L'Abécédaire de Gilles Deleuze

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L'Abécédaire de Gilles Deleuze est un téléfilm produit et réalisé par Pierre-André Boutang, tourné en 1988. Sa première diffusion eut lieu sur Arte en 1996, dans l'émission de Pierre-André Boutang Metropolis.


Sommaire

[modifier] Le protocole

Composé de huit heures d'entretien avec Gilles Deleuze, l'Abécédaire est le seul film consacré à ce philosophe, qui a toujours refusé d'apparaître à la télévision. Il accepta pour cette unique fois d'être interviewé par une équipe de télévision, à condition que ce film prenne la forme de conversations entre lui et son ancienne élève et amie Claire Parnet, et qu'il soit diffusé après sa mort.

Deleuze n'a pas véritablement préparé l'émission : s'il connaissait à l'avance les titres des séquences, il ignorait le contenu exact des questions.

Comme son nom l'indique, ce film est découpé en vingt-six thèmes classés par ordre alphabétique où Gilles Deleuze aborde certains de ses idées et concepts, mais aussi des questions plus personnelles (par exemple dans B comme boisson, E comme enfance, ou M comme Maladie) en liaison avec son travail philosophique.


[modifier] Thèmes abordés


[modifier] Pédagogie

Deleuze développe dans ce programme certaines thèses de ses principaux ouvrages, tels que L'Anti-Œdipe, Logique du sens et le futur Qu'est-ce que la philosophie ?, sous une forme plus pédagogique que dans ceux-ci, dont l'accès n'est pas toujours aisé, et en usant d'un langage imagé, d'exemples frappants, et d'anecdotes légères. La contrepartie de ce parti pris pédagogique est que le ton est plus celui de l'exposition d'un système déjà constitué, que de l'argumentation, de la déduction et de la construction de ses thèses ; c'est une différence fondamentale entre ce vidéogramme et l'œuvre écrit de Deleuze.Si l'enregistrement donne à voir la vivacité d'une pensée originale, le style de philosophie ainsi pratiqué est très imprégné de subjectivisme, ce qui nuance sans doute quelque peu le mérite pédagogique du document. Incitation puissante à penser, il est à craindre que la question de la vérité soit très discréditée a priori si on en fait un usage non critiqué.

Précisément pour sa grande accessibilité, ce film est parfois utilisé dans un cadre pédagogique.


[modifier] W comme Wittgenstein

La séquence « W comme Wittgenstein » est celle que Deleuze évacue de la manière la plus expéditive :

« Non, je ne veux pas parler de ça. Pour moi, c'est une catastrophe philosophique, c'est le type même d'une école, c'est une réduction de toute la philosophie, une régression massive de la philosophie. C'est très triste [...]. Ils ont foutu un système de terreur (rires), où sous prétexte de faire quelque chose de nouveau, c'est la pauvreté instaurée en grandeur. Il n'y a pas de mot pour décrire ce danger-là. C'est un danger qui revient, ce n'est pas la première fois [...]. C'est grave, surtout qu'ils sont méchants, les wittgensteiniens. Et puis ils cassent tout. S'ils l'emportent, alors il y aura un assassinat de la philosophie. C'est des assassins de la philosophie. Il faut une grande vigilance... (rires) »

Ces paroles expriment une divergence radicale avec ce qu'on a coutume d'appeler la philosophie analytique qui n'est certes pas le terrain le plus propice au déploiement d'une philosophie conçue sur les bases défendues notamment dans l'ouvrage "qu'est-ce que la philosophie ?".

[modifier] Fiche Technique

  • Entretien : Claire Parnet
  • Réalisation : Pierre-André Boutang et Michel Pamart
  • Image : Alain Thiollet
  • Son : Jean Maïni
  • Montage : Niedjam Sialom
  • Mixage : Jacques Pietrobelli
  • Année de tournage : 1988
  • Images de Vincennes : Marielle Burkhalter