Kherrata

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KHERRATA est une commune de Kabylie en Algérie, située dans la wilaya de Béjaïa à environ 60 km du chef lieu.

'KHERRATA en quelques chiffres'

NB. Année 2000, en attendant les résultats du recensement d’avril 2008

Superficie de la commune : 97,69km (Densité : 331 km2)

Frontières -Nord (Communes de Taskriout et de Darguina) -Sud (Commune de Tizi N’Berber) -Est (Commune de Oued Berd, wilaya de Sétif) -Ouest (Commune d’Ait Smail et de Dra El Caïd)

Douars -Béni Mérai -Djermouna -Kalaoun

Population -Population masculine : 16 241 (52,54 %) -Population féminine : 16 115 (52,14%) -Total : 32 356

-Population urbaine : 7 617 -Population rurale : 24 739

Habitat -Habitat occupé : 4 002 -Habitat inoccupé : 954 -Total : 4 956

Électrification : 99%

Agriculture : surface agricole utilisée : 2 803 ha

Taux de scolarisation : (Garçons : 92,06% - Filles : 87,47%)

Santé -Hôpital : 01(Nombre de lits : 102) -Salles de soins : 03 -Pharmacies : 06

Tourisme -Hôtel : 01 (Nombre de lits : 24)

Sismologie Important tremblement de terre en 1974. Blessés légers et écroulement de certaines constructions.

Sites -Gorges du Chabet El Akhra -Le lac -Grottes et vestiges romains au lieudit « Ahemmam » -Fontaine « Tababourte »



[modifier] Histoire

Le 8 mai 1945, lors des massacres de Sétif, Kherrata et la région ont payé le plus lourd tribut avec des milliers de morts.

[modifier] Massacres du 08 mai 1945

Le 8 mai 1945, 45 000 morts ont été perpétrés par des agents français. Il s'agissaient de milliers d’Algériens qui réclamaient pacifiquement leur liberté, leur indépendance. Une indépendance que la France avait pourtant promis d’accorder à l’Algérie, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale. Promesses vaines. Promesses hypocrites. En revanche, une répression sanglante. C’était là la réponse de la France coloniale aux manifestations populaires organisées par le PPA (Parti du Peuple Algérien).

Des banderoles où l’on pouvait lire « Vive la démocratie », « Vive l’Algérie indépendante » ou « A bas l’impérialisme » ; des drapeaux verts et blancs flottant au vent. Un hymne « Min Djibalina » entonné à tue-tête par des milliers de voix. Et soudain, des coups de feu ! Le premier martyr tombe à Sétif. C’est le drame. Le début du carnage… Du 8 au 16 mai 1945, en un peu plus d’une semaine, tout est mis en œuvre pour perpétrer l’un des plus grands génocides que l’histoire ait connus. La légion étrangère, les tirailleurs sénégalais, les prisonniers italiens libérés pour la circonstance, l’aviation, les divisions blindées, et même la marine, étaient tous de la partie. Une partie funeste. Les rescapés de Sétif, Guelma, Kherrata, Melbou… se souviennent. Ils se souviennent de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, de ces vieillards. Au total 45 000. Tous martyrs pour avoir réclamé un droit légitime. Ce crime contre l’Humanité restera à jamais gravé dans la mémoire collective, car un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir.


KHERRATA

La création officielle du village de Kherrata XE "Kherrata" par l’Administration coloniale eut lieu en 1876 et son peuplement en 1878. Mais bien avant, en 1870, à l’entrée des Gorges du Chabet El Akhra XE "Chabet El Akhra" , au bord de l’oued Agrioun XE "oued Agrioun" , à 450 mètres d’altitude, à mi-chemin de Sétif et de Bougie XE "Bougie" , un petit hameau se constitua : 13 familles composées de 13 hommes - 8 femmes et 21 enfants - y construisirent 12 maisons.

Entre 1886 et 1940, l’Administration coloniale mit en œuvre les projets de construction d’une église, d’une Justice de paix, d’une gendarmerie, d’une prison[1] et autres, comme la mise en service d’un réseau téléphonique... Le 03 juin 1954 a vu la création de l’Association Cultuelle Israélite de Kherrata dont le but était de subvenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice du culte israélite dans la commune.

Selon une interprétation orale, le village de Kherrata porte le mot arabe signifiant « Laboureurs ». Le patelin est situé au pied de la chaîne des Babors dont le sommet culmine à 2400 mètres, à l’entrée des gorges du Chabet El Akhra, locution qu’on peut traduire par : « Le ravin du bout du monde » ou « Le défilé de la mort ».

Une plaque, à l’entrée des Gorges par rapport à Bougie, rappelle les grands travaux de percement de la route réalisés sous la direction des Ponts & Chaussées XE "Ponts & Chaussées" de 1863 à 1870 au rythme d’un kilomètre par an. Les premières liaisons routières eurent lieu vers 1900. Un service de diligences assurait dans les deux sens le transport postal et des voyageurs. Ces voitures à chevaux rattachaient Sétif à bougie en quelque treize heures sur un parcours jalonné de cinq relais routiers. Des convois de chariots de marchandises sillonnaient cette route effectuant un aller-retour en une semaine.

En 1913, le colon Eugène Dussaix XE "Eugène Dussaix" fit bâtir un château à la sortie du village, à proximité de l’entrée des Gorges, avant de donner le jour à une minoterie moderne ; cependant, le petit moulin à façon étant le symbole du village de Kherrata aux yeux des colons, fut conservé pour permettre aux populations indigènes de venir y faire moudre leur grain. Une église fut construite en 1921 par le même industriel.

Là-bas, surplombant la ville, un immense lac est susceptible d’offrir aux estivants plusieurs possibilités de loisirs. On pourrait y pêcher la carpe, le gardon ou le barbeau ; on pourrait choisir de faire un tour en barque sur le plan d’eau invitant à la méditation, et réciter le célèbre poème « Le Lac » de Lamartine ; on pourrait se baigner dans cette eau paisible et fraîche sans craindre qu’une lame déferlante vienne vous emporter au loin ; on pourrait même, pourquoi pas, envisager de faire de l’aquaplane ou du ski nautique ; on pourrait, pour rompre avec l’habitude, organiser un pique-nique au bord du lac pour les délices de l’estomac et le plaisir des yeux.


Le musée de KHERRATA

Le 8 mai 1998, à l’occasion du 53ème anniversaire des événements douloureux du 08 mai 1945, le musée du Moudjahid de Kherrata voit le jour. C’est une ancienne église désaffectée qui fait désormais office de conservatoire où sont rassemblées et classées des collections de photos et d’objets divers revêtant un intérêt historique. On peut y découvrir des effets vestimentaires militaires portés par des combattants pendant la Révolution, d’anciennes armes ayant servi dans des batailles, des instruments et autres outils utilisés par les résistants algériens. Des reproductions photographiques de grand format montrent des groupes de maquisards, des troupes militaires, des rassemblements de populations, des scènes de torture ou des corps sans vie...

La plus grande partie du musée est réservée aux événements du 08 mai 1945 et à la Guerre de Libération Nationale. Cependant, quelques gravures ayant trait à l’époque romaine, où Youghourtha figure en bonne place, indiquent bien que l’on s’intéresse également à l’histoire antique du pays. Il reste maintenant à mettre à la disposition des conservateurs de ce musée des moyens financiers suffisants pour favoriser son rayonnement et sa préservation pérenne, car son impact sur l’environnement culturel, historique et touristique est indéniable.





[1] Les Algériens autochtones précisent que la prison fut construite avant l’école communale.

[modifier] Voir aussi