Legio VIII Augusta

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Aureus frappé en 193 par Septime Sévère pour célébrer la VIII Augusta
Aureus frappé en 193 par Septime Sévère pour célébrer la VIII Augusta

La Legio VIII Augusta était une légion romaine créée par Jules César et qui continua son service pour Rome pendant 400 ans, en étant longtemps cantonnée à Argentorate, actuelle Strasbourg.

Sommaire

[modifier] Création et époque républicaine

Cette légion a été créée par César probablement en 59 av. J.-C., mais possiblement plus tôt. Entre 58 et 49 av. J.-C. Elle s'est battue dans la Guerre des Gaules. En -49, la Huitième légion a accompagné César lorsqu'il traversa le Rubicon et entra en Italie, c'est elle qui entra dans Rome. Au début de la guerre civile entre César et Pompée, elle eu de nombreux succès et notamment à la Bataille de Pharsale. La légion était aussi présente en Égypte, quand César fit monter Cléopâtre sur le trône. En 46 av. J.-C. la légion VIII a participé à la Bataille de Thapsus (la Tunisie moderne), avant d'être démobilisée. Cette légion était en fait, une des légions préférée de César avec la IXe et la Xe.

En 44 av. J.-C., Octave a reconstitué la légion qui l'a aidé à prendre le contrôle de la république, et à la transformer en empire. Cette re-création et cette fidélité justifient le surnom donné à la légion : Augusta.

[modifier] Haut-Empire : la légion se fixe à Strasbourg

Il est difficile de préciser la garnison de la légion aux débuts de l'empire. Elle fut probablement cantonnée au nord de l'Italie. On a souvent avancé que la Légion VIII Augusta a participé à l'invasion romaine de la Bretagne durant le règne de Claude, mais cette hypothèse n'est plus guère soutenue aujourd'hui. Des témoignages épigraphiques permettent de la placer en Mésie, à Novae, entre 45 et 68-69[1].

En 69 ap. J.-C., l'Année des Quatre Empereurs, après le suicide de Néron, la légion a pris le parti d'Othon, un des empereurs défaits, puis de Vespasien, le vainqueur. Après cela elle a été déplacée vers la Gaule et la frontière du Rhin, région où elle est restée pour presque le reste de son histoire. Elle fut d'abord cantonnée à Mirebeau-sur-Bèze vers Dijon en territoire Lingons, à partir de 70 environ. Elle y construit un camp en pierre de 22 hectares environ.

Ce n'est que vers 90 que la VIII Augusta fut déplacée sur le lieu de sa garnison définitive : Strasbourg. Strasbourg et Mirebeau sont les deux grands camps légionnaires permanents situés sur l'actuel territoire français. Ce n'est que très récemment que le site de Mirebeau a été identifié comme un camp légionnaire et que l'on a pu reconstituer correctement l'histoire de la garnison de la Germanie supérieure à la fin du premier siècle. Le camp de Strasbourg est très mal connu en raison de la continuité de l'occupation urbaine qui recouvre le site.

Sous Commode elle s'illustre lors de la guerre des Déserteurs (vers 185-186), et gagne le surnoms de Pia fidelis Constans Commoda. En 193, elle prend le parti de Septime Sévère, et lui resta fidèle contre Clodius Albinus. La légion s'est aussi battue en Parthie avec Septime Sévère (qui a régné de 193 jusqu'à 211) et avec son successeur.

[modifier] Bas-Empire

L'histoire de la légion est ensuite bien moins connue. Elle semble être restée fidèle à Gallien vers 259, puis a peut-être changé de parti pour soutenir Postume. Le surnom de Claudiana qu'elle reçut brièvement ensuite a pu laisser penser que la légion avait soutenu l'empereur Claude II le Gothique contre "l'empire gaulois", la tentative de reconquête de Claude ayant donc, d'une manière ou d'une autre abouti à Strasbourg avant d'échouer. Les sources indiquent qu'elle était toujours active pendant les premières années du IVe siècle, sous Dioclétien, à la frontière du Rhin. L'inscription d'Aurelius Gaius[2] nous apprend qu'un certain nombre des soldats de la légion participèrent aux campagnes des Tétrarques, et en particulier à la campagne de Maximien Hercule en Afrique en 298. Cela signifie que l'histoire de la légion couvre plus de 400 ans de service presque continu. En 371 elle était sans doute encore placée à Argentoratum (Strasbourg). C'est à cette légion, évidemment, que l'on doit le développement de la ville, en Germanie Supérieure. Plus tard, le général romain Stilicon, a été contraint de déplacer les légions allemandes en direction de l'Italie pour défendre Rome contre l'invasion des Visigoths.

Selon la Notitia dignitatum, autour 420 une unité Octaviani existait toujours, il est possible que cette unité soit la légion VIII Augusta, mais seulement un reste de celle-ci, qui avait d'abord été intégrée comme une unité comitatensis, et qui aurait été promu au statut d'unité palatine.

[modifier] La Légion VIII aujourd'hui

Aujourd'hui, des groupes de reconstitution français, anglais, américain, allemand, ... reconstituent cette légion. L’association Légion VIII Augusta en France reconstitue la vie du légionnaire à l'époque flavienne, sous Domitien. Cette association est constituée de 45 bénévoles qui continue près de 2 000 ans plus tard à faire vivre cette légion à travers différentes activités : Manœuvres, tirs d'artillerie, ingénieurs, vie de camp, cuisine...

La Légion VIII en marche devant son camp
La Légion VIII en marche devant son camp
La Légion VIII en attente
La Légion VIII en attente

[modifier] Notes et Références

  1. Rumen Ivanov, « Das römische Verteidigungssystem an der unteren Donau zwischen Dorticum und Durostorum (Bulgarien) von Augustus bis Maurikios », Bericht der Römisch-Germanischen Kommission, 78, 1997, p. 506-508.
  2. (AE 1981, 777)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • J. Lafaurie, "L'empire gaulois", ANRW II, 2, 1975.
  • M. Reddé dir., L'armée romaine en Gaule, Paris, 1996.
  • M. Reddé, Legio VIII Augusta, in Y. Le Bohec dir., Les légions de Rome sous le Haut-Empire, Lyon, 2000, pp. 119-126.

[modifier] Liens externes