Lewis Henry Morgan

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Lewis Henry Morgan (21 novembre 181817 décembre 1881) est un anthropologue américain. Il est souvent considéré comme le fondateur de la discipline, car il fut le premier à « aller sur le terrain ». Il vécut parmi les Indiens iroquois et décrivit leur vie sociale et culturelle, faisant de sa propre expérience le matériau brut de sa réflexion.

Sommaire

[modifier] Biographie

Lewis Henry Morgan
Lewis Henry Morgan

Né en 1818 dans l’État de New-York. Après des études d’avocat, il devient d'abord conseiller juridique d’une compagnie de chemin de fer. L.H. Morgan se reconvertit ensuite à la politique. Membre du Parti républicain, il est élu député puis sénateur. Il s'interesse à l'anthropologie lorsqu'il rencontre un Indien Senca dans un club littéraire. Adopté par le clan Faucon à l’issue de son enquête sur la « ligue des Iroquois », il publie ensuite un essai sur le Gouvernement constitutionnel de six nations indiennes.

Il étudie ensuite le système de parenté iroquois, à partir de données recueillies chez les Indiens du Kansas, du Nebraska, du Missouri, et de la baie d’Hudson. Puis il tente une étude des systèmes de parenté à l'échelle de la planète, à l'aide d'un questionnaire envoyé dans les différentes ambassades, colonies, et missions évangéliques. Il en publie les résultats dans Systems of Consanguinity and Affinity of the Human Family (1871).

Pour la première fois, une analyse scientifique de la parenté, une étude d'anthropologie sociale voyait le jour. C'est dans cette œuvre que Morgan entreprit de comparer les institutions sociales de l’antiquité occidentale classique et celles des peuples primitifs contemporains cherchant en celles-ci la clef de l’intelligibilité de celles-là. Dans Ancient society (1877), il développa la théorie évolutionniste dont il fut le plus fervent défenseur, en avançant que l'évolution de l'humanité suit un schéma unique, caractérisé par trois stades successifs : la sauvagerie, la barbarie et la civilisation.

En 1844, Lewis H. Morgan s'établit comme avocat à Rochester, où il mourut le 17 décembre 1881.

[modifier] L'évolutionnisme de L.H. Morgan

Dans sa théorie, Morgan distingue trois stades principaux dans l'évolution de toute société humaine :

  • L'État sauvage, qui se subdivise en :
    • Stade inférieur, caractérisé par:
      • techniques :
      • organisation sociopolitique :
        • la horde et promiscuité primitive
        • la famille consanguine ("mariages" entre frères et sœurs)
      • exemples:
        • pas actuellement
    • Stade moyen, caractérisé par:
      • techniques:
        • le feu et la cuisson
        • la pêche (dans des embarcations d'écorce)
        • la filiation par les femmes
      • organisation sociopolitique:
        • famille punaluenne (mariage polygame avec femmes des frères et réciproquement avec les maris des sœurs)
      • exemples:
        • Australiens
        • Polynésiens
    • Stade supérieur, caractérisé par l'invention de l'arc et de la flèche, les ustensiles de bois, et l'utilisation de paniers tressés d'écorce ou de jonc.
  • La barbarie, qui se subdivise en :
    • Stade inférieur, caractérisé par l'introduction de la poterie, la domestication des animaux, et les premières cultures de plantes.
    • Stade moyen, caractérisé par l'élevage d'animaux domestiques, la culture de plantes avec système d'irrigation, l'utilisation de briques séchées au soleil, le travail des métaux (à l'exception du fer).
    • Stade supérieur, caractérisé par la fonte du minerai de fer, l'invention de la charrue de fer traînée par des animaux.
  • La civilisation, caractérisé par l'invention de l'écriture alphabétique, l'agriculture sur des champs à grande échelle, l'accroissement des moyens d'existence, le défrichage de forêts, l'accroissement rapide de la population mondiale, l'industrie, et l'art élaboré.

[modifier] Travaux sur les systèmes de parenté

Morgan accorda pour la première fois de l'importance aux étude des relations de parenté pour la compréhension d'un système social complexe. Il montra la logique interne à ces rapports, et avanca qu'ils constituent les fondements des sociétés pimitives, et par extension la source de l'histoire l’humanité. Délaissant ses travaux sur les indiens des plaines, à la fin des années 1850, Lewis H. Morgan se consacra quasi-exclusisvement aux études sur la parenté. Il entreprit une enquête à l'échelle planétaire dans l'espoir d'une analyse comparative. Le contexte de la colonisation lui permit d'envoyer des questionnaires dans le monde entier : administrations coloniales, consulats et ambassades américaines, scientifiques, missionnaires. Il ne récolta pas autant de données qu'il aurait souhaité, seules quelques régions du globe ayant répondu à son appel. Ce fut très positif par exemple pour l'Europe et l'Asie, mais très peu concluant pour des régions comme l'Afrique en général, l'Amérique centrale et latine, ainsi que pour la Polynésie.

Il jugea cependant ses données suffisantes, et en s'appuyant sur les systèmes indiens bien connus de lui, il distingua l'existence de deux terminologies possibles sur la surface du globe :

  • le type descriptif. Dans ce type de terminologie, c'est le degré d'éloignement avec un parent qui est jugé important. On différencie donc clairement les parents en ligne directe des parents en lignes collatérales. Ici une suite de termes simples de relation (exemple en français : père, mère, fils, fille...) suffisent par combinaison à décrire n'importe quelle relation avec un parent. C'est finalement le système européen, considéré pour Morgan comme celui de la "civilisation".
  • le type classificatoire. Dans ce type de terminologie, c'est la sorte de relation avec un ou plusieurs parent qui prime. On peut donc classer certains des collatéraux, ou tous, dans les mêmes catégories que les parents en ligne directe. C'est le cas dans de nombreuses sociétés sous diverses formes où par exemple on emploi le même terme pour désigner son géniteur et son oncle maternel. Dans ce type Morgan sous entend qu'il y aurait confusion chez ces "sociétés primitives" dans les relations entre les parents.

On voit ici que quelques soient les défauts de cette théorie, Morgan garde le mérite de distinguer les sociétés les unes des autres à partir de leur structuration de parenté. Il est ainsi le fondateur d'un nouveau domaine scientifique qui est aujourd'hui considéré comme le champ classique de l'anthropologie sociale : l'étude de la parenté.

Il ajoutera ensuite l'hypothèse pour le moins contestable, selon laquelle les sociétés primitives ont un mode d'organisation sociale fondé sur la parenté, à la différence des sociétés civilisées qui elles fonctionnent sur une base politique. Cependant encore une fois, Morgan garde le mérite d'avoir posé le premier la question de la naissance du politique et de l'État. Cette question est ensuite reprise par Evans-Pritchard dans son ouvrage Les Nuers. C'est cet ethnologue que l'on considère comme le véritable fondateur de l'Anthropologie politique.

[modifier] Travaux en éthologie

Le livre de Morgan sur le castor, The American Beaver and His Works (1868, Philadelphie), est un ouvrage qui est souvent donné comme le point de départ de l’éthologie aux États-Unis d'Amérique[1].

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • League of the Ho-dé-no-sau-nee or Iroquois, Rochester, 1851.
  • Systems of Consanguinity and Affinity of the Human Family, Washington, 1871.
  • Ancient Society, or Researches in the Line of Human Progress from Savagery, through Barbarism to Civilization, London, Macmillan and Co, 1877.

[modifier] Notes

  1. Cf. William Homan Thorpe (1979). The Origins and Rise of Ethology, Praeger (New York) : ix + 174 p. (ISBN 0-03-053251-1).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes