et turc » en langue kurde après avoir prêté serment et qu'elle porte sur sa tête un bandeau aux couleurs traditionnellement associées aux Kurdes.

Son parti, le Parti de la démocratie (DEP) est interdit et son immunité parlementaire est levée. En décembre 1994, Leyla Zana est arrêtée, en même temps que trois autres députés (Hatip Dicle, Selim Sadak et Orhan Dogan) et accusée de trahison et d'être membre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation séparatiste considérée comme terroriste par les autorités. Les accusations de trahison ne sont pas portées devant le tribunal mais Zana et les trois autres accusés sont condamnés à 15 ans de prison pour « appartenance à un groupe armé »[1].

Zana est reconnue comme « prisonnière de conscience » par Amnesty International. Suite à sa condamnation, elle reçoit le prix Rafto en 1994, ainsi que le prix Sakharov décerné par le Parlement européen et le Prix Bruno-Kreisky en 1995.

Sa condamnation est alourdie en 1998, à cause d’une de ses lettres publiée dans un journal kurde, où elle exprimait des opinions séparatistes. Elle publie un livre Écrits de prison. Son parti, le Parti de la démocratie (DEP) est également dissout par la Cour constitutionnelle en 2003.

L'Union européenne (UE) à laquelle la Turquie souhaite adhérer effectue à plusieurs reprises la demande d'une libération de Leyla Zana, sur des bases humanitaires. En 2001, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) critique la façon dont le procès de Zana a eu lieu ; la Turquie n'en accepte pas le jugement mais en 2003 une loi d'harmonisation passée dans le cadre de l'éventuelle adhésion de la Turquie à l'UE permet de demander un nouveau procès qui tienne compte de l'avis de la CEDH. Toutefois ce nouveau procès qui prend place en avril 2004 est régulièrement boycotté par les prisonniers et leurs condamnations y sont confirmées. En juin 2004, celles-ci sont finalement annulées par la cour d'appel suprême de Turquie sur avis du procureur, pour un vice de forme lors du premier procès et Zana est libérée ainsi que Hatip Dicle, Selim Sadak et Orhan Dogan.

En janvier 2005, la CEDH condamne le gouvernement turc à verser à chacun des condamnés 9 000 , déclarant que la Turquie a violé leur droit d'expression.

Leyla Zana ne s'est pas présentée aux élections parlementaires de 2007. Elle a déclaré, lors des célébrations du Newroz à Diyarbakir : « Les Kurdes ont trois leaders : Jalal Talabani, Massoud Barzani et Abdullah Öcalan, nous leur devons énormément. »[2]. Par ailleurs, lors d'un colloque au Parlement anglais, elle a affirmé que « le PKK était la garantie du peuple kurde. »[3]

[modifier] Récompenses

  • 1995 : Zana reçoit le prix Sakharov qu'elle n'a pu aller chercher au parlement européen qu'en 2004.
  • 1994 prix Rafto
  • 1995 Bruno-Kreisky-Preis
  • 1995 Aachener Friedenspreis
  • 1995 et 1998 elle a été candidate au prix Nobel de la paix
  • 14 décembre 2004 elle a reçu la médaille d'argent par le maire de Paris Bertrand Delanoë.
  • Zana a été choisie citoyenne honoraire par la France et la Suisse.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. (en) « Defiance Under Fire Leyla Zana: Prisoner of Conscience », Ertugrul Kürkçü, Amnesty International USA, [lire en ligne (page consultée le 30 mai 2008)]
  2. (tr) « Leyla Zana: 'Talabani, Barzani ve Öcalan önderimiz' », NetHapber, 21 mars 2007 [lire en ligne (page consultée le 30 mai 2008)].
  3. (tr) « Zana İngiltere'de PKK'yı savundu », Haber10.com, 22 mai 2008 [lire en ligne (page consultée le 30 mai 2008)].